Allumez votre « radar »

Le cas de la personne âgée vivant en HLM et retrouvée morte un mois après son décès dans la solitude la plus complète interpelle le Réseau actif de dépistage des aînés à risque (RADAR), qui cherche à briser l’isolement des aînés en formant des citoyens alertes dans la Vallée-du-Richelieu.
Développé en 2014, le projet RADAR est devenu un complément essentiel au Centre d’écoute Montérégie grâce à des subventions de Québec ami des aînés (QADA) et de l’Oeuvre Léger. L’idée est de dépister les aînés qui sont susceptibles de vivre de l’isolement. La coordonnatrice du projet, Nathalie Francoeur, a rencontré plusieurs employés régulièrement en contact avec les aînés, dont ceux de plusieurs services municipaux (services de police, sécurité incendie, bibliothèques, perception des taxes, etc.) ou encore des services publics et communautaires, allant du salon de coiffure à la popote roulante.

« Vous êtes peut-être mal à l’aise de ne pas vous mêler de vos affaires, mais sachez que vous pouvez dépister quelque chose et vous pouvez en parler autour de vous. » – Nathalie Francoeur

« Dans la formation, il y a beaucoup de choses dont les gens restent surpris. Comme quoi une personne a pu vivre de l’âgisme, car on l’a infantilisée [dans la façon de lui parler]. On aborde aussi tout ce qui concerne la maltraitance », explique Mme Francoeur. Les « citoyens radars » sont ensuite invités à être attentifs pour déceler des situations problématiques et contacter le Centre d’écoute Montérégie.
« Vous êtes peut-être mal à l’aise de ne pas vous mêler de vos affaires, mais sachez que vous pouvez dépister quelque chose et vous pouvez en parler autour de vous. Je peux vous dire qu’on a déjà réussi à sauver quelqu’un, car on nous avait appelés au bon moment », souligne la coordonnatrice. D’ici cet automne, une entente pourrait être signée avec le CLSC de Richelieu pour former de nouveaux « citoyens radars ».

Réticentes à se faire aider

Mme Francoeur constate que les services destinés aux aînés sont encore méconnus, même s’ils offrent des choses gratuites ou abordables. « Il y a des gens qui vivent de la solitude parce qu’ils ne veulent pas déranger leurs proches. Il y a peut-être aussi une certaine gêne à chercher de l’aide. Tant qu’on n’en a pas besoin, on ne fait pas de recherche. Mais lorsque ça va mal, on peut rapidement être désemparés. »
Dans son récent rapport, le coroner Raynald Gauthier estime que l’adhésion des résidants de HLM à un programme d’appels automatisés pourrait éviter qu’un tel événement se reproduise. L’inscription se fait toutefois sur une base volontaire et c’est pourquoi le Centre d’écoute Montérégie n’hésite pas à proposer ce service.
« Le programme PAIR, c’est vraiment une sécurité. On le suggère beaucoup à nos aînés. Ceux qui le désirent peuvent aussi être inscrits sur une liste pour les appels d’amitié, une fois par semaine. En discutant avec la personne, on peut savoir encore plus ce dont elle a besoin. »
Le Centre d’écoute est un service confidentiel et anonyme. Pour toute information : 450 658-8509.

En bref

– Une centaine de personnes sont inscrites sur la liste du centre d’appels et plus de 600 personnes ont été jointes pour en faire partie
– Le Centre a reçu et effectué 47 134 appels de 2006 à 2016
– La clientèle a connu une hausse de 35 % en 2016
– Plus de 88 % de la clientèle vit seule et sans conjoint
– Environ 50 000 aînés seraient à risque en Montérégie, soit 2 personnes sur 10 selon les plus récentes études sur le sujet