De la nécessité de mettre à jour le Plan des mesures d’urgence
Les catastrophes naturelles se répètent, mais ne se ressemblent pas. Elles sont imprévisibles, ce qui oblige les autorités à demeurer aux aguets, peaufiner et mettre à jour sans cesse leurs plans de mesures d’urgence pour y faire face. En revanche, les accidents comme celui des BPC à Saint-Basile ou l’incendie des pneus à Saint-Amable exigent la préparation de plans sur mesure : un Plan A, un Plan B, etc., et beaucoup de concertation et d’entraide si l’événement déborde les frontières d’une ville.
Vingt ans après l’épisode du verglas, les municipalités ont-elles appris de cette expérience qui a créé au sein de la population des craintes de revoir l’imprévu encore arriver? Le journal Les Versants a passé en revue les plans de mesure d’urgence de Saint-Bruno, Saint-Basile et Sainte-Julie.
Un témoin à Saint-Bruno
Sur le site Internet de la ville de Saint-Bruno, la mise à jour du Plan de sécurité civile, lit-on, a été effectuée sur plusieurs mois au cours de 2012 et de 2013 par le comité municipal interne de sécurité civile, de concertation avec les représentants des villes de l’agglomération de Longueuil. Il a été impossible pour Les Versants d’avoir un responsable de la Ville, pour commenter ledit Plan.
Reste que ce Plan passe par « plusieurs étapes : prévention, préparation, intervention et rétablissement de la situation ». Les employés de la Ville seront mis à contribution et on peut aussi compter sur la collaboration des organisations de secours et des bénévoles. Le citoyen est appelé, par ailleurs, à se préparer et surtout à être autonome durant 72 heures si jamais une catastrophe l’exige.
« Le plus difficile, c’est la fragilité des gens. » – Luc Deslières
« Le plus difficile, c’est la fragilité des gens, témoigne Luc Deslières, employé à l’époque des Travaux publics de Saint-Bruno et capitaine pour le service des incendies quand l’urgence l’exigeait. Les gens ne savaient pas comment se débrouiller. » Le retraité, âgé de 69 ans aujourd’hui, se rappelle des quarts de travail qu’il partageait avec son chef Guy Auger durant un mois. « C’était 24 h par jour pour répondre aux alarmes, aux feux de cheminée. On a décidé de se séparer la tâche en deux. Lui, de minuit à midi et moi, de midi à minuit. On pouvait aussi compter sur des pompiers volontaires et la collaboration des services d’incendie de la vallée du Richelieu. »
Cette crise a commencé le 6 janvier par le déclenchement des mesures d’urgence, qui ont pris fin le 29 du même mois. Selon le Journal de Saint-Bruno, les pompiers ont dû répondre à 300 alertes, alors que la Ville, aidée des organismes et des bénévoles, a réquisitionné des écoles pour héberger les gens et subvenir à leurs besoins en nourriture. La facture grimpait à 1,7 million de dollars, dont 150 000$ de plus en salaire.
Du déjà-vu pour Saint-Basile
« Lors de la crise des BPC, se rappelle le maire Yves Lessard, alors porte-parole du comité de vigilance, nous avons mis en place des mesures innovantes pour l’époque. Il y a eu là un apprentissage confiné dans le rapport du comité sur cet événement.»
« On apprenait beaucoup de l’expérience vécue dix ans plus tôt dans le dossier BPC, commente pour sa part Normand Lalande, directeur général adjoint et trésorier. On a été affecté sur le plan de la toxicité du produit. On avait tout le secteur nord de la ville qui a été évacué. Et c’est là où le facteur hébergement est entré en ligne de compte quand le verglas est arrivé. »
Le Plan, dont parle le maire, demeure exhaustif, même aujourd’hui. Mis à jour en août dernier, il dresse les risques potentiels auxquels fait face Saint-Basile : des inondations à la suite d’un débordement du Richelieu ou des averses en grande quantité; un problème relié à l’eau potable, ou encore le danger des nombreux convois de train transportant des matières dangereuses qui traversent la ville.
« Une leçon qu’on devait retenir des BPC est qu’on n’est jamais trop vigilant en termes de prévention. Nous en avons tiré des leçons majeures pour savoir comment on se gouverne en matière de crise. Moi, je pense qu’il y a un livre à écrire sur la prévention », fait remarquer le maire en ajoutant qu’« entre Noël et le jour de l’An, il a pu compter un convoi de 224 wagons ». D’ailleurs, poursuit-il, une de ses promesses lors de la campagne électorale est de mettre de la pression sur le Canadien National pour ramener le convoi à 120 wagons.
Quant à la gestion de la crise du verglas, Normand Lalande, alors trésorier, évoque celle des BPC pour dire que l’ouverture des centres d’hébergement demeurait l’élément le plus important dans toute la démarche, même si une majorité de citoyens ont quitté le territoire et au moins 40 % sont restés sur place. La Ville a pu récupérer de Québec 1,9 million, soit les dépenses durant les 21 jours de cette crise.
Pendant ce temps à Sainte-Julie
« Notre Plan a été élaboré en 1991 et révisé en 1996, rapporte Mario Lemay, conseiller municipal qui a été élu pour la première fois en 1996. Le Plan a été exécuté très rapidement avec la collaboration des policiers, des pompiers, et quelque 200 personnes issues d’organismes touchant diverses sphères d’activité. »
Mario Lemay cite près de 300 personnes qui ont été hébergées à l’École secondaire du Grand-Coteau. « Toute la ville était sans courant, sauf la partie du secteur qui va de l’école secondaire jusqu’à l’hôtel de ville, où il y a eu le rétablissement électrique 24 h après le début de la crise. » Le conseiller rappelle en outre que le Domaine des Hauts-Bois a été très affecté, car les branches d’arbres tombaient sur les fils électriques. « C’était le dernier secteur à recouvrer l’électricité. »
L’application du Plan d’intervention auprès de la population avait pris fin le 23 janvier. Mais avant, « tout le monde courait pour le même produit, soit du bois de chauffage. On a travaillé fort pour le faire venir d’Abitibi ». Il se rappelle aussi de l’aide de l’armée, des citoyens et des élus qui participaient aux patrouilles préventives dans les quartiers.
Le conseiller se dit conscient que Sainte-Julie n’est pas à l’abri d’incidents même graves qui peuvent survenir comme en 2015, où une fuite de produits toxiques est survenue dans une usine à Varennes. « Oui, ça fait partie de notre Plan. Les villes ont des ententes entre elles en cas d’incident. Notre corps de pompiers travaille en collaboration avec les services d’incendie de la MRC de Lajemmerais. Tout le monde connaît ce risque. »
À l’instar de Saint-Bruno et Saint-Basile, Sainte-Julie a été remboursée, presque pour la totalité de ses dépenses par Québec, soit 1,1 million.
Mieux communiquer
Contrairement à 1998, les citoyens sont aujourd’hui accessibles par l’intermédiaire du réseau mobile. Les trois villes disposent également d’appels automatisés, de panneaux électroniques d’information. Saint-Bruno, à titre d’exemple, avait conclu une entente avec la radio 103,3 pour que celle-ci relaie des messages. Il reste que la meilleure façon d’être informé rapidement est de s’abonner aux messages d’alertes, soit en laissant son courriel, soit son numéro de téléphone portable.
Question :
Êtes-vous autonome durant 72 heures si une catastrophe survient dans votre ville?