Halloween selon Louis Émond

L’écrivain jeunesse Louis Émond est un adulte au cœur d’enfant. L’Halloween, Noël et surtout les histoires qu’il rédige sont pour lui nombre d’occasions de redevenir un petit garçon.
« Je suis toujours content de parler de mon amour pour des célébrations rassembleuses, comme l’Halloween ou la Fête nationale. Ma préférée de toutes étant bien entendu Noël », raconte Louis Émond, que le journal Les Versants a rencontré chez lui. C’est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle l’intrigue de certains de ses livres se déroule durant la période des Fêtes : les romans La guerre des lumières et Trooooooop long, de même que l’album illustré Le Jouet brisé : un conte de Noël, finaliste au prix Philippe-Béha des Grands prix du livre de la Montérégie plus tôt ce printemps.
Il faut aussi rappeler que Louis Émond a écrit Une tonne et demie de bonbons et Les trois bonbons de monsieur Magnani, des romans rendant hommage à la fête du 31 octobre. « Un jour, j’espère que je ferai un bel et un bon album d’Halloween, bien illustré, et que j’aurai autant de plaisir à le créer et le produire que les autres », explique l’écrivain qui évoque Stephen King comme une influence. Certains pourraient faire un rapprochement entre le lien qui unit les enfants dans l’histoire de monsieur Magnani et ceux du roman Ça ou de la nouvelle Le Corps, de King : « Rarement j’ai vu quelqu’un créer des héros si crédibles! En un seul paragraphe, son personnage est là, bien vivant! »

« Écrire un livre et se déguiser, c’est très semblable. » – Louis Émond

Halloween et Noël pour redevenir enfant

L’Halloween et Noël sont des moments dans l’année que le Montarvillois apprécie encore beaucoup, des dates qui lui permettent de sortir de son existence plus terre à terre, de redevenir enfant et de s’éclater. « Il n’y en a plus beaucoup des occasions pour lesquelles les gens peuvent se réunir. Ça manque, ces moments qui permettent de redevenir une communauté », croit celui qui se considère comme un maniaque de la décoration d’Halloween et de Noël. Dans sa maison, les accessoires d’Halloween foisonnent : des araignées en plastique sont accrochées au plafond et les lumières projettent leurs ombres sur les murs, un squelette trône sur un canapé, des bouquins thématiques sont étalés près de la cheminée du salon… « J’aime l’Halloween depuis que je suis petit. Même quand j’enseignais, j’étais un des rares à me déguiser en classe », relate-t-il.

Dans la peau de ses personnages

Le Montarvillois trace un parallèle entre son travail de rédaction et le plaisir de se costumer : « Écrire un livre et se déguiser, c’est très semblable. Quand je rédige mes histoires, je me mets dans la peau d’un autre personnage, je prends une autre vie que la mienne. Louis Émond est rangé dans un coin de ma cervelle, il prend des vacances de lui-même et ça fait du bien. C’est agréable. L’écriture permet ça. Le théâtre aussi », se souvient celui qui a déjà campé le rôle de la bête dans La Belle et la Bête, avec le Théâtre Saint-Bruno Players.
Avant de se consacrer pleinement à l’écriture comme il le fait maintenant, Louis Émond a été professeur à l’École De Montarville pour des élèves de 6e année, un moment de sa vie qui l’a rendu « extrêmement heureux ». Aujourd’hui, il est à la retraite, mais il admet que la profession ainsi que la communication et le quotidien avec les enfants vont toujours lui manquer. « Par contre, je ne serais pas capable d’y retourner aujourd’hui parce que je n’aurais plus la patience et l’énergie. » Pour revenir à la thématique Halloween, Louis Émond compare les jeunes à des succubes ou des vampires, qui drainent l’énergie. « C’est une bonne chose d’avoir quitté alors que j’aimais encore mon métier », d’évoquer l’auteur.

Surdité

Comme son père et son grand-père avant lui, Louis Émond souffre actuellement d’une perte d’audition graduelle, un problème héréditaire apparu il y a quelques années. Un handicap avec lequel il vit bien, notamment grâce à la technologie d’aujourd’hui. « Perdre l’ouïe, ce n’est pas aussi dramatique que perdre la vue, surtout pour un écrivain! J’ai appris à m’adapter. Je regarde les films avec des sous-titres, j’écoute la musique avec le volume plus élevé. C’est plus complexe pour le théâtre : c’est le sacrifice que je dois faire. » Le père de famille parle ouvertement de son handicap depuis qu’un anglophone lui a dit un jour : « So? Is it your fault? Don’t be ashamed! » Depuis, Louis Émond a surmonté sa gêne et n’hésite pas à en parler à d’autres.

En nomination… en Ontario!

L’album La belle histoire d’une vieille chose, une allégorie de la vieillesse, écrit par Louis Émond et illustré par Steve Adams, a été publié à La Bagnole en 2016. Il est finaliste au prix Tamarac Express, décerné par l’Association des bibliothèques de l’Ontario. Le prix Tamarac Express propose les meilleurs ouvrages jeunesse de langue française publiés au Canada au cours de la dernière année. « C’est toujours un plaisir de se retrouver en nomination. Mais je le prends pour ce que c’est : un groupe de personnes qui a lu tout ce qui s’est écrit en littérature jeunesse, et qui a décidé que La belle histoire d’une vieille chose était un très bel album. Remplace les juges par d’autres, et je ne me retrouve peut-être pas en lice! Ça donne une visibilité au livre, et c’est toujours ce que nous apprécions, nous, les auteurs. »
En attendant, Louis Émond planche sur plusieurs projets, notamment la version album illustré de l’un de ses premiers romans, C’est parce que…, paru chez Soulières Éditeur en 1997. Le livre verra le jour en 2018 à La Bagnole.
QUESTION AUX LECTEURS :
Lisez-vous les bouquins de Louis Émond?