La ballerine venue de l’Est

Monica Nachi a transformé sa vie de ballerine de l’opéra à Bucarest en quittant contre son gré sa ville natale, enceinte, à 19 ans, pour venir s’installer aujourd’hui à Saint-Bruno-de-Montarville.

Le mental d’un athlète joue beaucoup dans sa réussite en compétition. Une volonté qu’a pu mettre à l’épreuve Monica Nachi dans sa propre vie en arrivant au Canada. Cette ballerine de l’opéra national de Bucarest, capitale de la Roumanie, a dû abandonner sa carrière en arrivant à Montréal en 1993, à l’âge de 19 ans. Enceinte, elle a été obligée de suivre ses parents qui fuyaient la situation politique et économique du pays.

Aujourd’hui, elle remercie ces derniers d’avoir fait le choix de quitter l’Europe de l’Est pour s’installer au Québec. « On ne se rend pas toujours compte comme on est choyé au Canada. Je me rappelle avoir donné des représentations à l’opéra où tous les spectateurs avaient leurs chapeaux en fourrure et leurs manteaux dans la salle. Il faisait tellement froid qu’il y avait de la fumée qui sortait de notre bouche. »

« J’ai fini mon école de danse à 18 ans, j’ai été engagé à l’opéra à 17 ans. Je ne voulais pas venir au Canada, car j’avais une carrière en Roumanie. Quand je suis arrivée à Montréal, j’étais enceinte, j’avais une blessure à la cheville droite et je ne parlais pas le français. Ça a été difficile », explique la mère de deux enfants.

« Je me rappelle avoir donné des représentations à l’opéra où tous les spectateurs avaient leurs chapeaux en fourrure et leurs manteaux dans la salle. » – Monica Nachi

La dinde de Noël

La jeune mère a été rapidement admissible au programme d’aide aux immigrants et elle se rappelle son premier Noël. « À 19 ans, j’étais une jeune mère et je me rappelle encore très bien le jour où l’organisme m’a donné une grosse dinde pour célébrer », raconte-t-elle avec émotion. Heureuse, mais piquée dans son orgueil, elle s’est dit qu’un jour, ce serait à elle d’aider.

Avec sa mère professeure de piano et son père ingénieur, rapidement ils quittent Montréal, eux pour s’installer à Sainte-Julie, elle pour venir vivre à Saint-Bruno-de-Montarville.

Pas simple de trouver un travail lorsque la seule chose que l’on sait faire, c’est danser, comme elle l’explique. Alors, toujours avec beaucoup de caractère, elle décide de se remettre aux études en marketing à HEC Montréal, en graphisme, et elle réussit à donner quelques cours de ballet dans plusieurs écoles.

En 2015, alors qu’elle avait trouvé une stabilité dans un nouveau travail avec un poste de directrice marketing chez Marcil, coup sur coup elle perd son emploi, elle se sépare de son conjoint et sa fille est diagnostiquée d’une maladie chronique.

Une renaissance

« C’est à ce moment que j’ai décidé de venir habiter à Saint-Bruno et de repartir à zéro. J’ai toujours été dans la danse et ma fille est une patineuse. Alors, j’ai décidé de donner des cours de danse à des patineuses. » Une idée qui a bouleversé sa vie.

Elle a donné un premier cours à Boucherville. Le bouche-à-oreille et sa réputation ont fait le reste. Aujourd’hui, elle donne des cours à 230 patineuses à Saint-Bruno (où elle a son entreprise qu’elle gère seule), à Montréal, à Repentigny, Sainte-Julie… « Je travaille 50 h par semaine et j’aime ça. Ce n’est pas un travail pour moi. »

L’aîné de la famille, Alexandre Nachi, a 24 ans. C’est un acteur que l’on pourra bientôt voir dans le film de Ricardo Trogi 1991, le dernier film de la trilogie après 1981 et 1987.

« Aujourd’hui, on peut dire mission accomplie. Je remercie tous ceux qui m’ont fait confiance et m’ont permis de me rendre si vite là où je suis actuellement. J’ai cependant encore beaucoup de projets à réaliser, dont celui de m’associer à un organisme qui vient en aide aux jeunes mères qui veulent s’en sortir, qui veulent retourner aux études. J’ai reçu de l’aide et je veux aujourd’hui la redonner. »