Démission fracassante du président à la CSP

Le président de la CCSEHDAA, Martin Le Blanc, a claqué la porte de la Commission scolaire des Patriotes (CSP) avec un sentiment d’écœurement et d’essoufflement.
« Je me suis battu pendant deux ans, cette lettre est le dernier coup donné à la cause. Je vais désormais arrêter de lutter contre un système qui ne veut pas changer », a indiqué M. Le Blanc au journal Les Versants.
Le président de la CCSEHDAA a envoyé une lettre de démission à la CSP mardi, en y joignant le ministère de l’Éducation et les députés concernés par le territoire de la CSP. On pouvait y lire : « La présente lettre est pour vous lancer un cri du cœur, dans l’espoir de voir des changements dans les années à venir pour le CCSEHDAA, mais surtout pour les services aux élèves qui en ont besoin. »
M. Le Blanc condamne la CSP de ne pas vouloir collecter de données sur le nombre d’élèves qui ne sont pas en mesure de recevoir les services requis. « Selon la CSP, tous les élèves reçoivent les services pour répondre à leurs besoins. Mais comment la commission scolaire peut-elle prétendre savoir quel type de professionnel et combien en engager, si elle ne sait pas ce qui manque? » explique M. Le Blanc.

« Je me suis battu pendant deux ans, cette lettre est le dernier coup donné à la cause. Je vais désormais arrêter de lutter contre un système qui ne veut pas changer. » Martin Le Blanc

Il aimerait voir les commissaires de la CSP prendre conscience de l’effort à faire pour combler les manques qu’il y a en termes de ressources pour les élèves.
« Le CCSEHDAA a tenté une première fois en avril 2016, puis une deuxième fois en février 2017, de faire réaliser à la commission scolaire l’importance de savoir quels étaient les besoins non comblés des élèves HDAA. Les réponses reçues en juin 2016 et mai 2017 étaient une insulte à notre compétence et à notre implication de parents sur le CCSHEDAA. La question est pourtant très simple : quelle est la différence entre les besoins comblés et les besoins réels des enfants? Non seulement les réponses obtenues renvoient à des concepts vagues de mesures de rendement qui ne permettent pas de répondre, mais en plus, la commission scolaire a rejeté la faute sur les directions d’école », poursuit-il dans sa missive.
Le journal Les Versants a contacté la CSP, qui a affirmé que tous les besoins des élèves sont comblés. « Mais la réalité reste que les besoins qui ne sont pas comblés ne figurent nulle part, et la commission scolaire ne veut pas le savoir. (…) Elle aurait beaucoup à gagner à écouter ce que les parents des élèves HDAA ont à dire, surtout quand ils s’impliquent dans le CCSEHDAA », de conclure M. Le Blanc.
La lettre de démission venait à peine d’être émise que Jean-François Roberge, député de Chambly et porte-parole de la CAQ en matière d’éducation, a tenu à réagir : « Cette situation, répandue dans plusieurs commissions scolaires au Québec, fait en sorte que le ministère de l’Éducation lui-même n’a aucune idée des besoins réels des élèves HDAA au Québec. J’ai d’ailleurs dénoncé cette situation en avril dernier à l’Assemblée nationale, et le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx affirmait alors avoir le dossier en main. Le député précise que ni les enseignants ni les professionnels ne sont à blâmer. Dans ce cas-ci, la faute revient à la commission scolaire des Patriotes, qui ne compile aucune donnée sur les besoins des élèves en difficulté, mais surtout au ministère de l’Éducation, qui, malgré l’urgence de la situation, ne le réclame pas. »
Dans un article du 12 avril 2017, le Journal de Québec confirmait que le ministère de l’Éducation ignorait combien d’élèves en difficulté sont en attente pour des services de spécialistes dans les écoles de la province. Dans cet article, le ministre confirmait et se justifiait en disant que « ce sont les commissions scolaires qui sont responsables de l’organisation des services sur leur territoire ». ( http://www.journaldequebec.com/2017/04/12/quebec-dans-le-brouillard-sur-laide-aux-eleves-en-difficulte)

Réaction de la CSP

Hélène Roberge, présidente de la CSP, s’est dite très surprise de la lettre et de la décision de M. Le Blanc : « Tous les élèves qui ont besoin de professionnels en bénéficient à la CSP. » Mme Roberge se félicite de l’aide gouvernementale récente qui a permis d’atteindre les objectifs de la CSP, tout en contredisant un à un les arguments de M. Le Blanc. « Il y aura un remplaçant qui sera désigné et nous reprendrons le travail avec cette personne. » À la question du journal à savoir si la CSP tentera d’entrer en contact avec M. Le Blanc, Mme Roberge a conclu : « Il pourra désormais s’adresser à la direction de son établissement. Notre interlocuteur est le CCSEHDAA. »