Caroline Bélanger étudie les volcans

Caroline Bélanger s’intéresse aux volcans. La Grandbasiloise s’envolera bientôt vers la Nouvelle-Zélande, pour trois ans d’études à l’Université d’Otago.
Mais la singularité de cette histoire ne s’arrête pas là. Caroline Bélanger a été acceptée à l’Université d’Otago, située à Dunedin, une ville de l’île du sud de la Nouvelle-Zélande, afin d’étudier un volcan basé en Californie, aux États-Unis.
En plus d’être acceptée, l’universitaire obtiendra une bourse de 25 000 $ annuellement. « Mon terrain d’études sera en Californie, où je vais récolter des échantillons autour du cratère Ubehebe, dans le parc national de la vallée de la Mort (Death Valley). J’y serai environ une dizaine de jours pour commencer, en avril. Mais sinon, c’est en Nouvelle-Zélande que je serai basée le plus souvent », explique Caroline Bélanger, en entrevue avec le journal Les Versants.
Le cratère volcanique Ubehebe est un maar qui fait partie d’un complexe de petits volcans situé à Death Valley. Selon la jeune femme, il s’agit d’un cratère très bien exposé et dont le champ volcanique a été préservé. Sur le site, elle récupérera des échantillons de roches et les analysera ensuite en laboratoire. L’idée est d’essayer de retracer l’histoire des événements entourant ce cratère volcanique considéré « relativement jeune ». Celui-ci serait âgé de 2 000 à 5 000 ans. L’aventurière aime l’idée de travailler en plein air et d’accomplir une tâche plus physique que le boulot en labo.
« C’est loin et en tant que parents, nous serons toujours inquiets. Mais ce sont de belles études, déclare son père, Guy Bélanger, qui avoue avoir eu un pincement au cœur à l’annonce de sa fille. Nous sommes fiers d’elle, fiers de voir qu’elle part du bon pied et qu’elle chemine bien dans la vie. »

Parcours

Caroline Bélanger a décroché un baccalauréat de géologie en juin 2015 à la suite d’études à l’UQAM. Puis, en décembre dernier, elle a terminé sa maîtrise en sciences de la terre à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) : « J’étais en procédures pour mon doctorat. J’avais envie de poursuivre mes études, toujours en géologie. Mais cette fois, j’ai choisi une spécialisation en volcanologie. »

« Le mont Saint-Bruno n’est pas un volcan. » -Caroline Bélanger

En Nouvelle-Zélande, elle travaillera auprès du superviseur de recherches James White, « un des meilleurs » dans le domaine. Une recommandation de Pierre-Simon Ross, un professeur de volcanologie et de géologie économique que la Grandbasiloise a connu à l’INRS. « Caroline a été l’une de mes meilleures étudiantes à l’INRS. Je crois qu’elle a le potentiel pour faire un doctorat en volcanologie. Elle a la personnalité, la persévérance et les capacités pour réussir, répond Pierre-Simon Ross. Je l’ai recommandée à James White, l’un des grands volcanologues sur la planète. C’est la première fois que je lui envoie un étudiant, alors je n’ai pas de doutes qu’elle va réussir. »
Au cégep, elle avait plutôt choisi les sciences pures. La médecine l’intéressait. Selon elle, c’est le hasard qui l’a dirigée vers la géologie. Aujourd’hui, elle ne regrette pas d’avoir été « accrochée » par cette matière.
Par ailleurs, elle souligne qu’elle a toujours voulu visiter la Nouvelle-Zélande, lieu de tournage du Seigneur des anneaux, série de films qu’elle apprécie.

Curiosité

« J’ai toujours voulu expliquer pourquoi la Terre et le monde fonctionnent ainsi. Je me questionnais beaucoup sur les montagnes, les plages, les volcans, quand j’étais plus jeune. Les plaques tectoniques, je trouvais ça cool! C’était une passion, les questions. Mais en même temps, j’étais trop jeune pour bien comprendre le pourquoi du comment. Puis j’avais cette curiosité scientifique à propos des volcans », se souvient-elle. Citoyenne de Saint-Basile depuis longtemps, Caroline Bélanger a grandi tout près du mont Saint-Bruno. « Je me rappelle qu’enfant, on disait que ce mont était un volcan et qu’il allait entrer en éruption! » Son père commente : « Toute petite, Caroline ramassait des roches. Elle avait une collection de pierres qu’elle cachait sous son lit. » La fille ajoute : « J’aimais ma collection de roches. Je crois qu’elle m’a permis de développer ma curiosité. »
De son côté, le professeur Pierre-Simon Ross soutient que pour plusieurs, cette passion pour les volcans remonte souvent à l’enfance : « C’est une étincelle qui s’allume enfant, pour les dinosaures, les volcans, les roches. Et plus tard, vous découvrez les sciences géologiques. »

Voyager

Son expédition dans la vallée de la Mort ne sera pas une première expérience de terrain pour Caroline Bélanger. Ses études dans ce domaine lui ont permis de voyager à quelques reprises. En effet, pendant sa maîtrise, l’étudiante a aussi procédé à des analyses sur un diatrème (la partie la plus profonde exposée sous le maar d’un volcan) de Cathedral Cliff, au Nouveau-Mexique. Elle a fait de même pendant une semaine en Écosse, sur un autre diatrème. Durant ses années de baccalauréat, elle a travaillé au sol pendant deux étés avec le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, à Val-D’Or et sur la Côte-Nord, tout près de la centrale Manic-5. Elle agissait alors à titre d’associée géologue, cartographiait de nouvelles données et identifiait des roches. Des recherches qui pourraient aider la communauté scientifique. « Ce que je vais entreprendre au cours des trois prochaines années, ça ne vous apportera rien, directement à vous. Mais pour la communauté scientifique, ce sont de nouvelles connaissances afin de comprendre le processus volcanique, prévoir les risques, agir plus rapidement en cas d’éruption. C’est important. » D’ici là, Caroline est en attente. Elle a rédigé un article, actuellement en révision par ses pairs, qui pourrait être publié dans le Bulletin Of Volcanology : « Si ça fonctionne, ce sera ma petite contribution à la communauté scientifique. »
La voyageuse mentionne qu’après autant d’études, elle a appris amplement. Cependant, la plupart du temps, les réponses entraînent d’autres questions. La plus belle de ces réponses? « Je ne sais pas… j’ai tellement appris! J’ai réalisé que nous sommes petits dans l’univers. Et aussi que le mont Saint-Bruno n’est pas un volcan », lâche-t-elle dans un éclat de rire.

QUESTION AUX LECTEURS :

Avez-vous déjà fait des études qui sortent de l’ordinaire?