Complexe sportif: des élus veulent un référendum

Les conseillers municipaux du Parti montarvillois croient que le dossier du complexe sportif doit être scellé par la tenue d’un référendum, à l’issue d’une campagne d’information auprès des citoyens.

« Je ne suis pas seulement favorable à un référendum. Je souhaite ça. On veut en arriver là », a indiqué Isabelle Bérubé, en entrevue aux Versants. « Lorsqu’il y a un projet aussi important que celui-là, et qu’on sent qu’il n’y a pas un consensus fort, tu donnes la clé de la solution au citoyen par une démarche référendaire », a renchéri son collègue Vincent Fortier.

« Je ne suis pas seulement favorable à un référendum. Je souhaite ça. » – Isabelle Bérubé

Cette éventuelle démarche référendaire doit cependant passer par une séance d’information en bonne et due forme, insistent les deux échevins. À l’heure actuelle, deux visions principales s’opposent au conseil municipal quant à la construction du complexe sportif : un complexe avec piscine, gymnase et locaux communautaires au parc Rabastalière, et un autre projet plus modeste, qui ne prévoit pas de locaux communautaire, au parc Marie-Victorin.

« Il faut que tu t’assures qu’au-delà des discours politiques et des opinions, la Ville mette en place une structure d’information claire, pour que les gens prennent une décision éclairée », a expliqué M. Fortier.

Les deux conseillers croient qu’une population informée voterait massivement pour que le complexe sportif soit construit au centre-ville. Ils s’engagent d’ailleurs à respecter la décision des citoyens, même advenant une défaite référendaire,

Référendum ou pas, les conseillers Bérubé et Fortier sont déjà en campagne pour convaincre la population de la nécessité de construire le futur complexe sportif au centre-ville. Des tracts ont été envoyés par la poste et de la publicité a été achetée dans le journal local et sur les réseaux sociaux. Le tout est payé par leur budget de recherche, qui s’élève à environ 6000 $ par année chacun.

Les élus espèrent que leur campagne encouragera certains citoyens plus silencieux à se mobiliser, ce qui obligerait les élus opposés à la construction au centre-ville à changer d’avis, pensent-ils.

« Les conseillers majoritaires, s’ils ont sensibles aux préoccupations citoyennes, ils seront à leur écoute. On mise là-dessus », a résumé Mme Bérubé.

Une demande « ahurissante »

Pour le conseiller indépendant Ludovic Grisé Farand, les élus du parti du maire sont intéressés par un référendum seulement depuis qu’ils ne sont plus majoritaires au conseil. « Je trouve ahurissant que les élus du Parti montarvillois demandent un référendum, alors qu’ils n’ont jamais voulu en tenir un lorsqu’ils étaient majoritaires il y a un an », estime-t-il.

Un constat que fait également son collègue Joël Boucher: « Ce parti était sur le point de nous rentrer dans la gorge un complexe en béton au milieu du parc Rabastalière, en plein cœur de notre communauté. Avaient-ils [alors] réclamés un référendum? Bien sûr que non! »

En janvier 2019, Mme Bérubé avait soutenu au conseil municipal qu’elle « ne s’opposait pas à un référendum », mais « qu’il était trop tôt » pour le proposer. M. Fortier assurait « ne pas fermer la porte à un référendum », mais qu’il fallait d’abord avoir un projet à soumettre aux citoyens.

Selon M. Grisé Farand, les deux élus ont intentionnellement laissé s’écouler les mois sans jamais proposer formellement la tenue d’un référendum sur la localisation du complexe. Un référendum auquel M. Grisé Farand était favorable, en janvier 2019. « Si vous êtes si convaincus de la pertinence du choix [du parc Rabastalière] pour faire le complexe sportif, alors pourquoi ne pas procéder à un référendum? […] Quand allez-vous écouter la population?», avait-il raillé au micro du conseil, en janvier 2019, alors qu’il n’était pas encore élu.

M. Grisé Farand explique sa volte-face sur la tenue de référendum par l’urgence de la situation en 2020. La Ville a jusqu’à la fin février 2020 pour faire parvenir une demande de subvention de plusieurs millions de dollars au ministère de l’Éducation. Or, une note interne envoyée aux élus montre que le lieu de l’infrastructure peut changer après la demande de subvention, mais que les gouvernements provincial et fédéral doivent l’autoriser, ce qui peut provoquer certains retards.

Règlement d’emprunt

Pour sa part, la conseillère Louise Dion juge qu’il est « surprenant et vraiment très difficile de comprendre pourquoi, à ce moment-ci, Vincent Fortier et Isabelle Bérubé font fi de la décision démocratique » de construire au parc Marie-Victorin. En janvier 2019, Mme Dion se disait « tout à fait d’accord avec un référendum ».

Aujourd’hui, elle précise que le projet de complexe sportif fera l’objet d’un règlement d’emprunt qui obligatoirement sera soumis à l’approbation des citoyens, et ces derniers pourraient alors demander un référendum.

Une troisième option ?

Pour les conseillères Caroline Cossette et Marilou Alarie, l’option du terrain près de l’École secondaire du Mont-Bruno doit encore être considérée avant la tenue d’un référendum, exercice auquel elles ne s’opposent pas d’emblée. « Étant donné que la Commission scolaire n’a pas fermé la porte au projet, il faut que nous allions au fond des choses avec cette option visant à utiliser le terrain de l’école secondaire », affirme Mme Cossette.

« Cette option doit sérieusement être considérée avant celle d’un référendum sur deux localisations », soit celles des parcs Rabastalière et Marie-Victorin, a fait remarquer Mme Alarie.

En janvier 2019, Mme Alarie avait avancé qu’elle serait « toujours en faveur d’un exercice démocratique tel un référendum, surtout pour un projet de 50 millions ».