Des fonctionnaires « espionnés » à Saint-Bruno-de-Montarville

La Ville de Saint-Bruno-de-Montarville a fait appel à une société externe pour infiltrer les employés de la bibliothèque municipale.
« Ce n’est pas illégal. Mais pour en arriver là, il a fallu que le syndicat ne réponde pas à nos nombreuses demandes afin de discuter d’une problématique sur le climat de travail à la bibliothèque », indique le directeur général de Saint-Bruno, Guy Hébert.
Depuis mai et jusqu’à récemment, les gestionnaires de la Ville, en l’absence de M. Hébert qui appuie cependant la décision, ont demandé à une personne d’infiltrer l’équipe constituée des employés de la bibliothèque pour expliquer les raisons de ce mauvais climat de travail.
« Inadmissible! »
« Ce geste est inadmissible! Cela a provoqué un choc auprès de tous les employés de la bibliothèque. Lors d’une réunion syndicale, cette personne était avec nous alors que l’ensemble des personnes présentes parlaient avec leurs tripes. Le climat était peut-être difficile avant, la situation est aujourd’hui dix fois plus grave. Nous regardons les recours possibles, car pour nous, c’est un geste illégal », explique porte-parole syndical du SCFP, local 306, André Duval, qui répondait aux Versants.
A la suite de cet événement, un programme d’aide a été proposé à l’ensemble des salariés aussi bien temporaires que remplaçants. « Peut-être que c’est une pratique qu’on ne connaît pas quand l’agent d’infiltration n’est pas découvert, mais dans ce cas, quel peut-être désormais le climat de confiance? S’il y a un nouvel employé, comment sera-t-il accueilli? Il n’y a pas de précédent ailleurs. Je n’en reviens pas. Il n’y a eu aucune excuse », d’ajouter M. Duval.
« Le climat est tendu, et cela avant même mon arrivée en poste. Nous avons changé la direction, nous avons invité un psychologue industriel qui n’a pas su mettre le doigt sur ce qui n’allait pas, et le mal persiste. Comparativement aux autres villes de l’agglomération, alors que la bibliothèque est ouverte plus longtemps, qu’elle est plus grande, nous avons une force de pénétration de 50 % par rapport à la moyenne de ce qui se fait dans les autres villes. Notre obligation à titre d’employeur est de faire tout ce qui est possible pour trouver une solution à la problématique », d’indiquer M. Hébert.
Pour assainir les relations de travail
Dans un courrier adressé à la direction de la bibliothèque le 23 août, on peut lire : « Nous tenons à vous rassurer, nous sommes allés de l’avant avec cette solution dans le seul et unique but d’assainir les relations et le climat de travail. »
Pour le syndicat les problèmes sont bien ciblés. « La gestionnaire en place, venant des ressources humaines, n’est pas compétente. Elle ne peut pas gérer une bibliothèque et l’administration n’écoute pas l’expertise des préposés. La bibliothèque ne peut pas performer sans chef d’orchestre. Si la bibliothèque n’est pas fréquentée, c’est à la Ville de s’organiser pour la rendre plus attractive. Aujourd’hui, le mal est fait. Maintenant, ça va durer combien de temps? C’est un geste inadmissible. Ce n’est pas comme cela qu’on règle une problématique », se questionne M. Duval.
Les cols blancs de la Ville sont en ce moment en négociation de contrat. Même si le directeur général se demande si cette polémique ne fait pas partie d’un moyen de pression, le syndicat semble ferme.
« Ces deux choses n’ont rien à voir et il ne faut pas les mélanger. Même si nous n’étions pas en négociation, nous trouverions tout aussi inadmissible ce qui s’est passé. Nous ne sommes plus à l’époque de la guerre froide », de conclure M. Duval.