Le basket secoué

Le basketball québécois est ébranlé. Sept athlètes féminines, dont une qui a porté les couleurs de l’Association de basketball de Saint-Bruno, ciblent l’entraîneur Danny Vincent par des allégations d’abus physiques et de harcèlement psychologue.  

« Comme l’ont dit d’autres associations avant, c’est déplorable quand des entraîneurs posent de tels gestes sur nos athlètes », commente d’emblée l’ombudsman de l’Association de basketball de Saint-Bruno, François Bibeau.

Le reportage de J.E., diffusé le 18 novembre, jette un nouveau scandale dans l’univers du ballon-panier.

« C’est une situation qui était très difficile. » – Une ancienne athlète de Danny Vincent  

L’Association de basketball de Saint-Bruno a su, il y a 10 ans, que Danny Vincent n’était pas recommandable. Les ponts ont été coupés entre lui et l’organisation à ce moment-là. « Les gens qui étaient en place 10 ans en arrière ont reçu l’avis, et Danny Vincent a été remercié. Les règles sont formelles », ajoute M. Bibeau en entrevue. À la suite de la séparation entre Danny Vincent et la concession de basketball, les parents ont aussi été informés. Danny Vincent a été entraîneur pour l’équipe cadette AAA (des filles de 3e secondaire) de l’Association pendant une saison, de septembre 2011 à juin 2012. « Une information avait été amenée à notre Association comme quoi cet entraîneur n’était pas recommandable. La notification provenait d’un autre établissement auquel Danny Vincent était embauché. Il n’était pas avec nous à temps plein. Le Service de police de l’agglomération avait enquêté. Nous avons donc coupé les liens avec lui et il n’est pas revenu », mentionne François Bibeau.

À la police 

Le Service de police de l’agglomération de Longueuil, que le journal a contacté, s’est abstenu de discuter de l’affaire Danny Vincent. « Nous ne commenterons pas sur un signalement fait auprès de l’Association. En ce qui concerne le Service de police de l’agglomération de Longueuil, le SPAL n’est pas en mesure de confirmer ou d’infirmer qu’une enquête est en cours dans le présent dossier », explique l’agent relationniste François Boucher. 

Par contre, le SPAL et son Équipe des crimes à caractère sexuel (ECCS) se disent sensibles à ce type de dossiers et invitent toute personne qui aurait été témoin ou qui aurait été victime d’actes similaires à entrer en contact avec son service de police local, ou avec le SPAL.

L’Association de basketball de Saint-Bruno aussi parle de prévention, de sensibilisation, de dénonciation. En entrevue avec Les Versants, son président, Georges Germanos, rappelle que toute organisation sportive vérifie, à l’aide des services de police, les antécédents judiciaires des entraîneurs à embaucher. « C’est obligatoire. Il y a un suivi à faire avec le profil des entraîneurs. Mais nous ne sommes pas à l’épreuve de tout. Clairement, il y a un gros travail à faire », plaide Georges Germanos. Celui-ci est d’ailleurs d’avis que ce n’est pas assez de s’appuyer sur les rapports de police et les antécédents judiciaires de ces individus. « Aujourd’hui, les outils dont disposent les organismes sont judiciaires. C’est tout. Sinon, c’est du bouche-à-oreille », renchérit François Bibeau. 

L’aide offerte

Les deux hommes du basket montarvillois insistent aussi sur l’aide offerte. « Tous les jeunes, parents ou autres membres, au niveau de tous les sports, peuvent passer par des organismes, comme Sport’aide. C’est le message important ». Il y a aussi la plateforme Je porte plainte. « Le premier est pour se confier, recevoir de l’aide avec des spécialistes, pas nécessairement porter plainte. Le deuxième, c’est vraiment pour porter plainte. »

Danielle Arsenault a joué au basket dès l’âge de 12 ans jusqu’à 45 ans. Ensuite, elle a entraîné les équipes de ses enfants. Elle connaît Danny Vincent depuis plus de 20 ans. « Ça me brasse. Le basket m’a tellement apporté dans la vie. Aujourd’hui, j’ai mal à mon sport », dit-elle. La Grandbasiloise parle d’un Danny Vincent exigeant, dévoué au basket, attentionné aux détails. « Ça m’ébranle, insiste celle qui est d’avis qu’une grande réflexion de société s’impose. Je pense à ces filles, au courage qu’elles ont eu de dénoncer ces abus. Je leur souhaite de se reconstruire. Tout mon cœur va à ces athlètes qui ont dénoncé. »

Encore affectées   

On a tenté de joindre certaines de ces filles qui ont joué pour Danny Vincent lors de leur passage dans la formation cadette AAA. En vain… « Je préfère ne pas partager mon opinion face à ce scandale. Danny Vincent n’était mon entraîneur que pour une saison, alors que j’étais une recrue dans le monde du basketball. »

Puis une autre, qui hésite à parler parce que cette histoire est venue « brasser beaucoup de souvenirs, pas tous bons ». La jeune femme se dit aussi tiraillée entre le respect de ses amies et anciennes coéquipières, leur vie privée et les souvenirs de l’époque. « C’est une situation qui était très difficile. Avec le reportage de J.E., c’est de nouveau difficile. »  

Les parents des joueuses aussi ont préféré ne pas se commettre à la suite de ce scandale. L’un d’eux, par contre, a bien voulu se confier au journal. « Danny Vincent avait une manière de manipuler. Je regrette beaucoup de n’avoir rien fait pour les filles, malgré les signes qui sont de plus en plus clairs aujourd’hui. Nous n’avons pas réalisé à quel point sa manipulation était forte. »

Enfin, il est important de ne pas confondre le Danny Vincent du basketball à Saint-Bruno et le Dany Vincent du baseball à Saint-Basile-le-Grand. Les deux s’impliquent dans le sport sur notre territoire, les deux ont le même nom, à une lettre près. Il n’y a aucun lien de parenté entre les deux, selon ce que nous a dit Dany Vincent.