Sainte-Julie : des réserves soulevées à propos du nouveau bâton torpille du baseball majeur

Le journal s’entretient avec les fondateurs de North Stick, une compagnie qui fabrique des bâtons de baseball à Sainte-Julie, à propos des nouveaux bâtons torpilles (torpedo).

Si, il y a un mois, les nouveaux bâtons renommés torpilles avaient suscité l’engouement dans la Ligue majeure de baseball (LMB), l’effet semble s’être estompé. Le nouveau bâton a la même largeur maximale que les bâtons classiques, mais le baril, soit l’endroit le plus large, est légèrement déplacé vers le cœur de l’accessoire. L’idée est de transférer une partie du poids vers la zone optimale de frappe. La puissance générée au contact est ainsi supérieure.

Denis Lamontagne et Daniel Gauthier sont les fondateurs de North Stick. Les amis d’enfance retraités confectionnent des bâtons de baseball. Ils ont fabriqué leur prototype de bâton torpille. Les joueurs des Castors d’Acton Vale, de la Ligue de baseball majeur du Québec (LBMQ), l’ont essayé. Quelques semaines plus tard, Denis Lamontagne est allé observer le résultat, repérable à même l’empreinte laissée sur ledit bâton. « Il n’y en a pas qui frappent à l’endroit désigné sur le bâton. Leur empreinte athlétique est imprégnée depuis vingt ans », remarque-t-il. Il soutient que pour optimiser l’utilité de la massue, cela implique que le frappeur ajuste sa technique au marbre. « Ça entraîne des blessures. Il est question de milliers de répétitions, devenues acquises, à reprogrammer », indiquent les deux hommes.

Un faible échantillonnage 

Les Yankees de New York ont marqué l’histoire avec un début de saison sur les chapeaux de roues. Les Bombardiers du Bronx avaient alors frappé un total de 15 coups de circuit, égalant un record du baseball majeur après les trois premiers matchs d’une saison. Parmi cette quinzaine de longues balles, neuf ont été frappées avec un bâton torpille par l’entremise de cinq joueurs : Jazz Chisholm fils (3), Anthony Volpe (2), Austin Wells (2), Cody Bellinger (1) et Paul Goldschmidt (1). Actuellement, seul l’un de ces cinq frappeurs affiche clairement une meilleure moyenne de coups sûrs que l’indique sa moyenne en carrière. « Je pense que l’on s’est emballé. Je pense que c’est de la poudre aux yeux. Je n’ai pas vu d‘impacts. Ça va prendre une autre culture de frappeurs pour arriver et que les jeunes commencent avec cet outil. On n’a pas encore de référence », convient Denis Lamontagne, intronisé au Temple de la renommée de la LBMQ.

Des trophées de bois

Environ 200 de leurs bâtons sont utilisés en province cette saison. Les deux Julievillois alimentent notamment quelques équipes de la Ligue de baseball majeur du Québec (LBMQ). François Lafrenière s’aligne avec les Pirates de Saint-Jean dans la LBMQ. En 2024, il a remporté le titre de frappeur de l’année. Il a aussi été nommé au sein de l’équipe d’étoiles 2024 de la LBMQ. Lafrenière frappe avec un North Stick. Les bâtons des deux retraités sont aussi utilisés dans la Ligue de baseball junior élite du Québec. La demande pour le bâton torpille a été presque nulle.

Leurs bâtons ne sont pas utilisés dans la MLB. Pour ce faire, une licence spéciale serait nécessaire. « Elle coûte environ 30 000 $ US et tu dois assurer un suivi sur ton produit, comme la traçabilité du bois », explique Denis Lamontagne. L’homme fantasme un bref instant. Il nomme Shohei Ohtani, des Dodgers de Los Angeles, s’il pouvait identifier un joueur frappant avec ses bâtons. 

Les créations des amateurs de baseball sont baptisées en l’honneur d’anciens joueurs des Expos de Montréal qui sont au Temple de la renommée du baseball. Les MOISES (Moises Alou), KID (Gary Carter) ou HAWK (Andre Dawson), font notamment partie de la gamme. L’un des marchés importants pour les gars de North Stick est le bâton trophée. Avec la bille de bois, ils peuvent confectionner des bâtons personnalisés de plus petite dimension (minibâton) servant à remettre, par exemple, au champion frappeur d’une ligue ou au joueur du match d’un tournoi. Ils en ont confectionné 3 500 l’an dernier.

Bâtons de qualité

Leurs bâtons sont fabriqués d’érable ou de merisier (bouleau jaune). Le fournisseur de bois est situé en Estrie. « Il faut un bois de qualité, gros grain », identifie Daniel Gauthier. Des tests sont effectués en ce sens. 

Cette qualité est visible par un petit point d’encre noir près du manche. Ce point permet de tester la résistance du grain d’un bâton de baseball en bois. Cette tache indique la rectitude et la proximité des grains du bois. Plus les grains sont rapprochés, plus le bois est dense; donc, le bâton gagne en résistance. De même, plus les grains sont droits, plus le bâton se veut robuste. Le règlement de la LMB exige que les bâtons en érable et en bouleau utilisent le test du point d’encre, car les grains de ces essences sont plus difficiles à voir. Les bâtons en frêne, en revanche, présentent des motifs de grain très visibles. Le test du point d’encre n’est donc pas requis pour les bâtons fabriqués à partir de ce type de bois.

Les bâtons sont peinturés et gravés sur place. Chaque étape nécessite de la manutention. De la fabrication à la finition, c’est le temps de trempage qui exige le plus de temps.