Arbitrage entre Martin Murray et l’ancien directeur général

Après la pause estivale, le climat ne s’est pas assagi à l’hôtel de ville. La semaine dernière, lors de la séance du conseil municipal, il a été voté qu’un arbitre/avocat regardera si le maire de Saint-Bruno a usé de son pouvoir pour brimer l’ancien directeur général démissionnaire.

« Si vous ne quittez pas l’assemblée, je lève la séance du conseil! » s’est insurgé le maire Martin Murray pour faire taire un des conseillers qui souhaitait développer un point à l’ordre du jour devant les citoyens. « Ça prend la majorité pour lever le conseil. »

L’événement est tellement rare, qu’aucun élu ne savait vraiment comment procéder. Finalement, la séance a été suspendue quelques minutes, sans que les élus de l’opposition quittent leur siège, avant de reprendre de plus belle. L’objectif de la résolution était de donner le mandat au nouveau directeur général de retenir les services d’un arbitre/avocat « aux fins de règlement d’un litige à l’égard du paiement final de banques d’heures à la suite du départ d’un employé-cadre », comme on peut le lire dans la résolution votée.

« Si l’arbitre prouve que j’ai tort, je prendrai alors mes responsabilités. » – Martin Murray

Des conseillers sommés de se taire
Le maire ne souhaitait pas donner la parole aux conseillers de l’opposition qui étaient à l’origine de cette résolution, même si ces derniers souhaitaient émettre des commentaires. Après que le maire a jugé de « ridicule » le fait que les conseillers souhaitent s’exprimer sur le sujet, Marilou Alarie, conseillère du district 6, n’a pas voulu laisser passer ce commentaire : « Si c’est ridicule pour vous de laisser la parole aux conseillers municipaux, c’est à vous de faire un exercice d’analyse. Chaque conseiller a le droit de s’exprimer. »

Toutes les personnes qui ont voulu ajouter un commentaire ont finalement obtenu la possibilité de le faire.
Pour Martin Murray, contacté par le journal, l’attitude de certains élus de l’opposition est
« inacceptable et inadmissible! C’est ça qu’on vit depuis janvier dernier et cela a un effet négatif au sein de l’appareil administratif. »

M. Murray regrette que certains mots aient été utilisés à son encontre et que l’on veuille faire de la politique lors d’une séance du conseil municipal. « Il faut corriger les règlements internes pour leur donner plus de mordant. J’ai demandé à M. Bédard d’arrêter et il ne l’a pas fait, de se récuser ou de sortir et il ne l’a pas fait non plus. Un maire a droit au respect pour la fonction qu’il représente. Il y aura des mesures qui seront prises, mais je ne ferai jamais appel aux policiers », a précisé le maire, sans expliquer les mesures qu’il compte prendre.

Rappelons que selon le Code municipal, il appartient au maire d’agir à titre de chef d’orchestre à l’occasion d’une session du conseil. C’est donc le premier magistrat qui doit diriger l’assemblée et permettre aux membres du conseil et au directeur général d’exprimer leur point de vue ou de répondre aux questions, et cela, sans abus de pouvoir, comme il est mentionné dans l’article de loi.

Pendant un long moment, il n’était pas possible pour les citoyens de savoir l’identité du cadre dont il était question dans ce débat. C’est peu avant le vote de la résolution que Mme Alarie a décidé de dévoiler l’identité de Guy Hébert, l’ancien directeur général démissionnaire, comme étant le cadre dont il était question.

De Saint-Bruno à La Prairie
À peine deux semaines après que le DG a claqué la porte à la Ville de Saint-Bruno, la Ville de La Prairie lui a proposé de devenir son directeur général. Au début du mois, il commençait officiellement dans ses nouvelles fonctions. « À dire vrai, je ne comptais pas reprendre le travail si vite. J’ai reçu plusieurs propositions, mais je ne pouvais pas refuser celle du maire de La Prairie, qui est une ville proche de chez moi », a indiqué au journal Guy Hébert.

Quant à ce qui l’oppose à la Ville de Saint-Bruno, il a indiqué qu’il était en négociation, c’est pourquoi il n’a pas voulu s’exprimer sur le sujet. Il a cependant en effet confirmé que l’entente négociée pour son départ n’avait pas été respectée : « Ce n’est pas pour le montant en tant que tel que je réclame mon dû, c’est dans un principe d’équité. »

Lorsqu’on lui demande s’il est en forme, vu qu’avant son départ, M. Murray tentait d’expliquer que M. Hébert devait partir pour des raisons de santé, il répond du tac au tac : « Je suis en parfaite santé. On ne m’aurait pas pris deux semaines après ma démission sans ça. » Une réponse qui laisse à penser que les relations entre les deux hommes n’étaient pas bonnes et pourraient être la cause du départ de Saint-Bruno de M. Hébert.

M. Murray est catégorique quant à l’entente passée entre lui et M. Hébert pour sa rémunération. « Je n’ai jamais eu d’entente avec M. Hébert! Je sais où sont mes limites. Je serais allé au-delà des règles si j’avais fait ça. Nous prendrons acte de la décision de l’arbitre/avocat, mais je n’ai pas l’ombre d’un doute de sa décision. »

Les élus de l’opposition, majoritaires, ont plutôt tendance à vouloir accorder à M. Hébert la somme réclamée, pas le maire, qui s’appuie sur un avis juridique semblant le conforter dans sa décision. « Si l’arbitre prouve que j’ai tort, je prendrai alors mes responsabilités, a-t-il soutenu lors de la séance. On m’accuse d’avoir agi de manière malicieuse pour léser les intérêts d’une personne. Laissons l’arbitre faire la lumière. Jusqu’à nouvel ordre, je ne suis pas coupable. »

Très mécontent de cette décision, M. Murray a avoué avoir demandé une suspension de séance. « Pour reprendre mon calme », a-t-il précisé.

Une décision unanime
La décision de l’arbitrage a été finalement prise à l’unanimité. Même Isabelle Bérubé et Vincent Fortier, conseillers respectivement des districts 5 et 2 et membres du parti du maire, le Parti montarvillois, ont voté pour cette proposition apportée à l’ordre du jour par l’opposition majoritaire.

En séance, M. Fortier a précisé son vote en disant qu’ « il est vrai qu’au début, j’étais plus ou moins favorable à un arbitrage, car les explications qu’on m’avait données me semblaient suffisantes, mais j’ai décidé d’appuyer cette décision. Il faut que tout le monde soit jugé équitablement. J’ose espérer que l’arbitre va réussir à trancher la question sans frais trop élevés. »

Quand on interroge M. Fortier à savoir si les tensions entre les élus pouvaient s’atténuer un jour, avant la fin de ce mandat, ce dernier ne voit pas de réponse simple. « Il faudrait commencer par avoir une approche normative. Si l’on respecte les clauses du conseil municipal, tout ira bien. Ça devrait donc être possible, il n’en tient qu’à l’ensemble des élus. C’est comme ça qu’on va respecter tous nos citoyens. »

Plusieurs départs
Soulignons que la Ville de Saint-Bruno a connu, lors des six dernières années, trois directeurs généraux, plusieurs départs de directeurs de services, le départ d’un conseiller municipal issu de la formation politique du maire, la démission du Parti montarvillois de trois autres conseillers municipaux qui siègent aujourd’hui en tant qu’indépendants.