Coiffeur d'Alep à Saint-Bruno

La famille de Michel et de Thérèse est la deuxième famille syrienne à s’implanter et à trouver un travail à Saint-Bruno-de-Montarville après avoir fui la guerre. Le journal Les Versants les a rencontrés sur le lieu de travail de Michel.
La révolution syrienne contre le régime du président Bachar el-Assad dure depuis 2011. Un très grand nombre de citoyens de ce pays ont quitté leur pays pour sauver leur vie, en laissant derrière eu tout ce qu’ils avaient construit.  Michel et Thérèse font partie de ces voyageurs malgré eux. Après un long périple, des aventures qui dépassaient leur imaginaire, ils ont fini par poser leur valise, avec leur fils de 5 ans, à Saint-Bruno-de-Montarville.  L’Action communautaire pour les réfugiés, un organisme créé sous l’impulsion de citoyens montarvillois et encadré par l’unité pastorale des paroisses de Saint-Bruno et Saint-Basile, a demandé de préserver leur identité.
L’association montarvilloise, créée en 2015, s’est donné le mandat de faciliter la venue de familles syriennes catholique en sol québécois. Une initiative qui avait été lancée par des habitants du quartier Sommet-Trinité. « C’était difficile de trouver de la nourriture. Les prix étaient multipliés par dix et on se sentait de plus en plus en danger. »

« Deux de mes sœurs habitaient l’une à Laval, l’autre à Saint-Bruno. C’est comme cela que nous avons pu immigrer au Québec. » – Michel

Profession coiffeur
Michel vivait avec sa famille dans une petite ville proche d’Alep. Sa profession en Syrie : coiffeur. Il avait pris la relève du salon de son père qui donnait un coup de main à son fils et à ses cinq employés. « Nous avions une belle clientèle, mais lorsque la guerre a commencé, même si nous étions épargnés des bombardements, nous n’avions plus d’eau ni d’électricité. Les priorités des femmes changeaient également. Elles prenaient moins soin d’elles », explique Thérèse en traduisant les propos de son mari. Ce dernier connaît quelques mots en français, mais vient juste de commencer ses cours de francisation.
Thérèse, elle, parle très bien le français. Attirée par cette langue, elle a suivi des cours de littérature française à l’université d’Alep et a poursuivi ses efforts en continuant des cours de français par correspondance. Des connaissances qui lui sont indispensables aujourd’hui au Québec.
En Syrie, la situation économique n’étant plus viable, le couple décide, avec son jeune enfant de 6 mois, de quitter pour 3 mois la Syrie en 2012, afin de rejoindre la famille de Thérèse au Liban.
« C’était difficile de trouver de la nourriture. Les prix étaient multipliés par dix et on se sentait de plus en plus en danger. Mes parents habitent le Liban, alors on a décidé d’y aller pour trois mois. Finalement, nous ne sommes jamais revenus », précise-t-elle.
À leur arrivée au Liban, la situation est moins dangereuse, mais pas encore à son meilleur. Une grande vague de réfugiés syriens habite déjà le pays et la vie est très chère. « Au Liban, j’ai réussi à travailler dans une boulangerie. Pour survivre, il fallait que je fasse parfois jusqu’à 16 h de travail par jour », se souvient Thérèse, qui vivait avec sa famille dans un petit studio.
Là encore, le couple regarde toutes les options qui s’offrent à lui pour offrir un meilleur avenir à son enfant. « Deux de mes sœurs habitaient l’une à Laval, l’autre à Saint-Bruno. Nous nous sommes inscrites à l’église Jésuite au Liban qui était en lien avec l’Action communautaire pour les réfugiés de Saint-Bruno. C’est comme cela que nous avons pu immigrer au Québec », explique Michel.
Le couple et son enfant sont arrivés à Montréal le 17 janvier 2017, accueillis par l’association montarvilloise qui s’est chargée de lui trouver un logement.
« Nous habitons juste à côté de ma sœur, qui est venue en 2016 avec son mari et ses enfants. Nous sommes arrivés comme immigrants et non comme réfugiés. On nous a aidés pour payer notre billet d’avion », raconte le couple, le sourire aux lèvres.
Le coiffeur aux mains syriennes
La vie de Michel et Thérèse a depuis totalement changé. Une étape supplémentaire dans leur intégration s’est produite le 26 avril pour Michel.
Nadia Bottari, copropriétaire du salon de coiffure Société beauté, avec Grégoire Dionne, à Saint-Bruno-de-Montarville, a été sensibilisée à leur histoire. « Lorsqu’on m’a présenté Michel, l’organisme m’a indiqué que la première chose qu’il a demandé, c’était de savoir s’il pourrait faire le même métier qu’en Syrie ici au Québec », explique-t-elle.
Les vendredi et samedi de la semaine, le coiffeur pour dames montre ses talents aux clients et sa patronne n’a déjà que de bons mots pour lui. « J’ai été très sensible à leur histoire. En rencontrant ces personnes, on se dit qu’on est quand même privilégiés d’avoir cette qualité de vie au Québec, et puis Michel travaille tellement bien. »
Quant à Thérèse, elle a trouvé un emploi dans la restauration rapide à Saint-Bruno, près du salon de coiffure.
Des Montarvillois
La vie de Thérèse, Michel et de leur garçon se déroulera désormais à Saint-Bruno. Quand on parle des souvenirs qu’ils garderont de la Syrie, tous les deux n’hésitent pas à dire qu’ils ne se rappellent « que des bons souvenirs en Syrie. Avant la guerre, nous étions heureux, mais désormais, nous n’avons plus de famille là-bas. Notre vie, c’est ici, au milieu de gens qui ont su nous accueillir avec une très grande gentillesse », concluent-ils.