Des villes vigilantes du futur de l’aéroport Montréal Saint-Hubert

Les villes de Saint-Bruno-de-Montarville et de Sainte-Julie ne sont pas encore prêtes à dévoiler leur étude sur les nuisances sonores de l’aéroport. En attendant, nous avons demandé aux municipalités de notre territoire de commenter les résultats de l’étude acoustique de l’aéroport. 

Membre du groupe de travail sur le Développement durable et le Climat sonore issu de la Table de développement de l’Aéroport Montréal Saint-Hubert (YHU) (composé d’élus, d’acteurs de l’écosystème de l’aéronautique et de représentants des citoyens), Marc-André Paquette, élu du district 8 à Saint-Bruno-de-Montarville et responsable du dossier de l’aéroport Montréal Saint-Hubert, a répondu aux questions du journal. « L’étude sonore de l’Aéroport Montréal Saint-Hubert nous apporte une pièce au casse-tête des nuisances sonores, mais nous la regardons avec scepticisme. Il faut saluer quand même l’effort de transparence de cette nouvelle administration. Ce n’était pas le cas avant », nous indique l’élu d’un district qui voit passer les avions au-dessus de son quartier.

Pour le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, dont la Ville est représentée au groupe de travail, les enjeux sont différents.

La crainte de M. Lessard, c’est qu’avec la nouvelle aérogare, « avec 4 millions de nouveaux passagers prévus, il est possible que l’aéroport réouvre certains corridors qui ont été fermés passant au-dessus de Saint-Basile. C’est ma crainte. De plus, compenser la réduction des vols des avions écoles par des plus gros porteurs, cela nous amène à nous poser certaines questions. Mais il n’y a jamais d’étude inutile. Elle servira de référence, même si ses résultats sont hypothétiques ».

L’étude de l’aéroport

Rappelons qu’un peu avant l’arrivée de la nouvelle année, YHU a rendu publique une étude se basant sur la simulation de l’impact sonore des avions sur certains sites des villes limitrophes à l’aéroport. Une demande du groupe de travail. Le rapport d’évaluation acoustique avait pour objectif d’établir le portrait du climat sonore de l’aéroport en 2022 et de le comparer à la situation projetée à l’ouverture du terminal, en juillet 2025. Il en découlerait, selon les gestionnaires, que YHU ne sera pas plus bruyant à l’ouverture du nouveau terminal qu’aujourd’hui.

» L’étude sonore de l’Aéroport Montréal  Saint-Hubert nous apporte une pièce au casse-tête des nuisances sonores, mais nous la regardons avec scepticisme. »  – Marc-André Paquette

« Ce ne sont que des simulations. Il faudra attendre pour entendre. Cette étude contribuera à la discussion avec l’aéroport pour trouver des solutions. Aujourd’hui, l’aéroport nous indique qu’avec plus de vols, il y aura moins de bruit. Je ne vois pas comment cela sera possible, même si je peux comprendre leur raisonnement, mais la population a le droit d’être sceptique », de mentionner M. Paquette.

La table de travail n’a pas encore une année et les représentants qui y participent ne sont pas tous favorables à un développement de l’aéroport. « Lors de notre première rencontre, j’étais curieux de savoir qui serait autour de la table. Heureusement, il n’y a pas que des acteurs favorables à un développement aéroportuaire effréné. C’est une belle évolution. Avant, il fallait se contenter d’un envoi de courriel ou de faire du piquetage pour avoir des réponses. Cependant, il est difficile encore de dresser le bilan de cette table de travail, qui n’a pas encore une année », d’indiquer M. Paquette.

Pour M. Lessard, les discussions sont toujours « laborieuses. Il faut cependant reconnaître que la présence de M. Diamond (Simon-Pierre Diamond, vice-président des affaires corporatives et porte-parole de l’aéroport Montréal Saint-Hubert) permet une certaine rétroaction désormais ».

Étude des villes

L’étude sonore des villes de Saint-Bruno et de Sainte-Julie, qui tarde à paraître, pourra être comparée à celle de l’aéroport. « Avec notre étude qui, bien évidemment, n’est pas parfaite, on sera capables de parler le même langage que l’étude qui a été publiée par l’aéroport. Bien sûr, nos appareils ont détecté tous les bruits ambiants, mais lorsqu’un pic sonore correspond au vol d’un avion noir à une certaine heure de la nuit, il n’est pas difficile de faire le rapprochement », précise M. Paquette.

Les deux villes ont réalisé cette étude en collaboration mais ne souhaitent pas la dévoiler tout de suite afin de traduire les données de la bonne manière. « Nous avons voulu mettre des chiffres sur une perception plutôt que de parler du nombre de plaintes. Cette étude nous permettra d’être crédibles. C’est sûr que l’on n’a pas le pouvoir d’empêcher le développement de l’aéroport sur le territoire qui n’est pas le nôtre, mais les mentalités semblent commencer à changer. »

La Ville de Saint-Basile-le-Grand n’a pas participé, avec ses deux homologues, à cette étude sonore menée par les municipalités. « Nous avons déposé ensemble un mémoire, mais nous étions moins impactés par les nuisances sonores de l’aéroport depuis que le corridor aérien qui passait au-dessus de la rue Jasmin a été modifié.

On est, en tous les cas, beaucoup moins concernés que Sainte-Julie et Saint-Bruno. »

Plus fort que de se satisfaire des résultats de l’étude de l’aéroport, les villes voisines n’ont qu’une seule volonté, celle de réduire les nuisances sonores auprès de leurs citoyens.