Des abeilles sur le toit

Le miel de Bonneau

C’est le début de la 4e saison du Miel de Bonneau, un projet d’apiculture urbaine. Une soixantaine de ruches sont situées dans le Grand Montréal, dont huit sur le toit du Metro Riendeau de Sainte-Julie, où le journal Les Versants s’est rendu.
Accompagnés des apiculteurs d’Alvéole, les gars de l’Accueil Bonneau ont entamé en mai dernier la 4année de ce projet d’apiculture urbaine. La semaine dernière, le journal a eu l’occasion de procéder à une visite guidée des ruches. « Je tripe profondément avec le concept! La partie la plus intéressante, c’est que nous contribuons à la survie des abeilles. Notre geste est donc hyperimportant pour l’environnement », explique le propriétaire du supermarché Metro Riendeau Sainte-Julie, Mathieu Riendeau.
Rappelons que le 1/3 de notre production alimentaire dépend de la pollinisation. Or, les colonies d’abeilles sont en déclin depuis des années.
« S’engager pour de telles causes, je pense que ça fait partie de la nouvelle génération des entrepreneurs », continue Mathieu Riendeau, qui, avec son frère Gabriel, a pris la relève de leur père, fondateur de l’entreprise.

Vérification des ruches

Depuis 2014, l’Accueil Bonneau permet à ses gars de trouver un sens à leur quotidien et de mettre un baume sur leurs cœurs en s’initiant à l’apiculture urbaine. Ils sont donc une dizaine de gars (une quarantaine d’entre eux initiés à l’apiculture urbaine en quatre ans) à apprendre l’apiculture urbaine et à développer leurs habiletés socioprofessionnelles, de l’installation des ruches à la vente du Miel de Bonneau. Les apprentis apiculteurs de l’Accueil Bonneau effectuent méticuleusement chaque vérification, s’assurant, par exemple, que la reine se porte bien et que les œufs et les ruches sont en bon état. Bref, ils prennent soin des abeilles, de l’environnement, de la communauté, et d’eux-mêmes. « C’est un gros travail, estime la directrice des communications et des projets spéciaux de l’Accueil Bonneau, Geneviève Kieffer Després. Chaque visite des ruches dure deux ou trois heures, le temps de bien les inspecter afin d’éviter l’essaimage. Les gars sont passionnés par ce qu’ils accomplissent. Non seulement ils posent un geste concret pour reprendre un rôle de citoyen, mais ils contribuent également à la communauté », mentionne-t-elle.

« Je crois aussi beaucoup au projet de réinsertion sociale. » – Mathieu Riendeau

Chaque ruche peut abriter jusqu’à 50 000 abeilles, dont 1 seule reine, qui pond 2 000 œufs par jour. À chaque inspection, les gars doivent la trouver.

Un miel porteur d’espoir

Prendre soin des abeilles permet aussi aux gars de comprendre l’importance des abeilles sur la biodiversité et l’apport de l’apiculture urbaine au déclin mondial de leurs populations. Participer au processus de A à Z leur permet de développer des compétences transversales pour leur réinsertion sur le marché du travail : travail d’équipe, fait d’être consciencieux, aptitudes de mise en marché et de marketing… « Je crois aussi beaucoup au projet de réinsertion sociale », poursuit Mathieu Riendeau.
Depuis le début du projet, l’entreprise d’apiculture urbaine Alvéole accompagne les gars quotidiennement dans l’entretien des ruches, leur transmet les connaissances requises et les soutient dans la récolte de leur miel. Pour Ugo Forcier, de Alvéole, ce projet est très inspirant : « C’est intéressant de voir l’intérêt que les gars ont développé pour le projet. Je trouve cela à la fois encourageant et inspirant. On parle ici d’un concept viable économiquement, socialement et sur le plan de l’environnement, soit les trois piliers du développement durable. »

Des ressources pour les abeilles

Les abeilles installées dans les ruches sur le toit du supermarché de Sainte-Julie peuvent profiter des fleurs de jardin durant la saison, et également de trèfles et de pissenlits le long des routes et sur le bord de l’autoroute 20. Au printemps, elles butinent aussi les arbres comme les tilleuls et les érables. « Plusieurs pensent qu’il n’y plus de ressources en ville pour les abeilles, mais c’est faux. Les hommes ne les remarquent plus, les abeilles, elles, les voient. Le mont Saint-Bruno est également un îlot naturel bénéfique pour elles », continue Ugo Forcier.
D’ailleurs, M. Riendeau, qui souhaiterait accueillir quelques ruches supplémentaires sur son toit, indique qu’il a semé du trèfle sur le terrain de son magasin, pour les insectes qui butinent dans un rayon de 5 km.

Récolte du miel

Produit local, pur à 100 %, non pasteurisé et extrait à froid, le Miel de Bonneau est doux, floral et contient de subtiles touches de menthe. Cette année, une production d’un peu plus de 1200 kg est espérée. Il sera possible de déguster le fruit du travail des gars de l’Accueil Bonneau durant le mois d’octobre, où sera lancé pour la première fois le Mois du Miel de Bonneau. Pour l’occasion, le Miel de Bonneau sera disponible dans les marchés Metro participants et autres points de vente, en plus d’être mis en valeur à travers les créations culinaires d’artisans montréalais.
Les responsables du projet espèrent une récolte de 1 200 kg pour 2017. Les profits de la vente sont ensuite versés à l’organisme qui aide les sans-abris. « Tout est réinvestit dans le programme. C’est ce qui nous permet de maintenir le projet et de l’améliorer chaque année », de conclure Geneviève Kieffer Després.

QUESTION AUX LECTEURS :

Que pensez-vous du déclin des abeilles?