Un recours collectif imbuvable pour des citoyens

Contamination de l’eau à Saint-Bruno-de-Montarville

Une dizaine de citoyens des villes touchées par le déversement de diesel à Longueuil, mercredi, ont donné le mandat à Me Jacky-Éric Salvant d’intenter un recours collectif contre l’agglomération de Longueuil.

Pour expliquer le sens de cette poursuite, impliquant des citoyens contre leur municipalité, l’avocat de la poursuite indique que « des personnes ont subi des désagréments, étourdissements, diarrhées, réactions cutanées, et il est normal qu’elles veuillent réparation. Elles m’ont demandé de les représenter et je fais mon travail », explique l’avocat.

Les plaignants exigent 100 $ pour chacun des 288 100 résidants de Longueuil, Saint-Hubert, Saint-Bruno-de-Montarville et Boucherville, qui n’ont pas pu consommer l’eau potable entre le 14 et le 16 janvier.

« L’agglomération de Longueuil ne sera pas la seule intimée. La responsabilité, comme la facture, pourrait être partagée entre plusieurs. Dans tous les cas, 29 millions, ce n’est rien pour l’agglomération, qui a un budget de 3 milliards. En plus, Longueuil est assurée », explique Me Salvant pour répondre à un courrier d’un groupe de citoyens de Longueuil qui lui demande de retirer son recours collectif.

« Nous considérons qu’une telle démarche n’est pas justifiée et constitue un usage abusif des ressources, déjà très limitées, de notre système judiciaire. En effet, comme toute condamnation à intervenir, le cas échéant, devra être assumée par l’ensemble des citoyens de Longueuil, elle aura pour effet de pénaliser vos propres clients », peut-on y lire.

Recours imbuvable

Les signataires de la lettre, Yves Thériault et Nathalie Roy, ont donné le nom de Recours imbuvable à leur mouvement qui a rassemblé, en peu de temps, plus de 300 mentions « j’aime » sur Facebook.

« Me Salvant a déclaré qu’il irait de l’avant avec son recours collectif, malgré notre opposition. Il prétend que si la Ville de Longueuil est condamnée à payer des dommages, ce sont les assurances qui vont payer. Si les assurances payent, les primes vont monter. Et qui va payer au bout du compte? Encore nous », explique le mouvement de citoyen sur son compte Facebook en évoquant un certain opportunisme de la part de l’avocat.

« Il y aura une période où les gens qui ne veulent pas être dédommagés pourront s’exclure », affirme Me Salvant. En effet, si la demande est jugée recevable, tous les citoyens touchés par le recours collectif seront automatiquement inscrits.

Un avocat crédible?

Me Salvant a fait aussi parler de lui, en 2010, lorsqu’un incendie a ravagé un édifice à logements dont il était propriétaire. Dans les décombres, des serres sophistiquées de culture de cannabis ont été découvertes, ainsi qu’un garage clandestin de mécanique automobile. En plus de ne pas avoir été indemnisé par l’assurance à la suite de l’incendie, il a dû lui verser plus de 200 000 $ pour ne pas avoir déclaré les activités qui se sont déroulées dans son immeuble. Un jugement qu’a confirmé la Cour d’appel en 2013.