Saint-Basile: Yves Lessard rend hommage à Ken Dryden

Yves Lessard, maire sortant de Saint-Basile-le-Grand, a été député de la circonscription de Chambly – Borduas entre 2004 et 2011 avec le Bloc québécois. Ken Dryden, ancien gardien des Canadiens de Montréal décédé au début du mois de décembre, était, lui aussi, député dans ces mêmes années avec les libéraux.

Les deux hommes politiques partageaient même, après les élections de 2008, la même banquette à la Chambre des communes. « Je pense que ce qu’il appréciait, c’est que je jasais avec lui comme je le ferais avec n’importe qui », mentionne M. Lessard,  même s’il était un admirateur de sa carrière sportive. M. Dryden a été député de la circonscription de York-Centre à Toronto. 

D’ailleurs, cette passion commune des sports leur permettait d’échanger notamment sur la boxe, dont M. Lessard est un grand adepte. « C’était une encyclopédie. Il avait toujours un livre à la main », se souvient le maire, qui souhaitait rendre hommage à un ami. 

Le choix du whip, un député chargé de la discipline de son parti, a été fait puisque les deux hommes s’adonnaient bien, même s’il était élu pour deux partis différents.

« Lorsque les sièges se chevauchent, le whip essaie toujours de limiter la chicane », mentionne-t-il en riant.

Un dossier commun

La dynamique était tout autre entre Yves Lessard et Ken Dryden, qui avaient travaillé, dès leur début en politique fédérale, sur un même dossier, celui du régime des garderies nationales. « Comme ministre du Développement social dans le cabinet de Paul Martin, en 2004 et 2005, Ken Dryden avait réussi à trouver cinq milliards pour développer le régime de garderie nationale », raconte M. Lessard, qui représentait alors le Bloc québécois dans ce dossier. Il se rappelle que Ken Dryden était un admirateur du Québec pour son programme des garderies subventionnées par l’État. « Il aimait profondément le Québec, pas juste pour le hockey, mais pour la couverture publique de plusieurs services humains », précise-t-il.

Générosité remarquée

En 2006, avec l’entrée au pouvoir des conservateurs de Stephen Harper, ils se sont engagés à enlever cinq milliards en prétextant que ce n’était pas le rôle de l’État de soutenir les familles de cette manière, raconte M. Lessard. « J’étais étonné de le voir débattre de tout le bienfait que ce programme apportait au Québec. Ça a amorcé des conversations entre nous deux », raconte-t-il, alors que lui-même était préoccupé par le sort des CPE, puisque les pressions augmentaient même au Québec pour démanteler ce réseau.

Pour M. Lessard, Ken Dryden était un homme surprenant qui avait un grand plaisir à assister au bonheur des autres, dont une victoire de Stan Mikita, alors le seul Slovaque de la Ligue nationale de hockey. « La générosité et le civisme de cet homme m’ont marqué. »

« Monument historique »

De cet ancien gardien de but, Yves Lessard retient surtout que la fraternité peut exister malgré l’adversité politique. Une leçon de vie qui lui aura servi dans d’autres dossiers sur lesquels il a travaillé dans les années subséquentes.

« C’était un monument historique, non seulement pour son comportement sur la patinoire, mais aussi dans la vie de tous les jours », raconte M. Lessard.

Il se souvient d’une anecdote. « Dans les années 60, il y avait quatre grosses équipes de hockey avec des joueurs semi-professionnels et professionnels en Abitibi », rappelle celui qui est originaire de cette région.

Il raconte que les mines finançaient ces équipes. « Deux joueurs ont quitté la Ligue nationale pour venir jouer à Val-d’Or parce que le salaire était plus attrayant », explique-t-il. Bep Guidolin, alors neuvième compteur de la Ligue nationale, a décidé, à la fin d’une saison, d’aller travailler à Val-d’Or. « Je lui ai dit que c’était à la fin de la saison de 1959, mais spontanément, il m’a repris pour me dire que c’était en 1960 », mentionne M. Lessard, encore aujourd’hui fasciné par les connaissances de Ken Dryden.