Une ambulance de Saint-Bruno appelée à Contrecoeur

Le récent décès d’un homme à Contrecœur, causé par le manque d’effectifs ambulanciers, a fait réagir les corps ambulanciers sur cette problématique qui perdure et qui affecte de plus en plus la population.
Le 14 novembre, un Contrecoeurois a dû attendre l’arrivée d’une ambulance pendant 33 minutes, car aucun véhicule n’était disponible dans le secteur de Sorel-Tracy ou dans les territoires limitrophes. C’est de Saint-Bruno-de-Montaville que l’ambulance est partie. À l’arrivée des paramédicaux, l’homme était en arrêt cardiorespiratoire et ils n’ont pas pu le sauver.
Résultat d’une problématique récurrente
Selon David Gagnon, vice-président de La Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec, section locale 592 (FTPQ-592), ce n’était qu’une question de temps avant qu’un tel incident se produise, car plusieurs problèmes traînent depuis des années : le manque d’effectifs et la couverture ambulancière des entreprises privées qui emploient les ambulanciers.
Le vice-président affirme qu’il y a un manque d’ambulances flagrant sur le territoire pour répondre aux besoins de la population : « Les établissements de santé en région ont de moins en moins de spécialités, comme la cardiologie, donc il y a une augmentation des transferts d’un hôpital à un autre. Pendant les transferts, les ambulances ne sont pas disponibles pour répondre aux appels. » C’est ce qui s’est passé à Sorel-Tracy. Les deux ambulances qui sont habituellement affectées au territoire étaient à l’hôpital Pierre-Boucher à Longueuil : l’une pour un transfert et l’autre pour accompagner un patient. Une ambulance de plus aurait pu faire tourner la situation.
Dans un communiqué, le président provincial de la FTPQ-592, Benoît Cowell, soutient que la demande et les besoins surpassent l’offre disponible : « Le vieillissement de la population fait exploser le nombre d’appels partout au Québec. L’ajout de véhicules sur la route se fait toutefois au compte-gouttes, sans tenir compte des véritables besoins de la population. »

« Le vieillissement de la population fait exploser le nombre d’appels […] L’ajout de véhicules sur la route se fait toutefois au compte-gouttes, sans tenir compte des véritables besoins de la population. » -Benoît Cowell

Couverture du territoire déficiente
David Gagnon croit aussi qu’il faut changer la manière dont les ambulances sont réparties. Les entreprises privées décident de quelle manière elles couvrent leurs territoires. « Actuellement, quand il n’y a plus d’ambulances disponibles dans un secteur, les entreprises privées déplacent une ambulance d’un autre secteur qui leur appartient pour le rapprocher, mais même en roulant en urgence, le délai peut être très long et un territoire entier peut être laissé sans couverture suffisante pendant des heures. »
Par exemple, les véhicules du secteur le plus près, Varennes, qui appartiennent à une autre entreprise, étaient également indisponibles. David Gagnon trouve cela excessif que ce soit Saint-Bruno qui ait répondu à l’appel.
Un événement anticipé
Le 10 novembre, lors d’une manifestation des paramédicaux, on prédisait ce type d’incident. Gaétan Dutil, le président du Syndicat des paramédicaux et du préhospitalier de la Montérégie, avait anticipé ce que la surcharge de travail et le manque d’effectifs entraîneraient. « Des délais qui dépassent 20 minutes c‘est inacceptable. On attend quoi avant de prendre des mesures ? On doit réagir avant qu’il y ait une catastrophe ou que quelqu’un en meure », avait-il déclaré il y a quelques semaines.
Le ministère fait la sourde oreille
Les paramédicaux sont sans convention collective depuis plus de deux ans. Toutefois, les représentants syndicaux ont peine à se faire entendre, puisqu’ils doivent négocier avec leurs employeurs, même si plusieurs éléments relèvent du ministère de la Santé, tels que le financement.
« Le ministre Barrette se cache derrière des négociations qu’il laisse volontairement traîner depuis plus de deux ans, alors que le véritable problème est son analyse simpliste des besoins, basée uniquement sur le nombre d’appels sur un territoire donné », poursuit Benoît Cowell. David Gagnon est du même avis : « Le ministre banalise la situation, il faudrait un schéma plus poussé de gestion des risques pour la population. » Il espère que cet incident ne se reproduira pas bientôt.