Deux prix pour Marc Dubé
Le Grandbasilois Marc Dubé a été couronné à deux reprises lors de l’International de sculpture sur neige du Carnaval de Québec. Le concours prenait fin le 4 février.
Le capitaine Marc Dubé et les membres de son équipe ont obtenu la Mention d’excellence du gouvernement du Québec (deuxième prix du concours). Le groupe, représentant le Canada au volet international, est reparti du Carnaval avec une bourse de 600 $ après plus de 60 heures de travail. « Cet honneur est une gratification en ce sens que nous avons répondu aux critères de la grille d’évaluation du jury », commente Marc Dubé, en entrevue avec le Journal de Saint-Basile.
Cette année, les participants du volet international provenaient aussi de l’Argentine, des États-Unis, de la France et de l’Ukraine.
Le groupe de Marc Dubé a également mis la main sur la Mention du public. « Autant c’est satisfaisant d’atteindre les critères des juges, autant c’est agréable de plaire aux gens. Ça signifie que l’œuvre les a accrochés. Gagner deux récompenses, c’est merveilleux! » d’ajouter M. Dubé.
Sujet d’actualité
Marc Dubé, Pierre Lessard et Martin Dubé se sont illustrés grâce à l’œuvre Juste? Ischhh!!! [lire Jus-Tice], une représentation de la grande dame de la Justice. Avec leur sculpture, les artisans ont souhaité évoquer un sujet d’actualité : la légalisation du cannabis. « Pour chacun de mes projets, je suis souvent influencé par ce qui se passe dans l’actualité. Mon but, c’est d’amener la réflexion, de pousser le visiteur à s’interroger, à échanger, à poser des questions, à participer, parfois même durant notre travail de sculpteurs sur le terrain. C’est stimulant pour nous. »
D’après le capitaine, c’est non seulement une façon de questionner le public, mais aussi un moyen de s’exprimer avec la neige.
« Mon but, c’est d’amener la réflexion, de pousser le visiteur à s’interroger. » – Marc Dubé
Le personnage ainsi créé tient dans chaque main une balance. Dans l’une, des feuilles séchées et des cocottes de marijuana, dans l’autre, des dollars. Les deux balances sont en parfait équilibre. Le glaive de la grande dame de la Justice est remplacé par une seringue. Le visage, la cage thoracique, le bras et la main qui tiennent la balance remplie d’argent sont squelettiques. « Je ne suis pas pour, je ne suis pas contre, c’est la raison pour laquelle le plateau est équilibré. Mais je me questionne sur les motivations derrière cette idée. La fait-on pour les bonnes raisons? » se demande le Grandbasilois qui, lors de l’entrevue, revenait de la 23Fête d’hiver de Saint-Jean-Port-Joli.
Plusieurs honneurs
Événement lors duquel lui et ses partenaires, Pierre Lessard et Jean-Philippe Gagnon, ont remporté le Prix des artistes pour l’œuvre Drôles de moineaux, avec entre autres une référence au président américain Donald Trump. Mais Marc Dubé est un habitué des distinctions. L’année dernière, les grands honneurs (Mention d’excellence et Mention du public) du volet national du concours de sculpture sur neige du Carnaval de Québec lui ont été décernés, à lui, Pierre Lessard et Sébastien Therrien, pour l’œuvre Fleur d’érable, une thématique sur les 150 ans du Canada. En 2012, le sculpteur sur neige et sur glace s’est vu remettre la Mention d’excellence du Carnaval, la Mention du public de même que la Mention des artistes grâce à la sculpture Atchoum!.
Pour travailler la neige, les sculpteurs utilisent des outils modifiés : pelle à jardin, scie, gouge, ciseau à bois, râpe, planche cloutée… « Pour la finition, nous prenons du papier sablé », de préciser celui qui compile près de 30 ans de carrière dans le domaine. Son frère, Martin Dubé, en compte une vingtaine.
Oeuvres éphémères
Pour un artiste, est-ce que c’est difficile d’accepter de créer des œuvres qui deviendront éphémères? « Elles vont tomber, nous le savons, et parfois même durant la fabrication. Souvent, je ne m’en rends pas compte, car ça arrive après mon départ. Pour des questions de sécurité, les organisateurs de ces événements vont même jusqu’à les raser eux-mêmes. La sculpture qui ne dure pas, ça fait partie du procédé. Là où j’ai plus de misère, c’est lorsque je dois défaire mes maquettes que je reproduis à l’échelle. Vient un moment où je dois m’en débarrasser pour réutiliser la matière [une sorte de pâte à modeler qui ne sèche pas]. »
Depuis tout ce temps à sculpter, le corps s’en ressent : douleurs aux mains, aux épaules, syndrome du tunnel carpien… « Malgré tout, j’aimerais poursuivre cette passion encore longtemps. »
Autres possibilités
Marc Dubé n’a jamais participé aux concours de châteaux et autres sculptures de sable. Par contre, il admet que lui et ses coéquipiers en parlent depuis des années. Le défi est cependant différent : « C’est une tout autre technique de sculptage. » Et qu’en est-il de la sculpture sur pierre? « Je manque de temps, mais c’est quelque chose que j’ai déjà essayé, parce que c’est le même principe que pour la neige : il faut sortir la matière à partir d’un bloc. Visualiser le résultat final à partir de cette matière… c’est quelque chose que j’ai réussi à développer avec le temps .», conclut-il.