Écrire pour ne pas oublier

Récit biographique d’un nouveau Grandbasilois

Il y a 350 ans, de la Normandie et de la Bretagne, ils sont venus… Un titre que J. André Levesque pourrait énoncer à haute voix à ses petits-enfants en leur faisant la lecture, avant qu’ils ne tombent dans les bras de Morphée.

Ils, ce sont ses ancêtres originaires de Normandie, côté paternel, et de Bretagne, côté maternel. À l’âge de 79 ans, délaissant la plume pour le clavier, M. Levesque, dixième enfant d’une famille de 13, a écrit un « récit historique » destiné « à monsieur et madame Tout-le-Monde ». Des souvenirs, des anecdotes heureuses et malheureuses, qui se veulent « authentiques » et qui peuvent même constituer « des pistes de recherches » pour tous ceux qui désirent un jour raconter l’histoire de leurs familles.

Natif de Saint-Alexis-de-Matapédia, M. Levesque a parcouru le Québec au gré des emplois qu’il a occupés au cours de sa carrière d’au moins un demi-siècle. L’an dernier, il s’est installé à Saint-Basile pour « voir grandir » ses enfants et ses petits-enfants. Le couple s’est rapidement joint au Club de la Gerbe dorée pour participer à diverses activités, dont l’atelier d’écriture.

Écrire n’est pas un exercice facile et spontané. M. Levesque a eu la chance d’avoir une mère qui jouait du piano et un père cultivateur et cultivé, qui possédait dans les années 1900 une 9e année scolaire, ce qui n’était pas à la portée de tous. Ayant vécu aux États-Unis, le père est aussi bilingue. Des atouts qui ont permis au fils de faire 11 ans de scolarité et d’être enseignant au primaire à l’âge de 18 ans. M. Levesque aurait souhaité quitter son village pour poursuivre ses études afin de devenir ingénieur ou avocat. Il avait hâte que ses parents lui donnent une réponse. « J’avais 17 ans. Un beau matin, mon père m’amène sur la galerie et me fait asseoir sur le perron. À un moment donné, en mettant la main sur mon épaule, il me dit : « André… » Je n’entends plus un son. Je lève la tête. Il pleurait. Oh la la… ! Il me dit : « Avec l’instruction que tu as eue, va travailler. Tu ne manqueras jamais de rien. » »

Trois ans en enseignement, mais « le salaire de 70 $ par mois n’était pas suffisant ». Instruit, J. André Levesque a cumulé les emplois au gré du développement que connaissait le Québec à partir des années 1950. Il a été commis comptable pour des compagnies forestières et administrateur pour des projets de construction, entre autres, le pont Pierre-Laporte, la Transcanadienne, et les grands barrages, notamment ceux de la Baie-James.

J. André Levesque se souvient de son frère qui a « vieilli rapidement » afin d’avoir 18 ans et ainsi accompagner son ami voisin pour aller se battre en Europe. « En 1941, dans notre petit coin de chez nous, il y a 22 personnes qui sont parties outre-mer, dont 6 y ont laissé leur vie. » L’auteur relate des incidents malheureux comme la morsure par un chien dont a été victime sa sœur. « Par manque de soins, elle avait la jambe gangrenée. On n’avait pas le choix : il fallait la lui amputer. »

Il y a aussi des souvenirs heureux, cette mémoire qui lui fait dire qu’il garde enfoui dans lui-même l’amour que dégageait sa mère. « C’était la charité incarnée », dit-il en précisant que le fil conducteur de ce livre était « la foi, l’amour de la vie, le respect des anciens et la transmission des valeurs aux jeunes ».

J. André Lévesque sera présent lors de l’atelier d’écriture organisé par la Gerbe dorée le dimanche 16 septembre prochain à compter de 14 h 30 à la bibliothèque municipale, 40, rue Savaria à Saint-Basile-le-Grand.