Bâtiment : besoin de main-d’oeuvre dans le grand Montréal

La situation est alarmante dans le Grand Montréal en ce qui concerne la pénurie de main-d’œuvre dans la construction, selon l’Association de la construction du Québec (ACQ).

Quelques semaines après avoir dévoilé les résultats d’une étude réalisée par la firme Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT) démontrant le manque de près de 20 000 travailleurs dans l’industrie de la construction, l’Association de la construction du Québec (ACQ) a présenté aujourd’hui, à la Plaza Rive-Sud de La Prairie, le portrait de la situation pour la grande région de Montréal. Selon l’étude de RCGT, il manquera en moyenne près de 15 000 travailleurs au cours des 10 prochaines années dans la région métropolitaine pour répondre à la demande.

Des années records à prévoir pour les 10 prochaines années
Malgré la menace d’un ralentissement de l’économie mondiale, l’étude de RCGT démontre que les heures travaillées au Québec, particulièrement dans le Grand Montréal, demeureront au-dessus des seuils historiques de 2011-2012, et ce, pour les 10 prochaines années. Ces niveaux records d’heures travaillées continueront de mettre une pression énorme sur les entreprises de construction.

Selon l’économiste de l’ACQ, Jean-Philippe Cliche, « nous observerons un ralentissement dans le secteur résidentiel, mais dans le secteur institutionnel-commercial et industriel, que représente l’ACQ, le nombre d’heures travaillées demeurera au-dessus des seuils historiques de la région, notamment grâce aux investissements gouvernementaux ».
Il manquait plus de 20 000 travailleurs sur les chantiers dans la région du Grand Montréal en 2019, selon l’ACQ.

« En effectuant une moyenne des 10 prochaines années, ce sont près de 15 000 travailleurs de plus dont l’industrie aurait besoin dans la région du Grand Montréal pour répondre à la demande. » – ACQ

20 000 travaileurs de plus
Lorsque l’ACQ compare les moyennes d’heures travaillées des 10 dernières années, elle remarque qu’il y aura un manque à gagner important de travailleurs pour les années à venir. En 2019, l’ACQ estime qu’il aurait fallu environ 20 000 travailleurs de plus pour arriver à des moyennes d’heures travaillées dites « normales ».

L’ACQ croit qu’il y aura toujours un manque à gagner de près de 14 000 travailleurs en 2023, alors qu’en 2028, ce sont plus de 17 000 travailleurs de plus qui seront nécessaires à l’industrie pour arriver à des moyennes travaillées dites « normales », et ce, si les tendances observées en matière de recrutement de la main-d’œuvre ne changent pas dans le futur.

« En effectuant une moyenne des 10 prochaines années, ce sont près de 15 000 travailleurs de plus dont l’industrie aurait besoin dans la région du Grand Montréal pour répondre à la demande. Dans la grande région métropolitaine, ce sont presque tous les métiers de la construction qui souffrent d’un manque de main-d’œuvre », observe l’économiste de l’ACQ.

Parmi les métiers les plus sollicités, on note des besoins importants pour les métiers suivants : calorifugeur, chaudronnier, ferrailleur, mécanicien d’ascenseur, mécanicien de chantier, opérateur d’équipement lourd, peintre, poseur de revêtement souple, soudeur et grutier.

Les conséquences
Un an après avoir tiré la sonnette d’alarme, l’ACQ admet que la situation est maintenant plus problématique que jamais et que les entrepreneurs en construction vivent difficilement avec les conséquences de cette pénurie.

Selon un sondage de la Commission de la construction du Québec (CCQ) datant du mois d’août 2019, les entrepreneurs en construction sont unanimes : seulement 1 % d’entre eux croient que les difficultés à embaucher sont moins intenses que dans les 12 derniers mois. Dans le même sondage, 77 % affirment ne pas avoir été en mesure de pourvoir tous leurs postes de compagnons, 67 % leurs postes d’apprentis et 72 % leurs postes d’occupation.

Or, les conséquences sont majeures : les entrepreneurs affirment que leur entreprise est moins rentable ou concurrentielle (62 %), ils refusent des contrats (61 %), travaillent plus d’heures eux-mêmes (60 %), alors que plus de la moitié d’entre eux affichent des retards dans la livraison de leurs contrats (58 %). Pour faire face à la pénurie, ils reportent ou étalent des contrats (55 %) ou embauchent et forment des travailleurs moins expérimentés (44 %).

En ce sens, l’ACQ invite le gouvernement Legault à s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie de la construction en priorité, puisque des investissements importants sont prévus en matière d’infrastructures gouvernementales, notamment dans les infrastructures scolaires.

Vers un virage technologique
Selon l’ACQ, un virage technologique de grande envergure est une solution incontournable à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la construction. En fait, l’ACQ fonde beaucoup d’espoir sur l’utilisation des technologies et des nouvelles techniques de production, car elle permettrait non seulement d’améliorer la productivité en chantier, mais elle permettrait aussi d’atténuer les effets de la pénurie de main-d’œuvre.

À cet égard, l’ACQ invite les différents paliers de gouvernement à se pencher rapidement sur des solutions pour aider les entreprises, notamment les entreprises de cinq employés et moins, à procéder à un virage technologique important au cours des prochaines années.

L’ACQ en tournée à travers le Québec
Au cours des prochaines semaines, l’ACQ visitera plus d’une dizaine de régions au Québec pour dévoiler les résultats de son étude et proposer aux entrepreneurs en construction une série de solutions à court, moyen et long terme, afin de pallier le manque de main-d’œuvre auquel devra faire face l’industrie dans les 10 prochaines années.

Parmi les solutions avancées pendant la tournée, l’ACQ propose divers changements réglementaires à la CCQ pour, entre autres, améliorer la gestion des bassins de main-d’œuvre, améliorer l’offre de formation dans les régions en fonction des besoins identifiés par l’ACQ et réduire les délais administratifs pour la reconnaissance des acquis pour les nouveaux arrivants et les travailleurs d’industries connexes.

Finalement, l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA), Ressources entreprises et ACCLR, accompagneront l’ACQ dans sa tournée pour offrir des conseils aux entrepreneurs sur le recrutement, la rétention et les programmes de financement en matière d’employabilité et de formation.

À propos de l’ACQ
Principal groupe de promotion et de défense des intérêts des entrepreneurs de l’industrie québécoise de la construction, l’Association de la construction du Québec (ACQ) est le plus important regroupement multisectoriel à adhésion volontaire de cette industrie. L’ACQ représente 17 719 entreprises qui génèrent plus de 62 % des heures totales travaillées et déclarées dans l’industrie. Elle est également présente dans le secteur résidentiel par l’entremise de ses Plans de garantie ACQ (PGA). (Source : ACQ)