Des commerçants volés
Des voleurs se sont introduits par effraction dans trois commerces de la montée Robert, à Saint-Basile, le 20 avril. Rencontrés par Les Versants, les commerçants témoignent.
« J’étais très en colère pour commencer, car ma pâtisserie est ma maison », mentionne la copropriétaire du Bec sucré, Maria Eugenia Coedo.
La vitre de la porte avant a été fracassée. Les voleurs sont entrés à l’intérieur et ont dérobé le contenu du tiroir-caisse. Quelques centaines de dollars.
Bec sucré
L’entreprise familiale Bec sucré grouillait de vie en ce mardi matin. Les clients entraient dans la boutique pour acheter baguettes de pain, crème de champignons, biscuits… Maria Eugenia Coedo et son mari, Santiago Issazadeh, accueillaient les citoyens venus prendre des nouvelles. À la caisse, leur fille Avril servait les clients. Puis le petit James, la suce au bec, trottinait et se baladait autour de sa mère en poussant un jouet sur roues. « Il y avait de la vitre partout sur le sol, jusqu’à l’intérieur de la boutique. Il y avait aussi des débris à l’extérieur, raconte M. Issazadeh. Puis, le premier client qui est venu, il nous a aidés à tout ramasser. Mario, qu’il s’appelle. » Le Mario en question est retourné chez lui chercher un aspirateur pour ramasser les morceaux de vitre. « La réaction des gens nous a émus », témoigne Maria Eugenia Coedo.
Une publication est apparue sur les réseaux sociaux le matin, dénonçant les gestes et qualifiant la situation de pathétique. La copropriétaire déplorait l’acte de vandalisme. À la suite du message, la communauté de Saint-Basile s’est manifestée. « Ça fait chaud au cœur, tous ces gens qui sont venus nous encourager. Des citoyens que nous connaissons, même des clients qui avaient déménagé sont revenus. Mes filles, qui travaillent avec nous, et nos employées, elles étaient très émues », explique-t-elle.
« La réaction des gens nous a émus. » – Maria Eugenia Coedo
Elle ajoute que les Grandbasilois étaient préoccupés par ce qui est arrivé aux propriétaires de leur boulangerie-pâtisserie. « Tout ce qui est fait ici est fait avec amour. Nous avons reçu le même amour de la part de la communauté. Je n’ai rien d’autre qu’une profonde gratitude pour tous les habitants de Saint-Basile », ajoute la mère de famille.
Boucherie Les 2 Roy
« La journée s’annonçait belle, ça commençait mal pour un samedi. On s’en serait passés », exprime Martin Roy.
C’est son frère Jocelyn, l’autre Roy de la boucherie Les 2 Roy, qui lui a téléphoné à 3 h 45 pour lui annoncer ce qui était arrivé. La vitre de la porte d’entrée a été brisée. Les cambrioleurs ont pénétré à l’intérieur et ont volé le tiroir-caisse, vide. Il n’y avait pas d’argent. Martin Roy n’en revient pas. « Ils auraient pu voler des steaks, des bières… tout était là, disponible. Non, ils ont juste pris la caisse. Le tiroir était vide. »
En entrevue, il rappelle que de nos jours, il n’y a presque plus d’argent liquide dans les commerces.
Selon lui, les bandits voulaient seulement mal faire. D’où la raison du geste précipité. « Le plus dommage, c’est tout le trouble que ça donne après », poursuit-il, évoquant la réparation de la porte d’entrée, la reprogrammation de la nouvelle caisse et du scanneur, la déclaration aux assurances…
Il reconnaît aussi que le contexte économique plus difficile n’aide pas les gens. D’ailleurs, d’autres commerces de Saint-Basile ont été la cible de méfaits semblables au cours des dernières semaines, dont un fleuriste et une autre boulangerie.
À la suite de l’introduction par effraction dans la boucherie, les clients ont afflué, samedi et dimanche, en appui aux commerçants concernés. Toutefois, M. Roy ne peut pas affirmer avoir servi une clientèle plus nombreuse que d’habitude. « C’était cool, tous ces gens qui sympathisaient pour nous. Ils nous ont amené beaucoup de soutien. Mais c’est la saison du barbecue qui arrive. Je ne peux pas dire s’il y a eu plus de gens. »
Clinique physio de Saint-Basile
Konstantin Balashov exploite la clinique Physio Saint-Basile, située entre la boucherie et la pâtisserie. Dans son cas, les intrus sont passés par la porte arrière de la boutique. Ils ont volé une tasse. Il y avait de 20 $ à 30 $ de monnaie à l’intérieur. « Ils pensaient peut-être trouver des lingots d’or, commente M. Balashov. Ils sont passés devant une radio d’une valeur de 500 $ et ils ne l’ont pas prise. De vrais professionnels! »
M. Balashov croit que la situation est un signe que l’économie ne va pas bien. Les gens s’appauvrissent de plus en plus. « Tant que le gouvernement dépensera notre argent à gauche, à droite pour des usines de piles électriques… les gens ont de plus en plus de difficulté. Quand les gens sont pauvres, la situation se dégrade et la criminalité augmente. »