Une résolution votée dans l'erreur

Inversion du flux de pétrole du pipeline à Saint-Bruno

Saint-Bruno-de-Montarville, comme plusieurs Villes concernées par le pipeline de la compagnie Pipe-Lines Montréal Ltée, demande que l’entreprise fasse des tests pour vérifier la sécurité de ses installations. La Ville a voté une résolution en ce sens en se trompant sur le propriétaire du pipeline et sur les volontés de la compagnie Pipe-Lines Montréal Ltée.

« On demande à l’Office national de l’énergie de reconsidérer son autorisation de l’inversion de la ligne 9B d’Enbridge et, dans le cas où celle-ci était maintenue, qu’elle soit conditionnelle préalablement à ce que la compagnie Enbridge complète la vérification de l’intégrité de sa canalisation existante par des essais hydrostatiques sur l’ensemble de sa canalisation.» C’est en ces termes que Saint-Bruno-de-Montarville a voté, lors de sa dernière assemblée publique, une résolution exigeant du gouvernement fédéral qu’il incite Enbridge à effectuer ces tests.

Cependant, le pipeline 9B, qui appartient bien à Enbridge, n’est pas présent sur la Rive-Sud de Montréal. Il se trouve être à l’ouest de Montréal. Le pipeline concerné appartient à la compagnie Pipe-Lines Montréal Ltée. 

Le pipeline traverse Saint-Bruno-de-Montarville sur le côté nord du parc national du Mont-Saint-Bruno, au niveau d’un terrain de la Défense nationale. Les villes limitrophes de Saint-Basile-le-Grand, Sainte-Julie ou encore Boucherville sont aussi concernées. « Avant d’inverser le flux de pétrole dans les pipelines, on veut qu’il y ait un test avec de l’eau à haute pression pour voir s’il y a des fuites. C’est une question de sécurité. La municipalité n’a aucun pouvoir de bloquer ce projet, mais nous avons le pouvoir de faire réfléchir, explique Martin Murray, maire de Saint-Bruno-de-Montarville. Au fil du temps, il y aura sans aucun doute des fuites sur ce pipeline vieux de 40 ans. Il est indispensable d’intervenir en amont, pour éviter des catastrophes comme celle de Lac-Mégantic. »

Cependant, la compagnie n’a pas annoncé officiellement qu’elle inverserait le flux de pétrole dans son pipeline utilisé pour l’instant dans le sens Portland (dans le Maine), Montréal. Un procès est cependant engagé par la pétrolière contre la ville de Portland, qui ne veut pas d’une inversion du flux de pétrole dans ce secteur. 

Mouvement citoyen

Le mouvement citoyen Alerte pétrole Rive-Sud est à l’origine de cette prise de position des municipalités. Le groupe a demandé aux élus d’appuyer officiellement sa campagne contre les pipelines sous le slogan Coule pas chez nous!

« À Saint-Bruno, l’un des pipelines date des années 50 et l’autre des années 60, alors que la durée de vie de ces tuyaux est de 40 ans. Les pétrolières veulent inverser la direction du flux et augmenter la quantité de pétrole transporté de l’est à Montréal, ce qui veut dire une pression plus forte. Tout ça va fragiliser encore plus ces vieux oléoducs. Ils vont réchauffer leur pétrole lourd et ajouter des produits chimiques pour le fluidifier, ce qui va le rendre plus corrosif encore», explique Monique Hains, l’une des porte-paroles de l’organisation citoyenne. 

L’opposition à la construction de nouvelles lignes de pipeline pousserait les compagnies pétrolières à utiliser les réseaux existants. «Les propriétaires de ces réseaux de pipeline sont les pétrolières qui exploitent les sables bitumineux. Ils souhaitent, par cet inversement de flux, désenclaver le pétrole des sables bitumineux d’Alberta, en se fichant des risques que la population court. Il est nécessaire que les Villes traversées par un pipeline nous protègent», soutient Louise Rémi, une autre des porte-paroles de l’organisme.