Être député à Ottawa en période de crise

Les événements historiques se succèdent à Ottawa depuis le début de l’année. Pleins feux sur ces situations avec le député de Montarville, Stéphane Bergeron.

Depuis que la crise des camionneurs a frappé le pays à la fin janvier, les parlementaires ont vécu divers événements historiques en peu de temps sur la colline où ils travaillent dans la capitale. 

Lorsque la Loi sur les mesures d’urgence a été adoptée le 14 février dernier, le député de Montarville indique que les choses ont changé au niveau de la circulation à Ottawa. Il était même plus difficile de se rendre au parlement le 23 février que lorsque les manifestants étaient présents sur la rue Wellington, avec leurs camions. 

« Lorsque les barrages étaient présents, je devais passer par deux points de contrôle pour entrer à mon bureau du parlement. Maintenant, les policiers nous font prendre divers détours et il faut passer à environ cinq points de contrôle pour arriver au bureau », expliquait le député au journal Les Versants le 23 février dernier.

Guerre en Ukraine

Quelques jours après la levée de la Loi sur mesures d’urgence, une autre situation marquante débutait, laquelle marquer l’histoire. Le 24 février dernier, la Russie, qui avait massé des troupes aux frontières de l’Ukraine, a finalement choisi d’envahir le pays. Stéphane Bergeron indique qu’avant que la guerre n’éclate, il avait rencontré avec son chef un chargé d’affaires ukrainien. Ce dernier indiquait alors qu’il estimait à 15% les risques que le conflit soit véritablement amorcé entre les deux pays. 

Depuis, le pays allié du Canada subit quotidiennement les attaques de missiles, les frappes aériennes et les salves de l’artillerie russe. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est d’ailleurs allé faire une visite virtuelle à la Chambre des communes le 15 mars dernier afin de sensibiliser les parlementaires à la situation dans son pays. « C’était vraiment émouvant, très solennel. Les députés, sénateurs et le corps diplomatique, qui assistaient tous à l’événement, étaient très attentifs et l’atmosphère était recueillie », indique Stéphane Bergeron. 

Il était également présent lorsque les Obama, Clinton, Sarkozy, Hollande et Mandela sont passés par les parlements de Québec et Ottawa pour se présenter aux parlementaires; cette fois-ci, c’était autre chose. « On a toujours le sentiment de vivre un moment historique. Mais le président Zelensky, qui est venu nous visiter alors que son pays est en guerre, c’est quelque chose de différent. »

« Le président Zelensky, qui est venu nous visiter alors que son pays est en guerre, c’est quelque chose de différent »

-Stéphane Bergeron

Impliqué directement

En tant que vice-président du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement et comme porte-parole du Bloc Québécois pour les affaires internationales, M. Bergeron est directement touché dans son travail par cette guerre. Le Kremlin l’a d’ailleurs inclus sur une liste d’officiels gouvernementaux du Canada qui ne pourront pas accéder au territoire russe, une décision qu’il ne sait trop s’expliquer. 

« Au Bloc Québécois, alors que plusieurs plaidaient pour que la Russie soit condamnée, nous disions qu’il fallait aller voir ce qu’ils pensaient de toute cette situation. Sans appuyer les actions de la Russie, nous croyions qu’il fallait laisser place à la diplomatie et à la négociation et je crois donc que de nous empêcher de voyager là-bas est totalement injustifié. » 

Depuis que le conflit a débuté, le député de Montarville a notamment pu s’exprimer le 16 mars dernier sur la guerre lors d’une séance virtuelle extraordinaire de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (ACPE), où le Canada est présent comme observateur. Il a énoncé un discours de 3 minutes lors d’une discussion visant à décider si le pays de Vladimir Poutine serait exclu de l’APCE, chose qui a finalement été faite. 

Aider malgré l’impuissance

À savoir ce qu’il pensait de l’impuissance du monde vis-à-vis la situation ukrainienne, l’homme politique mentionne qu’il ressent une « impuissance car on vit normalement, paisiblement, confortablement, dans une société prospère avec une qualité de vie. On se couche avec nos proches, sans ressentir la peur de se faire bombarder ou de mourir. » Il souligne cependant qu’« il faut aider, notamment en accueillant des réfugiés. On peut également donner des sous ou des denrées à des causes qui aideront les Ukrainiens à survivre dans leur lutte contre la Russie. »

M. Bergeron indique que deux motifs permettent d’espérer malgré la guerre: « De plus en plus de gens manifestent au risque de leur vie contre le régime en Russie et les négociations entre les deux pays semblent être positives, ce qui laisse entrevoir une solution à ce conflit. »

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