Conférence sur l’Ukraine pour lever des fonds pour les réfugiés à Saint-Bruno

Justin Massie, professeur titulaire de science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et codirecteur du réseau d’analyse stratégique, participera à la conférence organisée par L’Action communautaire pour les réfugiés de Saint-Bruno et Saint-Basile, sous le titre de Guerre en Ukraine. Cette conférence est donnée au profit des familles de réfugiés des deux villes. Le journal lui a posé quelques questions sur la situation en Ukraine.

Quelle est la situation actuelle en Ukraine?

Aujourd’hui, l’offensive russe arrive à sa fin avec un échec probant. Pour l’instant, les Russes n’ont réussi à prendre qu’un village et demi. C’est décevant pour eux, car c’est ça, l’aboutissement de la très grande mobilisation qu’il y a eu l’automne dernier, quand Poutine avait annoncé la mobilisation de 300 000 nouveaux soldats pour regagner du territoire en Ukraine et maintenir son invasion. On voit que les fruits de cette grande mobilisation sont très minces. On arrive à une situation où les Russes sont incapables de percer de manière significative les défenses des forces ukrainiennes. Ce qui s’en vient, c’est la contre-offensive ukrainienne. Depuis novembre, à la fin de leur dernière offensive, les forces ukrainiennes sont en reconstruction avec les nouveaux équipements fournis par les Occidentaux. Et à leur tour, ils vont tenter de percer les forces défensives russes pour libérer les villes qui sont tombées aux mains des Russes. C’est ce que l’on devrait avoir en mai, possiblement juin, quand le terrain sera plus propice à ces offensives.

Peut-on être optimiste pour les Ukrainiens? 

Du côté ukrainien, on a grand espoir que le fruit de cette contre-offensive qui se prépare sera aussi grand que celui de l’automne dernier. Et si c’est le cas, cela donnerait beaucoup d’espoir. À ce moment, d’ailleurs, il y a eu une envolée de soutien occidental. Alors, si cette contre-offensive a le même succès, on pourrait s’attendre à la même chose, une autre poussée de soutien occidental et un autre désir de leur en donner davantage pour qu’ils libèrent encore plus de territoire. Si, au contraire, la contre-offensive aboutit à très peu, on pourrait penser qu’il y aura beaucoup de pression du côté occidental pour que les Ukrainiens tempèrent leur objectif de guerre, qui est de libérer l’ensemble de son territoire, et qu’il y ait négociation. Mais pour qu’il y ait négociation, il faut que les deux parties veuillent négocier.

Les liens entre l’Ukraine et le Canada sont-ils toujours très forts?

Les liens du Canada avec l’Ukraine sont très forts. Le Canada est l’un des premiers pays à avoir reconnu l’indépendance ukrainienne au début des années 90, en partie parce qu’il y a une très grande diaspora ukrainienne au Canada. C’est la seconde en nombre après la Russie, surtout dans les provinces des Prairies. Au Québec, un peu moins, mais il y a environ 40 000 ressortissants ukrainiens dans la région de Montréal, mais c’est plus que ça. Le Canada est un pays qui appuie de manière très vive l’OTAN, de manière générale, car c’est dans son intérêt de le faire. Le Canada a été l’un des pays qui ont souhaité le plus ardemment que l’Ukraine joigne l’OTAN. Dès 2014, 2015, le Canada a aussi fourni de l’aide au moment de l’annexion de la Crimée à l’Ukraine.

La contre-offensive ukrainienne sera-t-elle un élément tournant de l’avenir de ce conflit?

On aura une plus grande vue de la capacité des forces ukrainiennes actuellement à percer les défenses russes. Donc, oui, cela nous en dira beaucoup sur l’avenir du conflit, car si l’on voit que les gains sont limités, il y aura peut-être un désir de se retrouver avec un cessez-le-feu. Mais pour ce faire, il faudra convaincre la partie adverse de maintenir un cessez-le-feu. Du côté russe, ce n’est pas forcément dans son intérêt. C’est de l’intérêt de Poutine de maintenir son offensive. Il estime que les Occidentaux vont se lasser et que leur soutien s’effondrera. Donc, le temps joue pour les Russes.