Décorum à Saint-Basile-le-Grand

Le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, s’est permis de ramener l’ordre dans les assemblées publiques avec un message, adressé le 22 août dernier. 

Lors de la dernière assemblée de l’été à Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard a souhaité ramener l’ordre dans le déroulement des séances. Il a débuté celle-ci par un message aux gens dans la salle.

« Je vais faire un point, que j’appellerais un point d’ordre, et qui s’adresse autant à moi qu’à chacun et chacune de vous. C’est sur le déroulement de nos séances. Elles doivent se tenir dans le respect et la civilité », d’amorcer le maire de Saint-Basile-le-Grand.

Le journal Les Versants avait pu constater l’ambiance des assemblées du 6 juin et du 4 juillet. Ces rencontres ont été, disons-le, houleuses, en particulier la Parole aux Grandbasilois de la soirée du 4 juillet.

« Le décorum dans une assemblée, c’est important. Pis avant qu’Infoman descende ici, faudrait peut-être se reprendre en main pour que ça fonctionne! » -Robert Lapierre

Écarts de conduite

Des citoyens au micro tutoient les élus, tandis que d’autres interpellent les membres du conseil municipal à partir de la salle. Certains échappent une série de blasphèmes en parlant d’un sujet qu’ils ont à cœur. Enfin, il n’est pas rare que des gens prennent la parole sans en avoir reçu l’autorisation.

Le journal avait constaté certains écarts de conduite plus tôt au printemps. Un résidant qui s’adresse à la greffière de la Municipalité en lui disant « ma belle » est l’exemple le plus frappant, de mémoire. Puis il semble que les choses se sont exacerbées d’un mois à l’autre, jusqu’en juillet.

Le 22 août, le premier magistrat a ramené les choses à l’ordre. M. Lessard a rappelé à l’auditoire présent que le déroulement des assemblées s’effectue « en fonction des prérogatives et des obligations [du] maire et [de] chacun de vous ». Il a aussi affirmé qu’il fallait s’en tenir à la réglementation municipale et à la réglementation du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation.

Le décorum, selon le Ministère

Concernant les assemblées du conseil, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation mentionne qu’elles « invitent à la participation de la population. Les citoyens peuvent assister aux séances et interroger leurs représentants sur leurs décisions ou leurs politiques durant la période de questions. Le conseil régit la période de questions tant pour sa durée et la procédure applicable que pour le nombre de questions qu’une personne peut poser. Ainsi, lors de la période de questions, les citoyens doivent respecter les règles d’ordre et de courtoisie et ils doivent notamment demander la parole au président d’assemblée avant d’interroger les élus. Ces règles visent à préserver un certain décorum et à favoriser des échanges respectueux et constructifs entre les élus et les citoyens. […] Dans certaines municipalités, les citoyens doivent s’inscrire à l’arrivée ».

À Saint-Basile-le-Grand, il n’est pas nécessaire de s’inscrire pour s’avancer au micro de la Parole aux Grandbasilois. C’est le cas à Saint-Bruno-de-Montarville pour la période de questions. « Les périodes de questions sont faites pour des questions, rappelle Yves Lessard. Certains en profitent pour faire des interventions. »

Rappel à l’ordre

Puis, le maire de Saint-Basile-le-Grand a lancé son rappel à l’ordre : « Depuis le début, j’ai assuré une certaine latitude, une certaine fraternité, pour faire en sorte que ce soit convivial. Pour que tout le monde soit à l’aise. Parfois, il y a des gens qui se laissent emporter, ou qui dérogent. On a exprimé certaines agressivités dans des interventions, au cours des deux dernières réunions. Ce qui ne doit pas avoir sa place. Un manque de respect aussi pour la salle. Ce qui ne doit pas avoir sa place. Des sacres. Ça ne doit pas avoir sa place. »

Sur la vidéo de la séance, on peut alors entendre une voix provenant de l’assemblée, avant que M. Lessard reprenne la parole : « Quelques fois, amicalement, j’ai rappelé à l’ordre. Il y a des gens, comme on vient de voir (d’entendre), qui nous interpellent directement de la salle. Ça n’a pas sa place. C’est un manque de respect pour les autres participants. Et aussi pour le décorum. À partir de ce soir, […] je vais m’en tenir à la règle stricte. [Ne] soyez pas surpris, et ne tentez pas de déroger à la règle. Un jour, si l’on voit que chacun se comporte correctement, on reviendra peut-être à une certaine souplesse. Parce que je crois que c’est de bon aloi de le faire. »

M. Lessard a insisté, en demandant aux gens qui ont l’habitude d’interpeller les élus de la salle « de ne plus le faire, de sacrer, de ne plus le faire, d’agresser, de ne plus le faire non plus. Des paroles agressantes, je pense que dans notre société, de nos jours, ce n’est pas tolérable. Je ne vise personne, à l’exception des personnes qui veulent se manifester, étant concernées ».

Témoignage d’un citoyen

À la suite de cette intervention, plusieurs personnes ont participé à la Parole aux Grandbasilois, dont Robert Lapierre, qui a tenu à appuyer le politicien. « J’aimerais revenir sur votre propos à l’entrée de l’assemblée de ce soir, concernant le décorum. Ça fait douze ans que j’assiste aux séances du conseil municipal. On a eu des assemblées très importantes. Les fosses septiques, la descente de bateaux… », note le résidant.

M. Lapierre aurait pu aussi évoquer les assemblées de début d’année, en 2018 et 2019, à la suite des hausses de l’avis d’imposition à 5,95 % et 7,62 %.

« Jamais, jamais on n’a eu une assemblée comme on a eu le 4 juillet. J’étais tellement découragé que je suis allé écouter le reste chez moi à compter de 22 h. Le décorum dans une assemblée, c’est important. Pis avant qu’Infoman descende ici, faudrait peut-être se reprendre en main pour que ça fonctionne! »

Le journal a contacté M. Lapierre, qui a expliqué son point. « J’étais découragé dans la façon de s’exprimer de deux citoyens. Il y a eu de l’impolitesse envers les élus, des blasphèmes. Certains vont jusqu’à tutoyer le maire », commente le Grandbasilois.

Du côté de la Municipalité, on nous répond que « le maire a pris la décision d’intervenir puisque ce sont des responsabilités qui lui incombent et qui relèvent du conseil municipal. Dans ce contexte, il était impératif de prendre rapidement la situation en main et de sensibiliser les citoyens quant au décorum attendu ».

Questionnée par le journal, la directrice des communications, Stéphanie Plamondon, assure que cette situation ne compromet pas la diffusion des assemblées. Elle ajoute : « Il est difficile d’affirmer si le comportement des citoyens a changé depuis la captation des séances. Les citoyens ont le développement de leur ville à cœur, démontrent un fort sentiment d’appartenance; certains dossiers peuvent enflammer une discussion. Toutefois, les interventions se doivent d’être respectueuses en tout temps. »

La prochaine assemblée à Saint-Basile-le-Grand se déroule ce soir, le mardi 6 septembre, à 19 h 30 au Centre civique Bernard-Gagnon. Le décorum sera-t-il respecté?