Du ski de fond sur gazon
Malgré la neige peu abondante et l’absence de pistes tracées par la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq), le Club de ski de fond Montéréski lance bel et bien sa saison.
Contactée au courant de la semaine précédant le début des cours, l’instructrice-chef et directrice technique de l’école Montéréski basée à Sainte-Julie, Sylvie Girard, commente la situation.
« Je vais vous parler en éternelle optimiste », annonce-t-elle. « À Saint-Bruno, il y a un petit peu de neige. Peut-être deux centimètres au sol. Nos groupes de 4 à 8 ans, on les met sur skis en fin de semaine. » Elle nous explique que la formation de jeunes débutants se déroule d’abord en dehors des pistes pour enseigner les bases de la technique.
Terrain sec
« Pour ceux qu’on ne peut pas mettre sur skis parce qu’ils sont trop vieux et qu’il faudrait les envoyer dans les sentiers, ils vont faire [quelque chose de semblable à] ce qu’on fait comme entraînement de septembre à octobre, avant la neige. On appelle ça du terrain sec. On s’adapte », dévoile l’entraîneuse julievilloise.
Cette méthode se traduit par des exercices de simulation de la technique à l’aide de la marche avec bâtons. Il est ainsi possible d’entraîner ses capacités cardiorespiratoires, développer sa technique et bénéficier des effets de l’activité physique en plein air, le tout, sans dépendre de la quantité de neige.
Sépaq
La Sépaq n’est actuellement pas en mesure d’ouvrir son service de location d’équipements ni de procéder au traçage des pistes destinées au ski de fond en raison du manque d’abondance de neige au parc national du Mont-Saint-Bruno. « Heureusement, on a une flotte de skis parce qu’on va dans des écoles et on anime dans des municipalités. Alors, on peut fournir [l’équipement pour les cours] », rassure Mme Girard.
De façon générale et en fonction de différents facteurs, dont le type de neige, environ 20 centimètres sont nécessaires pour tracer les pistes de ski de fond, nous informe Simon Boivin, le responsable des relations avec les médias de la Sépaq.
L’organisation ne nous transmet aucune crainte concernant le bon déroulement de la saison. On nous rappelle aussi que les ventes de passes de saison pour le ski de fond sont finales et ne peuvent être remboursées (en totalité ou en partie), malgré le risque d’une saison écourtée en raison des conditions météorologiques.
Enneigement artificiel
Au sujet de l’usage de canons à neige, tel qu’observé du côté de la station Ski Saint-Bruno, Mme Girard se prononce : « Ça nous sauverait la vie, ça serait extraordinaire [si la Sépaq nous proposait ce service] ! »
La Sépaq nous rappelle toutefois que les activités de la station de ski alpin se situant sur le territoire du parc national du Mont-Saint-Bruno relèvent du domaine privé. « Ils ont un bail », ajoute M. Boivin.
Une sous-traitance pour l’enneigement artificiel des pistes de ski de fond n’est pas envisagée par la Sépaq. « C’est beaucoup de kilomètres… Des questions se posent aussi du côté de l’accès à l’eau et à l’électricité pour les faire fonctionner », explique M. Boivin.
Il s’agit d’ailleurs d’opérations très dispendieuses. Dans un entretien avec La Presse, Benoit Hubbard, superviseur des conditions de neige à Ski Saint-Bruno, dévoilait le prix des canons ventilateurs avec démarrage à distance utilisés sur leurs pistes. En moyenne, il s’agit d’un coût se situant entre 30 000$ et 60 000$ l’unité.
« À long terme, ça pourrait aussi créer un désintérêt [pour ce sport], d’où le besoin de rester créatif. » – Sylvie Girard
Impacts
Mme Girard se réjouit des quelque 250 inscriptions au Club Montéréski pour la saison d’hiver 2024. Elle remarque tout de même des impacts sur le plan financier en raison de désistements de dernière minute. « À long terme, ça pourrait aussi créer un désintérêt [pour ce sport], d’où le besoin de rester créatif. Si on annule tout, on n’est pas proactif. De plus en plus, on va avoir des hivers doux », remarque l’instructrice-chef en référence aux effets du réchauffement climatique.
Prévisions
Au moment d’écrire ces lignes, les prévisions météorologiques pour la région de Saint-Bruno-de-Montarville indiquent quelques précipitations de neige pour les journées du 6, 9, 10 et 11 janvier. Réparti sur ces quatre jours, un total d’environ 20 centimètres est attendu. De plus, les redoux des dernières semaines de décembre ne semblent pas être près de se répéter, ce qui permettrait à l’accumulation de neige de rester au sol.