Défis et enjeux du transport ferroviaire à Saint-Basile

Saint-Basile a présenté un Mémoire au ministère des Transports du Québec (MTQ) dans le cadre des consultations en prévision du Sommet sur le transport ferroviaire. L’objectif : envisager l’avenir de ce mode de transport afin qu’il soit moins dérangeant et plus sécuritaire.

Suivant une analyse effectuée en 2014 par Transports Canada, une liste des 500 passages à niveau présentant un potentiel de risques élevé a été dressée, incluant ceux du territoire grandbasilois, soit au croisement de la montée Robert (25e rang) et du boulevard du Millénaire (36e rang).
La voie ferrée traversant le territoire est sous la responsabilité du Canadien National (CN). Il n’en reste pas moins que les travaux sur les passages à niveau, réalisés par le CN, sont à la charge des municipalités.

Qu’elle soit pour des raisons sécuritaires, de bien-être ou financières, une réflexion semble aujourd’hui indispensable autour du rail avec l’ensemble des joueurs afin de moderniser ce mode de transport.

« Il n’y a pas de problème avec le transport de personnes. Ce sont les longs convois de marchandises qui doivent être modernisés. » – Yves Lessard

Lors d’une consultation régionale sur le transport ferroviaire tenue par le MTQ en septembre 2019, en prévision du Sommet qui aura lieu en décembre 2019, le conseil municipal a déposé officiellement un mémoire sur les défis et les enjeux en matière de circulation ferroviaire pour Saint-Basile-le-Grand.

Par ce mémoire, le conseil municipal a voulu faire connaître aux différentes instances gouvernementales ses préoccupations à l’égard des impacts qu’ont les convois ferroviaires sur les collectivités qui, comme Saint-Basile-le-Grand, sont traversées par le réseau ferroviaire.

« Il faut transporter le Québec vers la modernité. Nous avons constaté que dans le mémoire de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), la problématique des nuisances et du danger encouru par la population était très peu abordée. C’est pourquoi la Ville a décidé de déposer son mémoire auprès du MTQ », explique aux Versants le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard.

Ce mémoire a pour objectif de faire connaître aux autorités gouvernementales et ferroviaires la nature des dangers et des nuisances vécues au quotidien par les citoyens et commerçants de Saint-Basile-le-Grand, décrivant ainsi les impacts sociaux et environnementaux, qui sont parfois ignorés. De plus, l’objectif est de proposer des pistes de recommandation pour améliorer et moderniser le transport ferroviaire, entre autres.

« Il est temps de passer à l’action dès maintenant afin de préserver une ville où il fait bon vivre et évoluer, et ce, en toute sécurité et quiétude. Les recommandations élaborées dans ce mémoire ne sont pas des vœux pieux; en unissant nos voix, nous réussirons à nous faire entendre et à changer le cours des choses! » de dire M. Lessard.
Le mémoire, rédigé par le maire et qui peut-être consulté sur le site de la Ville, va droit au but : « Il n’y a pas de problème avec le transport de personnes. Ce sont les longs convois de marchandises qui doivent être modernisés. »

Les propositions de l’UMQ

Dans son mémoire, l’UMQ propose notamment que le gouvernement du Québec entreprenne un portrait précis de l’état du réseau ferroviaire du Québec pour les équipements nécessaires à l’exploitation ainsi que les besoins d’investissements pour les cinq prochaines années, afin d’opérer d’une façon sécuritaire et optimale les activités ferroviaires.

L’UMQ propose également de remettre en place, et d’une façon permanente, le programme d’aide aux infrastructures de transport ferroviaire. Sont également parmi les recommandations : la mise en place d’embranchements ferroviaires, communément appelés siding, dans les parcs industriels; la réalisation d’une étude exhaustive de la flotte de wagons qui circulent sur le réseau; la création d’un crédit d’impôt pour inciter les citoyens et les entreprises à utiliser le transport ferroviaire comme moyen de transport; et finalement, la priorisation du transport des personnes, lorsque possible, en mettant en place des voies dédiées pour leur transport.

M. Lessard n’est pas contre toutes ces propositions, mais il souhaite mettre l’accent sur le bien-être des citoyens ainsi que sur la fluidité des déplacements automobiles et piétonniers.

Les préoccupations de la Ville

Elles sont nombreuses : la vitesse des convois de marchandises; le nombre de wagons par convoi (peut aller régulièrement à 200 wagons); les vibrations occasionnées par le passage à grande vitesse de longs convois; les risques de dommages au solage et aux bâtiments occasionnés par les vibrations; les claquements entendus en raison de certains joints de rail mal entretenus; le bruit; les erreurs de signalisation (barrière abaissée sans présence de train); les trains immobilisés sur la voie ferrée scindant la ville en deux; la fréquence des passages de train; les risques d’affaissement de terrain; le transport de matières dangereuses…

Pour y remédier, M. Lessard, dans son mémoire, apporte plusieurs pistes de solution. « Pourrions-nous envisager des moyens pneumatiques de transport ferroviaire? Y avons-nous déjà réfléchi? Et avons-nous déjà analysé l’éventualité d’ériger une voie ferrée sur le terre-plein central des autoroutes, voie qui serait exclusivement dédiée au transport des marchandises, en réservant ainsi la voie actuelle au transport des personnes? » peut-on lire dans le mémoire qui évoque que les convois de marchandises n’ont plus d’obligation de nos jours à traverser les villes. « Fut une époque où le commerce agricole rendait nécessaire l’arrêt des convois dans certaines municipalités. Cette époque étant révolue, pourquoi ne pas élargir le spectre des possibilités qui pourraient rendre plus sécuritaire le transport des marchandises et, par le fait même, réduire les nuisances au bien-être des collectivités? »

Une compétence fédérale

Le transport ferroviaire dans la province comme partout au Canada est de compétence fédérale. « Mais Québec doit avoir son mot à dire à Ottawa. Cela profitera aussi aux autres provinces. On ne peut pas laisser le CN, une entreprise privée, poursuivre ses activités au moindre
coût. »
M. Lessard a été invité à faire partie du comité provincial mis en place par l’UMQ sur la question du rail. « Ce qui m’encourage dans l’initiative de l’UMQ, c’est que le Québec bouge. Le changement dépendra de la force de conviction de chacun. Ce que je dis à date, c’est qu’il faut trouver un nouveau moyen moderne de transport ferroviaire. Si vous n’en trouvez pas, prenez le mien », conclut-il en riant.