L’intérêt économique de Jérôme Dupras

Protection des milieux naturels du Grand Montréal

Jérôme Dupras, membre du groupe Les Cowboys Fringants et chercheur environnementaliste, salue l’initiative municipale de plusieurs Villes de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) pour leur volonté de préserver les milieux naturels. Depuis nombre d’années, il démontre dans ses recherches l’intérêt économique de ces environnements. 

Le bassiste du groupe Les Cowboys Fringants, aussi membre du comité exécutif du Mouvement Ceinture Verte, applaudit l’initiative municipale de Saint-Bruno-de-Montarville et de Beaconsfield de réfléchir aux moyens de sauvegarder les milieux naturels. « C’est un excellent premier pas qui a été franchi. On va suivre ça de très près et l’on jugera la Table par ses actions. Il y a beaucoup de situations dramatiques dans la région quant à la préservation des milieux naturels », explique-t-il.

La Table des maires et mairesses pour la protection et la mise en valeur des milieux naturels du Grand Montréal a été officiellement créée le 12 mai à Saint-Bruno-de-Montarville, en réunissant une vingtaine de maires de la CMM, dont son président, Denis Coderre. 

Services écosystémiques

L’approche de Jérôme Dupras est de montrer les intérêts économiques que pourrait apporter la sauvegarde des milieux naturels. Professeur régulier au département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais et chercheur à l’Institut des sciences de la Forêt tempérée, il a fait du sujet sa thèse de doctorat publiée dans le Journal of Environmental Policy & Planning.

« La valeur sociale de la beauté des paysages, même si elle est très forte, est nulle économiquement. Cependant, il y a une autre partie de la nature, plus fonctionnelle, que l’on peut chiffrer : l’atténuation les risques d’inondation par les zones humides, la filtration de l’air et de l’eau par les forêts, la pollinisation des plantes par les insectes ou encore des aires de loisirs qui contribuent au bien-être des personnes», précise-t-il.

C’est ainsi qu’il a chiffré les coûts de l‘étalement urbain des 50 dernières années dans la grande région de Montréal à 12 milliards de dollars. Sur une base annuelle, M. Dupras  évalue que la perte des services fournis par les écosystèmes naturels et semi-naturels du territoire de la CMM, de 1966 à 2010, entraîne des coûts de 236 millions de dollars. 

« Le travail reste à approfondir, mais la première étape consiste à jeter un pavé dans la mare afin qu’on n’occulte plus ces valeurs économiques écologiques. Ailleurs dans le monde, il y a des programmes gouvernementaux qui ont été mis en place et qui reconnaissent l’intérêt de ces milieux. »

Le pari du chercheur semble commencer à porter ses fruits : lui et les membres de son équipe sont approchés par plusieurs Villes qui s’intéressent à ses études. « Notre objectif est d’accompagner les décideurs », conclut-il.