Nuisances sonores : après les avions-écoles, les Boeing de l’aéroport de Saint-Hubert

Une citoyenne de Saint-Bruno est à l’origine d’une pétition qui regroupe pour l’instant une centaine de signatures contre les nuisances sonores de l’aéroport de Saint-Hubert.

Sonia Simard a acheté avec sa famille une propriété à Saint-Bruno-de-Montarville. Son conjoint, urbaniste de profession, a pris soin de vérifier que l’endroit était tranquille et notamment que la maison n’était pas sous un couloir aérien.

Après la joie d’emménager dans leur nouvel endroit proche du centre-ville, quelle ne fut pas leur surprise d’être dérangés par les avions atterrissant et décollant de l’aéroport de Saint-Hubert!

« Depuis le mois d’août, chaque fois qu’il fait beau, les avions passent toutes les deux minutes. J’ai voulu faire une plainte par rapport au bruit et on m’a demandé le numéro de l’avion et la hauteur à laquelle il volait. Comment pourrais-je faire pour savoir? »

À la suite d’appels à presque tous les aéroports et aérodromes de la région pour savoir si leurs avions faisaient des vols fréquents au-dessus de Saint-Bruno, force est de constater que tous ont pointé du doigt l’aéroport de Saint-Hubert.

La nuisance sonore des avions est une problématique de plus en plus importante à Saint-Bruno et dans les villes avoisinantes, qui voient l’aéroport de Saint-Hubert se développer à vitesse grand V.

Une pétition

En effet, au moment d’inaugurer un nouveau revêtement sur son tarmac l’an dernier pour accueillir de plus gros avions, les autorités aéroportuaires ont indiqué leur volonté de proposer, à plus ou moins court terme, plus de destinations-voyages.

Mme Simard, inquiète de la situation actuelle, qu’elle juge déjà inacceptable, a décidé de lancer une pétition qu’elle compte présenter à la municipalité dans les prochains jours. « Nous, les citoyens de Saint-Bruno-de-Montarville, demandons au maire Martin Murray d’intervenir auprès de l’aéroport de Saint-Hubert et des différentes entités pour éliminer la pollution sonore engendrée par les avions qui circulent au-dessus des quartiers résidentiels », peut-on lire sur le site qui invite les citoyens à appuyer la démarche.

Mme Simard s’insurge d’entendre de petits avions voler à intervalles réguliers de « 6 h 30 à passé minuit. Il n’y a ni urgence ni besoin pour cette fréquence déraisonnable, et ce, au-dessus des quartiers résidentiels familiaux et paisibles. Et quel est l’impact de cette pollution sonore sur la valeur de nos propriétés? »

En plus de tout ce trafic aérien engendré par les petits plaisanciers, la pollution sonore et atmosphérique provenant de Boeing 737-200, bannis dans d’autres pays, chassés de l’Ontario à la suite des plaintes répétées des citoyens, s’ajoute à la pollution sonore des petits avions.

« La pollution sonore est un problème sérieux et surtout non nécessaire à Saint-Bruno-de-Montarville. Soyons proactifs et ajoutons nos voix, entre autres, aux citoyens de Drummondville, où la mobilisation citoyenne a engendré le déménagement d’une école d’aviation, et à Saint-Roch-de-l’Achigan, où la mobilisation citoyenne a permis au ministère des Transports de refuser les travaux d’un nouvel aérodrome, car aucune gestion de la pollution par le bruit n’avait été proposée et qu’aucun citoyen n’avait été consulté. »

Mme Simard ne souhaite pas interdire le trafic aérien, mais qu’il y ait une gestion intelligente de la chose.

« Depuis le mois d’août, chaque fois qu’il fait beau, les avions passent toutes les deux minutes. » – Sonia Simard

Les actions de la Ville

À la Ville, on connaît très bien ce problème, qui n’est pas nouveau. Martin Guevremont, élu démissionnaire du district 4, en avait même fait son cheval de bataille lors de son premier mandat en 2013. Des citoyens de Saint-Bruno s’étaient même regroupés pour soulever la problématique. Sur le site Internet de Saint-Bruno, on peut retrouver un document élaboré par le Comité de gestion du bruit et Développement Aéroport Saint-Hubert de Longueuil (DASH-L). Sous forme de questions-réponses, il est possible de lire l’entente qu’ont trouvée hors cour le groupe citoyen et les autorités aéroportuaires. Sur le site, il est aussi possible de se procurer un formulaire de plainte.

Mme Simard demande au maire de Saint-Bruno de représenter ses citoyens dans ce dossier. « Protégez vos citoyens et aidez-les à regagner leur qualité de vie familiale si prisée à Saint-Bruno-de-Montarville », peut-on lire dans la pétition qui avait recueilli au moment d’écrire l’article le 26 septembre 108 signatures.

Depuis 2009

En 2009, le comité antipollution des avions – Longueuil (CAPA-L) voyait le jour pour s’opposer au développement de l’aéroport. Dix ans plus tard, et plusieurs recours judiciaires après, le mouvement a réussi à forcer la main à deux écoles de pilotage afin d’équiper 90 % de leur flotte de silencieux et de limiter les horaires de vol. « Mais ceci ne concerne que les vols de la piste 24 gauche qui touche particulièrement Saint-Hubert. L’aéroport compte six pistes et les plaintes pleuvent. De plus, nous nous étions concentrés sur les deux plus grosses écoles de pilotage afin qu’elles puissent mettre des silencieux. Il y en a deux autres qui n’ont pas été ciblées. On pourrait croire que les élus sont là pour défendre les citoyens, mais en fait, à Longueuil, on agit plus comme un porte-parole de Dash-L qu’autre chose. Sur les gros porteurs, il n’y a aucune restriction à Saint-Hubert, alors que même à Dorval, les gros avions ne peuvent pas voler toutes les heures de la soirée », indique au journal Johanne Domingue, à l’origine du Capa-L.

Pour Martin Murray, maire de Saint-Bruno, la situation s’est améliorée, même s’il faut rester vigilant. « Le problème, ce sont les horaires de vol. Malheureusement, depuis que l’aéroport a été municipalisé, les Villes avoisinantes n’ont qu’un pouvoir de représentation et de pression. Le transport aérien est de compétence fédérale. Je ne suis pas contre un développement de l’aéroport, mais il faut penser à un développement intelligent. »

Des gros porteurs bruyants

Si une réglementation a été acceptée pour l’horaire des pratiques des avions-écoles, il n’en est rien pour les autres. Il n’y a jamais eu de couvre-feu à l’aéroport de Saint-Hubert. Comme dans tous les grands aéroports et autres types d’infrastructures de transport, l’aéroport de Saint-Hubert est ouvert 24 heures par jour, 7 jours sur 7.

Si bien que les Boeing 737-200 de la compagnie Nolinor, qui ont dû déménager de Kitchener à Mirabel en 2016, car les citoyens de Waterloo n’en voulaient plus à cause du bruit, vont s’installer à l’aéroport de Saint-Hubert sous la gestion désormais de Chrono Aviation. Les avions desserviront cinq fois par semaine une société minière dans l’île de Baffin et au Nunavut, et une fois en pleine nuit.

Et les vols de gros porteurs ne sont pas près de s’arrêter. En effet, avec les orientations des autorités aéroportuaires de Saint-Hubert, l’aéroport pourrait devenir un pôle régional susceptible de faire concurrence aux vols au rabais en partance de Burlington et de Plattsburgh.

En août, le comité antipollution des avions – Longueuil (CAPA-L) a déposé une requête à la Cour supérieure du Québec afin d’interdire les vols de nuit à l’aéroport de Saint-Hubert. Ces procédures ont été intentées pour protéger les intérêts des citoyens.

Un sujet de campagne

En pleine campagne électorale, Stéphane Bergeron, candidat du Bloc québécois dans la circonscription de Montarville, s’est rendu près de l’aéroport de Saint-Hubert pour dénoncer cette problématique. Le candidat a déclaré qu’il « est d’avis que la population de la région ne demande pas mieux que d’appuyer le développement de cette infrastructure stratégique structurante, mais à la condition que ce développement s’inscrive dans un esprit de bon voisinage et qu’on continue de s’attaquer à l’épineux problème de la pollution par le bruit, particulièrement la nuit ».

Il faut rappeler que le gouvernement fédéral aura un rôle à jouer quant au développement de l’aéroport de Saint-Hubert. En effet, l’aéroport de Montréal a l’exclusivité pour des vols nolisés dans un rayon de 70 km, octroyée par le gouvernement fédéral. « Pour assurer le développement de l’aéroport de Saint-Hubert, il faut donc que Montréal vienne à le considérer comme un partenaire complémentaire et accepte de partager sa zone d’exclusivité. »

Pour le député fédéral de Montarville, cela ne posera aucun problème à l’aéroport de Montréal de partager les vols nolisés avec Saint-Hubert. « Ce ne sont pas les charters vers le Sud qui vont impacter négativement l’activité de l’aéroport de Montréal », d’indiquer Michel Picard.

Lien pour la pétition : https://you.leadnow.ca/petitions/pollution-sonore-des-avions

Question aux lecteurs : Comment vivez-vous votre proximité avec l’aéroport de Saint-Hubert?