Saint-Bruno dans le rouge

Palmarès des municipalités La Presse-HEC 2015

Selon le Palmarès des municipalités La Presse-HEC 2015, la Ville de Saint-Bruno est au 638e rang provincial des municipalités les mieux gérées, sur un échantillon de 757 villes étudiées, avec un coût moyen de ses services 35,02 % plus cher que les 24 autres municipalités comptant entre 25 000 et 50 000 habitants. Selon le maire, Martin Murray, cette situation s’explique en majeure partie par l’appartenance de la Ville à l’agglomération de Longueuil.

Le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal a évalué les coûts des services municipaux selon les rapports financiers de 2013. Des 14 indicateurs de calculs utilisés, Saint-Bruno est au-dessus de la moyenne dans 9 d’entre eux; là où le bât blesse particulièrement est dans la portion « rémunération ».

Selon les données, la rémunération moyenne de Saint-Bruno est de 78 005,58 $, ce qui représente un montant plus élevé de 5 395,55 $ comparativement à la moyenne des municipalités comptant entre 25 000 et 50 000 habitants; à ce niveau, Saint-Bruno occupe le 22e rang sur 24.

Quant à la rémunération moyenne des cadres, professionnels et contremaîtres, il est évaluée à 123 523 $, pour Saint-Bruno, soit 13 120,90 $ de plus que le reste du groupe. Enfin, la moyenne salariale des cols bleus de Saint-Bruno est de 83 428,94 $, plus élevée de 16 305,53 $.

La rémunération représente 46 % des dépenses de Saint-Bruno. Celle-ci comprend les salaires (entendus selon les conventions collectives), les charges sociales (contrôlées par les gouvernements : RQAP, RRQ, assurance-emploi) et les avantages sociaux (assurances collectives et régime de retraite). « Saint-Bruno n’est pas pire que les autres municipalités en termes de rémunération. Si nous étions une ville à part, nous nous situerions très bien, explique le maire. Les dépenses sur le plan de la masse salariale ont connu une augmentation importante au cours des dernières années, et ce, dans toutes les municipalités. Il ne s’agit pas seulement des conventions collectives, mais également des hausses imposées par les gouvernements en termes de charges sociales. »

Si l’on compare Saint-Bruno à Longueuil, la capitale de l’agglomération, sa rémunération moyenne est moindre de 20 948,05 $ (9 774,05 $ pour les cols blancs cadres et 7 208,22 $ pour les cols bleus).

Un surcoût causé par l’agglomération

Selon Martin Murray, « le fait que [Saint-Bruno] fasse partie de l’agglomération de Longueuil amène un surcoût; ce qui fait que quand on regarde la carte de l’agglo, les municipalités liées à Longueuil sont dans le rouge. Le fait que nos services soient plus élevés est imputable à notre appartenance à l’agglomération; ce que je dénonce depuis des années. »

La conseillère municipale et chef intérimaire de l’Alliance municipale, Thérèse Hudon, aborde dans le même sens. «« Pour les villes de l’agglomération, ce palmarès est décevant, et encore plus pour Saint-Bruno qui était première de classe avant la saga des fusions-défusions. »

À ce jour, Saint-Bruno représente 6,3 % de la population de l’agglo et paye 8,5 % de la facture; ce qui représente 26 millions de dollars par année. Le maire soutient que si Saint-Bruno faisait partie d’une municipalité régionale de comté (MRC), ses coûts seraient répartis sur la base de sa population et sa richesse foncière. « Avec l’agglo, les coûts sont basés sur notre potentiel fiscal. Dans une MRC, nous payerions alors nettement moins », souligne-t-il. C’est d’ailleurs ce qui expliquerait le coût moyen des services de 35,02 % plus élevé. « Nous ne sommes pas pires qu’ailleurs. Mettez-nous dans un contexte de MRC et nous allons très bien performer », ajoute M. Murray.

Les solutions et les efforts

Même si le portrait s’avère négatif pour Sant-Bruno, Mme Hudon se réjouit toutefois des résultats obtenus quant à l’endettement et taux global de taxation. « C’est la preuve que notre administration, précédente, se souciait de ses citoyens et ne les étouffait pas dans leur avis d’imposition. »

Les solutions que perçoit M. Murray sont un partage équitable des coûts de l’agglomération et une migration vers un modèle d’utilisateur/payeur.

M. Murray admet que dans un avenir rapproché, son administration devra exécuter un meilleur contrôle des dépenses et de la masse salariale. Une des solutions serait de ne pas remplacer les employés qui partiront bientôt à la retraite. Quant à la convention collective des cols blancs, elle est signée jusqu’au 31 décembre 2016 et celle des cols bleus, fin 2019.

« Nous allons analyser les choses de façon froide, regarder comment nous performons et prendre ensuite les mesures qui s’imposent. Il n’a jamais été dans mon optique d’arriver et de couper des postes. La volonté que nous avons est de contrôler la masse salariale et les dépenses, tout en s’assurant que l’avis d’imposition des citoyens ne monte pas plus vite que l’inflation.

Les indicateurs utilisés par le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal

–       Les dépenses (dépenses totales par habitant)

–       Le taux global de taxation (les revenus de la municipalité)

–       Les dépenses d’administration (par des dépenses administratives dans le budget)

–       La voirie (voirie municipale par km de voie)

–       Le déneigement (coût par km de voie)

–       La police (coût du service par habitant)

–       Les incendies (coût par tranche de 100 000 $ de RFU*)

–       Les égouts (coût par km de conduite)

–       Les déchets (coût par habitant)

–       Les loisirs et la culture (coût par habitant)

–       L’endettement (endettement total net à long terme par tranche de 100 000 $ de RFU)

–       La rémunération (de l’ensemble des employés municipaux – temps plein)

–       La rémunération des cadres, professionnels et contremaîtres (salaires et charges sociales).

–       La rémunération des cols bleus (salaires et charges sociales).

* RFU : la richesse foncière uniformisée