Une Montarvilloise parmi les Canadiennes

Katia Clément-Heydra

Pendant qu’elle envie ses coéquipières qui défendent les couleurs du Canada à PyeongChang, Katia Clément-Heydra se prépare en vue du prochain match des Canadiennes de Montréal.
Normalement membres des Canadiennes de Montréal, les Marie-Philip Poulin, Lauriane Rougeau et Mélodie Daoust ont enfilé le chandail unifolié le temps des Jeux olympiques d’hiver. Ce n’est pas le cas de la Montarvilloise Katia Clément-Heydra. Parce que celle-ci n’a jamais été dans les plans du programme de l’équipe nationale. « Le Canada est bien nanti en talent pour le hockey féminin, estime Katia Clément-Heydra. Toutes les filles qui sont là-bas le méritent amplement! C’est évident que j’aimerais être des Jeux, mais je n’ai jamais fait partie du programme. »
Selon elle, c’est difficile de faire écarquiller les yeux des sélectionneurs et d’entrer dans le programme. Pour les plus jeunes, cela peut s’amorcer aussi tôt qu’à 13, 14 ou 15 ans. Pour Katia Clément-Heydra, c’est une question de visibilité. « Je me suis développée sur le tard, pendant le cégep. J’ai été petite longtemps, je n’ai pas été remarquée; puis à un moment, j’ai eu une poussée de croissance, et j’ai pris mon envol au collégial. Il était trop tard pour moi », raconte la jeune femme, qui a joué pour les Lynx d’Édouard-Montpetit.

« Il y a une bonne relève! » -Katia Clément-Heydra

Fraîchement arrivée des Martlets de l’Université McGill, où elle avait totalisé 35 points en 20 parties, l’attaquante a été sélectionnée en 2e ronde (8e choix au total) par l’organisation qui s‘appelait auparavant les Stars de Montréal. Cet heureux moment est survenu en 2015 lors du repêchage de la Ligue canadienne de hockey féminin. Une année après avoir reçu le titre de hockeyeuse de l’année au pays lors d’un gala du Sport interuniversitaire canadien.
À la suite d’un camp d’évaluation, de tests physiques, d’entraînement et de matchs préparatoires, Katia Clément-Hydra a endossé les couleurs officielles des Canadiennes de Montréal pour la saison 2015-2016. Depuis, elle accumule les points : 20 (2015-206), 12 (2016-2017) et 25 (2017-2018). La Montarvilloise est en train de connaître la meilleure campagne de sa carrière, entre autres parce qu’elle a dû mettre les bouchées doubles. Elle précise : « Ça va bien pour moi cette année. Mais en année olympique, nous avons perdu des morceaux à l’offensive. En fait, toutes les équipes de notre ligue ont vu leur premier trio diminué en raison des Jeux. Ce qui permet aux autres filles d’avoir un meilleur temps de glace, par exemple en avantage numérique, et de jouer un rôle plus important. Ça aide les statistiques! »

Une ligue en expansion

Cette saison, la Ligue canadienne de hockey féminin a connu une expansion à l’extérieur de son territoire. Aux formations de Montréal, Boston, Toronto, Calgary, Brampton s’ajoutent deux clubs… chinois! Le Red Star de Kunlun et les Rays de Vanke ont intégré le circuit en début de campagne. Deux franchises établies afin d’entraîner des athlètes pour l’équipe nationale de Chine en vue des Jeux olympiques de Pékin de 2022, et populariser ce sport sur le territoire asiatique. Il y a aussi un aspect financier à cette arrivée. « L’ajout de deux formations chinoises a été une grosse nouvelle pour notre ligue, explique la jeune femme de 28 ans. Ça nous donne une visibilité, mais ça aide surtout le circuit féminin à se développer grâce à de nouveaux commanditaires. » Elle espère maintenant que d’autres prennent cette initiative afin de continuer le développement du hockey féminin sur la planète.
Les Canadiennes se préparent d’ailleurs à un gros séjour en Chine. Elles disputeront quatre matchs en neuf jours contre le Red Star et les Rays, les 25, 26, 28 février et le 2 mars. Une première expérience pour les représentantes montréalaises, qui ont accueilli les Chinoises plus tôt cette année. « J’ai hâte parce que c’est l’inconnu. Je m’attends à ce que ce soit difficile, parce que nous aurons peu de temps pour nous adapter au décalage horaire. Sur neuf jours, nous passerons plusieurs heures dans l’avion », poursuit celle qui reçoit pour la saison une allocation de 3 000 $ (la somme allouée à une joueuse de 3e année). C’est en fait quatre rencontres en six jours qui attendent les filles.
Le hockey est un sport qui passionne Katia depuis un très bas âge. Ses idoles de jeunesse, ses inspirations ont été Saku Koivu et France St-Louis. Une « passion naturelle, un amour du sport qui font partie de moi », amorcés avec l’Association du hockey mineur de Saint-Bruno. D’abord avec les garçons, plus tard avec les filles. Elle a joué pour les Ailes du Richelieu pendant environ trois saisons (peewee et bantam), pour ensuite poursuivre son cheminement avec L’Express du Richelieu (midget AA). Du midget, elle est montée au collégial. Après trois années, l’athlète a été approchée par l’Université McGill, avec qui elle a signé et où elle a étudié les relations industrielles et la psychologie.
Elle souhaite prolonger sa carrière de hockeyeuse aussi longtemps que possible. Ensuite, l’étape suivante devrait se situer derrière le banc en tant qu’entraîneuse. « Je m’implique déjà à donner des conseils lors de sessions privées pour l’Université McGill. Je suis aussi entraîneuse adjointe au cégep André-Laurendeau. Il y a une bonne relève! » assure Katia, qui donne aussi des conférences sur son parcours, son expérience. Ce qui lui permet d’ajouter un autre salaire. Depuis, une idée lui trotte en tête : reprendre un jour ses études, cette fois pour une maîtrise en psychologie sportive.

QUESTION AUX LECTEURS :

Est-ce que le salaire des joueuses de hockey devrait être similaire à celui des hommes?