Incendie d'un entrepôt de BPC

Il y a 35 ans : Incendie d’un entrepôt de BPC

Le 23 août 1988, il y a 35 ans, un entrepôt de biphényles polychlorés (BPC) situé à Saint-Basile-le-Grand prenait feu.

Plus de 130 000 litres d’huile de BPC a brûlé, créant un épais nuage noir. Six heures ont été nécessaires pour éteindre l’incendie. Plus de 3 300 résidents de la région ont été évacués pendant 18 jours. « Au début, on a tout essayé pour éteindre le brasier, mais à la suite d’explosions dans l’entrepôt, et à la toxicité des produits qui se consumaient, on a décidé de faire appel aux experts pompiers de la base des Forces canadiennes de Saint-Hubert », peut-on lire dans le rapport du député fédéral de Chambly de l’époque, Richard Grisé.

Témoignages

Marie, une résidente de Saint-Basile-le-Grand, raconte son expérience. « J’avais six ans à l’époque. Les pompiers sont passés de porte en porte pour nous dire que l’on devait quitter. Mon père ne voulait pas. On est donc restés jusqu’à la dernière minute. Tout était noir à l’extérieur. C’était irréel. »

Normand Archambault était pompier volontaire à l’époque. C’était la première fois qu’il exerçait cette fonction. « Au départ de la caserne, nous voyions déjà la fumée de l’incendie. Donc, j’étais bien nerveux. Mais rendus sur place, nous avions un travail à faire. J’ai arrosé l’entrepôt à partir d’une fenêtre du garage municipal. Donc, j’étais protégé à l’intérieur. Ensuite, j’ai été préposé au changement de bouteilles d’air. Pour nous, c’était un feu de bâtiment. À part les deux ou trois explosions, rien de bien dangereux. Nous étions trop occupés à éteindre l’incendie et nous ne savions pas ce qui se passait à l’extérieur du site (évacuation). Nous avons travaillé toute la nuit. »

« Le propriétaire, Marc Lévy, avait installé son entrepôt rempli de BPC sans autorisation ni permis. » – Bernard Gagnon

Propriétaire

Le propriétaire de l’entrepôt, Marc Lévy, a fui en Floride dès le lendemain matin des événements pour éviter les poursuites judiciaires. Le maire de Saint-Basile-le-Grand à l’époque, Bernard Gagnon, venait à peine d’accéder à ses fonctions lorsque la catastrophe est arrivée. « Le propriétaire, Marc Lévy, avait installé son entrepôt rempli de BPC sans autorisation ni permis. C’était un fait accompli et nous étions pris avec ça. C’est pourquoi nous avions multiplié les poursuites et les amendes contre le propriétaire bien avant les événements », avait relaté le maire Gagnon plusieurs années après le drame.

Le 23 mars 1994, il est condamné à verser 17 millions de dollars au gouvernement du Québec pour avoir contaminé l’environnement lors de l’incendie. Comme il habite la Floride, en 1997, le gouvernement du Québec tente de faire appliquer en Floride le jugement québécois de 1994 en saisissant sa maison dans le Sunshine State ainsi que sa voiture. La cour des faillites de la Floride donne raison au gouvernement du Québec le 18 avril 1998, presque 10 ans après les événements.

Selon le Yellow Book [l’équivalent des Pages jaunes aux États-Unis], il vivrait toujours dans une maison cossue de Cooper City en Floride.

L’instigateur

Alain Chapleau avait été accusé d’avoir allumé l’incendie. Il avait été acquitté d’une accusation criminelle en janvier 1989, par la Cour supérieure, à Longueuil. Malgré une confession aux policiers de la Sûreté du Québec après quatre heures d’interrogatoire, le juge Réjean Paul avait indiqué aux jurés qu’ils devaient l’acquitter, faute de preuves.

Conséquences environnementales

Environnement Canada ainsi qu’Environnement Québec ont tous deux procédé à des rapports sur les répercussions environnementales de l’incendie. « Nous sommes d’avis que l’accident de Saint-Basile n’a pas eu d’effet toxicologique important sur la faune avoisinant le site du feu. […] Il faut cependant ajouter que seulement 8 % des BPC présents dans l’entrepôt ont brûlé et que la situation aurait pu être différente si la totalité des barils entreposés avaient brûlé », peut-on lire dans le rapport Contamination de la faune locale à la suite de l’incendie d’un entrepôt de BPC à Saint-Basile-le-Grand, Québec, écrit par le Service canadien de la faune.

Aujourd’hui, le site abritant anciennement l’entrepôt est un terrain agricole.