Georges Brossard : emporté par un cancer

Georges Brossard, l’athlète, l’acrobate, le notaire et l’entomologiste, comme beaucoup le connaissent, a été foudroyé par un cancer du poumon. Il est décédé à la Maison Victor-Gadbois, un centre de soins palliatifs de Saint-Mathieu-de-Beloeil, vers 10 h, à l’âge de 79 ans.

Georges Brossard devait être notre invité de marque au journal Les Versants pour le mois de juillet. On lui avait proposé d’être notre premier rédacteur en chef d’un jour en janvier. Mais le froid, il n’aimait pas ça et il avait passé son tour pour nous revoir en juillet. D’ailleurs, dès qu’il le pouvait ces dernières années, il passait ses hivers en Floride, au chaud, peut-être pour se rappeler la chaleur de ces pays tropicaux qu’il parcourait pour collectionner ses insectes. Finalement, il n’aura pas eu le temps de donner ses derniers commentaires sur l’actualité montarvilloise. Saint-Bruno-de-Montarville, c’était sa Ville.

Présent aux premiers marchés publics de la Ville, il avait accepté d’animer un stand avec sa tarentule et son scorpion vivant, sa marque de fabrique. Au parc Duquesne, il a accepté avec plaisir d’inaugurer une première maison à insectes. Il s’était aussi impliqué sur le plan politique dans les années 70 avec les conservateurs du Canada. Dernièrement, il avait appuyé, lors de la dernière élection partielle dans le district 4, la candidature du conseiller municipal actuel Ludovic Grisé Farand. Il avait adopté Saint-Bruno comme Saint-Bruno l’avait adopté.

Un homme à tout faire

Le notaire, fils du fondateur de la Ville de Brossard, a attendu 38 ans pour trouver la passion qui le fera connaître à travers le monde.

Né à La Prairie en 1940, l’homme ne s’est pas contenté d’avoir une seule vie. Il aimait dire que l’homme avait de multiples talents. On peut affirmer qu’il appliquait à la perfection cette vision des choses.

C’est ainsi que l’enfant né dans une ferme a été notaire, après des études en droit; animateur dans la série documentaire Insectia, diffusée entre autres sur Discovery Channel en 1999, où on le voit taquiner papillons, mille-pattes, tarentules et scorpions aux quatre coins de la planète; entomologiste, bien sûr; il inspire même le film de Léa Pool Le Papillon bleu. Ce film raconte l’aventure de l’entomologiste Georges Brossard qui, à la demande de la Fondation Rêves d’enfants, avait emmené en 1987 un jeune garçon en phase terminale en Amérique du Sud dans le but de capturer un morpho bleu.

On connaît moins de lui sa passion pour l’écriture. Il espérait publier un jour plusieurs romans bibliographiques qu’il avait déjà écrits à la main, il aura réussi à en publié un avec l’aide de Barbara Kahle. Il avait aussi reçu deux doctorats honorifiques, de l’Université McGill et de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Plus on énumère les choses que Georges Brossard a accomplies, plus il nous semble en oublier.

La seule biographie qui existe sur lui a été écrite par Barbara Kahle, publiée en 2014. La jeune auteure, alors banquière, l’a rencontré une fois sur la montagne, en faisant sa course à pied. C’est alors qu’elle lui a demandé de faire sa biographie. Comme c’était la première fois qu’on le lui demandait, il a accepté. Il était comme ça.

Bien évidemment, Saint-Bruno-de-Montarville, où il résidait depuis longtemps avec sa femme au cœur de la montagne, et tout le Québec se souviendront de Georges Brossard comme étant le fondateur de l’Insectarium de Montréal et de plusieurs autres à travers le monde.

L’homme était inqualifiable. Tout ce qu’il touchait en venait à se révéler une aventure incroyable. Quand une idée lui traversait l’esprit, il l’exploitait jusqu’au bout avec son enthousiasme et son extravagance légendaires. Sa maison représentait bien le personnage. Il avait tout retapé en s’inspirant des albums des Schtroumpfs et du parc Güell de Gaudi à Barcelone.

Si vous y passiez devant, il suffisait de frapper à sa porte. S’il était là, il vous « embarquait » dans son sous-sol pour vous faire visiter sa collection incroyable d’insectes. Des centaines de milliers d’entre eux tapissent les murs.

Il avait acheté une ferme près de Saint-Basile-le-Grand, où il voulait faire un élevage industriel d’insectes pour en faire de la moulée pour les animaux. Un projet qu’il n’a pas eu l’énergie de poursuivre jusqu’au bout. Georges Brossard était aussi un homme engagé au sein de nombreuses causes charitables, comme celle de l’Association de la Vallée-du-Richelieu pour les déficients intellectuels.

Il est difficile de résumer la vie de Georges Brossard en quelques lignes. Toute l’équipe des Versants, qu’il connaissait bien, ne l’oubliera pas et accompagne dans son chagrin sa famille.

Salut, Georges!