Coopérative de solidarité en habitation : témoignage d’une sinistrée

Une semaine après les événements survenus à la Coopérative de solidarité en habitation de Saint-Bruno-de-Montarville, le journal Les Versants s’est entretenu avec l’une des personnes sinistrées. Témoignage.

Six familles, quinze personnes dont huit enfants, ont été touchées par l’incendie qui a frappé la Coopérative de solidarité en habitation de Saint-Bruno-de-Montarville, sur la rue de Chambly, la semaine dernière.

Parmi les résidants qui ont été forcés de quitter les lieux, il y a une famille de trois enfants, une dame seule, une mère monoparentale avec un enfant, une famille de deux jeunes, une autre femme seule, ainsi qu’une famille de deux grands adolescents. Certains sont installés à la Coopérative depuis les débuts, en juillet 2010. D’autres, depuis cinq ou six ans. Pour l’une de ces familles, c’est en février dernier qu’elle a eu l’opportunité d’y aménager.

Réveillée par l’alarme incendie

Le réveil aura été brutal aux petites heures de la nuit : le son du détecteur de fumée d’un voisin. Une lueur orange provenant de l’extérieur, juste de l’autre côté des rideaux. Puis, un feu qui crépite si près que la chaleur en est palpable. « Nous avons été chanceux dans notre malchance. Heureusement, il n’y a pas eu de perte humaine. Ça aurait été dramatique de perdre des voisins », dira d’emblée cette mère de famille, qui a accepté de se confier au journal, mais de façon anonyme, « par souci de respect de la vie privée et par discrétion ».

« Lorsque j’ai vu le feu, tout ce que je voulais, c’était sortir ma vie et mes animaux. » – Une sinistrée

La température en ce début de mois de mai aura aussi été d’un aspect réconfortant pour ceux qui ont été appelés à sortir de leurs logis en pleine nuit, à 2 h, vu les circonstances. « Le traumatisme est beaucoup moins pire que si nous avions été obligés de sortir la nuit en plein hiver à moins 40° C. »

Merci, les voisins

Au téléphone, la femme souhaite donner le crédit aux équipes d’intervention, arrivées sur les lieux rapidement, et qui ont agi tout aussi promptement. Qui pour éteindre le feu, qui pour prendre soin des sinistrés, qui pour prendre en charge. « Les pompiers ont été très rassurants. La Croix-Rouge aussi. Mais je veux dire un mot à propos de nos voisins de la Coop, ceux des autres bâtiments. Quelqu’un m’a apporté des pantoufles. Puis on m’a donné une doudou… Mon oiseau, que j’ai récupéré juste avant de sortir parce qu’il est près de la porte, a été hébergé chez une voisine. Tous ensemble, les voisins se rassuraient entre eux, veillaient les uns sur les autres. »

Son oiseau, c’est d’ailleurs tout ce qu’elle a pris le temps de ramasser avant de sortir de son logement. Elle était seule au moment du drame; son fils dormait chez son père. Le chat, cependant, a manqué à l’appel toute la nuit, mais il a été retrouvé sous un meuble le matin. Vivant, mais « probablement traumatisé par le passage des pompiers ». Elle insiste : « Lorsque j’ai vu le feu, tout ce que je voulais, c’était sortir ma vie et mes animaux. »

Les 25 familles de la Coopérative de solidarité en habitation de Saint-Bruno-de-Montarville ont été évacuées cette nuit-là. Mais très vite, les pompiers ont permis à celles de deux des quatre édifices de regagner leurs logis en cours d’événement.

« Je me suis assise sur le trottoir et j’ai attendu. Je voulais voir ce qui se passait. Le feu a été contenu et éteint rapidement. Heureusement, j’ai de bonnes assurances », explique celle qui plaide pour qu’une loi oblige tout locataire à s’assurer. « C’est ce qui fait toute la différence. Sans mes assurances, tout aurait été différent dans la façon que je vis au jour le jour depuis l’incendie. »

D’ailleurs, le journal a appris que toutes les autres familles concernées par le sinistre sont assurées. « C’est une obligation de la Coopérative d’avoir une assurance habitation biens, meubles et responsabilités. »

Quand on lui demande quelles émotions elle a ressenties au moment où elle était assise au sol, emmitouflée dans une couverture, la sinistrée évoque un état de choc. « Personnellement, j’étais complètement hors circuit. Je prenais l’événement minute à minute. Je n’étais aucunement capable de réfléchir à ce qui s’en venait. J’étais en état de choc. Incapable de réfléchir. Tout ce que je faisais, c’était de regarder et d’enregistrer ce que j’observais. Je réagissais au fur et à mesure que quelque chose se présentait à moi. »

Elle compare son état à quelqu’un dans une glissade d’eau qui se laisse glisser au gré de la descente. « En espérant qu’il y ait une piscine au bout », illustre-t-elle.

Lors de l’entrevue, vendredi dernier, son assureur l’avait déjà relogée depuis trois jours dans un endroit temporaire. « Temporaire, parce que si c’était à long terme, le coût est hors de prix, déplore celle qui est aussi présidente du conseil d’administration de la Coopérative de solidarité en habitation de Saint-Bruno-de-Montarville. En attendant, nous ne pouvons pas revenir dans notre paradis, mais nous avons tous hâte de revenir chez nous. »

Selon elle, ce n’est pas tout le bâtiment qui devra être reconstruit, contrairement à ce que d’autres affirment. « Nous attendons encore le rapport final de l’évaluateur, mais les dommages sont à l’intérieur et ont surtout été causés par l’eau. Les murs et le plafond ont été défoncés. Le feu a pris naissance à l’extérieur sur la terrasse et s’est propagé dans le toit. La structure extérieure, construite en briques, n’est pas trop endommagée. »

Une Coopérative de solidarité

« Cette nuit-là, la Coopérative de solidarité en habitation n’aura jamais aussi bien porté son nom. La solidarité a été au rendez-vous dans les minutes qui ont suivi le début de l’incendie. » Elle pense notamment à l’un des grands jeunes dans le logement d’à côté. « Un garçon de 20 ans qui a agi rapidement et qui a réveillé tout le monde. Il a appelé les pompiers », relate-t-elle.