Le retour des Roses

Rallye dans le désert du Maroc

Le 15e Trophée Roses des sables, une compétition 100 % féminine issue de la pure tradition des rallyes type raid africain Paris-Dakar, s’est terminé il y a un peu plus d’un mois. Les filles de la région qui y participaient, les Montarvilloises Juli Boyer, Karine Conraux (le duo des Ninjas roses) et Lysiane Marois, ainsi que la Grandbasiloise Marie-Ève Vallée (l’équipage MARIELYZZZ dans l’sable) sont maintenant de retour au bercail. Récit.

Au final, les Ninjas roses se sont classées au 45e rang sur 167 équipages, alors que MARIELYZZZ dans l’sable a franchi la ligne d’arrivée au 133e échelon. L’objectif, pour ces mères de famille, était de terminer le rallye. Mission accomplie!  

Rencontrées par le journal, elles avaient chacune leur commentaire pour résumer cette expérience hors du commun. « Nous sommes allées au bout de nous-mêmes, au bout du dépassement. Cette aventure, c’est aller à la rencontre de soi-même », explique Karine Conraux. Sa coéquipière et copilote, Juli Boyer, ajoute : « J’ai appris à lâcher prise, parce que tu ne peux pas tout contrôler. Et en règle générale, nous avons fait la rencontre de belles personnes. »

De son séjour dans le désert du Maroc, Marie-Ève Vallée retient ceci : « Tout d’abord, la compétition était très féroce; parce qu’il s’agissait de la 15e édition, c’était très important de réussir pour les participantes françaises. Plus personnellement, ç’a été un beau travail d’équipe. Toute l’aventure s’est déroulée ensemble, dans la complicité, comme pour un couple, parce que nous étions toujours ensemble. » Lysiane Marois, qui a été conductrice du duo, souligne l’importance de la confiance en soi. « Il le faut! Il faut apprendre à se faire confiance! C’est ce qui permet de vivre des situations extrêmes comme celle des Roses des sables. Mais il faut aussi faire confiance à l’autre, à sa partenaire, écouter ses conseils, surtout en pleine route. »

Difficultés

Au cours de ces trois semaines d’activités, les Roses des sables ont rencontré quelques embûches, notamment des bris mineurs « qui font partie de la game » sur leurs 4 x 4, l’un datant de 1999, l’autre de 1987! Elles ont aussi réparé des crevaisons, pelleté du sable pour déprendre leur véhicule ou aider d’autres compétitrices dans le pétrin. « Heureusement, il n’y a pas eu de tempêtes de sable, mais il y avait beaucoup de vent. Par chance, nous avions des foulards pour nous couvrir le visage », explique Lysiane. Mais la partie la plus problématique du Trophée Roses des sables pour quelques-unes de ces femmes a été les toilettes, en raison de l’odeur et de la saleté.  

Plusieurs animaux et bestioles ont été croisés durant ce séjour dans le désert : souris, ânes, dromadaires, lézards, chiens et… scorpions! « Lors de l’épreuve marathon, nous devions passer la nuit dans le désert, sous les étoiles, et l’une des équipes avait installé sa tente sur un nid de scorpions. En marchant à l’intérieur, on entendait les scorpions se faire écraser », se rappellent-elles.

Ciel étoilé

C’est aussi lors de cette nuit passée dans le désert qu’elles ont été estomaquées d’observer les étoiles : « C’est épeurant à quel point il y en avait, mais c’est aussi impressionnant, émouvant. Le ciel est complètement étoilé! On ne voit même pas le noir. Il y en a partout, comme si on était dans une boule! » relate Lysiane. 

Retour à la maison

Juli, Karine, Marie-Ève et Lysiane sont revenues au pays le 28 octobre dernier, juste à temps pour célébrer l’Halloween avec leurs enfants. Par contre, toutes les quatre s’accordent pour dire qu’elles n’ont pas eu le temps de s’ennuyer durant leur absence, ni des enfants ni des conjoints. « Ils m’attendaient à l’aéroport avec des affiches. Ma fille pleurait. Par contre, j’ai été étonnée d’avoir manqué autant à mon chum. Personnellement, là-bas, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer », admet Juli. À son retour, Marie-Ève, qui n’a pas trouvé le temps long dans le désert, était très heureuse de constater que son amoureux était devenu autonome : « Il fait même du lavage! Oui, nous étions contents de nous retrouver, mais je n’ai pas pensé à m’ennuyer. Je sais par contre que nos enfants sont très fiers de ce que maman a accompli. » Karine enchaîne : « Durant tout le rallye, mon grand m’a suivie grâce au blogue. Pour mon plus jeune, c’est différent parce qu’il vit le moment présent. Il était très heureux de mon retour. Aujourd’hui, je suis fière de dire que j’ai réussi mon rêve! » Pour Lysiane, qui n’a pu retenir ses larmes en revoyant les membres de sa famille, revenir au Québec a été comme plonger dans un bain froid glacé. « D’abord à cause du changement de température, mais aussi en raison du retour à la réalité, au quotidien. Ce n’est pas long que ça nous ressaisit. »

Le retour au pays signifie aussi pour certaines de ces Roses des présentations à l’école des enfants ainsi que chez les scouts, afin de raconter leur histoire. « Les enfants étaient hypnotisés! » de poursuivre Lysiane, qui a bien aimé l’accueil de certaines familles marocaines, qui les ont reçues à la maison, pour manger du couscous, parler et les initier à l’art du henné.    

Si c’était à recommencer, elles s’engageraient à nouveau, mais pas pour la même organisation. « Pour un premier rallye, le Trophée Roses des sables est très bien. Nous sommes bien entourées, et c’est sécuritaire, mais ça demande beaucoup d’argent (environ 25 000 $). Alors, oui, ce serait à refaire, mais différemment », de conclure Karine.

Aujourd’hui, elles espèrent que leur aventure incitera d’autres femmes à se découvrir et à tenter l’expérience.