L’isolement de Saint-Bruno est-il à craindre?

L’installation de Molson à Longueuil, l’horaire de la séance d’agglomération et la procédure entourant le vote ont fait l’objet d’échanges parfois fermes entre la mairesse Sylvie Parent et le maire Martin Murray.
Le maire de Saint-Bruno a dû demander le vote à sept reprises et s’opposer à des résolutions, entre autres, sur l’octroi de contrats, le calendrier de la tenue des séances d’agglomération et la reconduction de l’entente de la subvention annuelle donnée à l’Orchestre symphonique de Longueuil (OSDL).
Plus tôt, lors de la période de questions, Louis Mercier, un citoyen de Saint-Bruno, dit relever « une irrégularité » dans le protocole d’entente entre Longueuil et l’OSDL. Ce qui se traduit, ajoute-t-il, par « une visibilité pour Longueuil et c’est l’agglomération qui paie ».
En entrevue, Martin Murray affirme que la volonté des citoyens de modifier l’heure de la séance pour l’amener à 19 h au lieu de 16 h avait déjà fait l’objet de discussions lors de la première rencontre de la table des maires. « Si tout le monde (les élus) avait dit oui, on aurait pu arriver avec une résolution. Il faut agir. »
Le malaise des collègues
Les demandes de vote du maire de Saint-Bruno ont nécessité chaque fois un appuyeur. Doreen Assaad, mairesse de Brossard, et Pierre Brodeur, maire de Saint-Lambert, ont appuyé la requête presque à tour de rôle. À un certain moment, il s’est écoulé quelques secondes de plus avant d’avoir un appuyeur. « Je m’interroge sur la procédure, s’est questionné le maire de Saint-Bruno. Je vois que certains de mes collègues sont mal à l’aise quand je demande le vote. » Martin Murray a interpellé ses pairs de prendre « bonne note et que l’on puisse modifier cette réglementation qui, pour moi, apparaît abusive ».

« Je vois que certains de mes collègues sont mal à l’aise quand je demande le vote. » – Martin Murray

« Je n’ai aucun inconfort à appuyer le vote », a répliqué Doreen Assaad, et d’ajouter que « la seule raison que je n’aie pas de discours préparé face à la formule d’agglomération, c’est que les démarches du passé n’ont pas donné des résultats concluants ». La mairesse de Brossard, évoquant l’horaire des séances, a fait savoir que le calendrier qui a été fixé stipule qu’il pourrait être changé éventuellement. Pour sa part, la mairesse de Longueuil affirme que Martin Murray a la possibilité de montrer sa dissidence au lieu de demander le vote.
« Une concurrence déséquilibrée »
Visiblement, le choix de Molson pour s’installer à Longueuil laisse un goût amer chez le maire de Saint-Bruno. Il y a, consent-il du bout des lèvres, « peut-être » des retombées en ce qui concerne un éventuel établissement d’entreprises dans la ville. « Molson a eu un terrain de 6,2 millions de pieds carrés, alors que ses besoins sont de 3 millions, a-t-il observé en entrevue. Est-ce que Molson a l’obligation de l’utiliser ou le vendre à des parties? J’espère que ce n’est pas le cas. » Martin Murray dit espérer aussi que « l’entente va être déposée au conseil d’agglomération pour que l’on puisse voir les détails ».
Le maire a poursuivi ses critiques devant le conseil. Saint-Bruno était « presque dos à dos » avec Longueuil pour attirer Molson. Il a évoqué l’allégement fiscal qui permet à la brasserie de bénéficier d’environ 15 millions de dollars sur cinq ans. « Une concurrence déséquilibrée, un irritant additionnel par rapport à la problématique de l’agglomération. » Le maire se dit préoccupé de voir « la possibilité (pour Longueuil) de consentir des rabais » à d’autres entreprises qui pourraient être intéressées par Saint-Bruno, « préfèrent aller chez le voisin », car il a encore « 3,7 millions de pi2 ».
La réplique ne s’est pas fait attendre de la part de la mairesse de Longueuil. « Le conseil (de Longueuil) a approuvé le contrat d’achat avec Molson. Et c’est une compétence locale, alors il faut respecter quand même les instances. » Sylvie Parent ajoutera que Longueuil a été prévenante, en étant attractive.
Louis-Pascal Cyr, chef de service des affaires publiques de la Direction des communications de la Ville de Longueuil, a précisé au journal Les Versants que le prix d’achat moindre du pied carré de 1,09 $ dont bénéficie Molson a été retenu en raison « de l’évaluation de masse et en fonction de la capacité du développement sans contrainte » du terrain. En d’autres termes, « la capacité portante du terrain est faible et le sol n’est pas très solide, ce qui nécessite une technique de construction plus coûteuse ».
Question :
Croyez-vous que Saint-Bruno, Brossard et Saint-Lambert formeront un jour une coalition pour parler d’une seule voix?