Ann Stéphanie Fortin : espoir canadien du soccer julievillois

Ann Stéphanie Fortin a commencé l’année en se joignant à un camp de sélection de l’équipe canadienne de soccer U20 dans la dernière phase de sélection pour participer aux qualifications et à la Coupe du monde U20 de soccer qui se déroulera en août. Entretien avec la gardienne espoir du soccer féminin de Sainte-Julie.

Bravo pour l’invitation à ce camp de recrutement avec équipe Canada U20. Comment avez-vous appris la nouvelle?
Merci. J’ai appris que j’étais parmi 40 potentielles candidates pour faire la sélection de ce camp (24 filles), la première semaine de décembre, par mon entraîneur à Rice University (où elle étudie en architecture), et puis j’ai reçu la convocation officielle de l’équipe nationale le 9 décembre dernier.

Quand le camp s’est-il déroulé?
Le camp s’est déroulé du 9 au 14 janvier à Toronto. C’était le deuxième camp d’entraînement que Canada Soccer organisait pour sélectionner ses effectifs pour les équipes non séniors depuis il y a déjà deux ans, en décembre 2019. Évidemment, à cause des restrictions, Canada Soccer a mis tout en œuvre afin de respecter les directives sanitaires. Tous les athlètes, le staff et tout le personnel de l’hôtel devaient être testés avant et après notre arrivée à Toronto ainsi qu’à notre départ. Je peux affirmer que Canada Soccer a réussi à mettre en place un environnement sain et sécuritaire. J’étais bien à l’aise. J’étais aussi très contente de retrouver les joueuses avec lesquelles j’avais fait des camps auparavant et de rencontrer de nouvelles joueuses talentueuses qui ont un parcours similaire au mien.

Combien de gardiennes étaient au camp et combien seront sélectionnées pour la formation U20?
Nous étions trois gardiennes durant ce camp. Pour ce qui est des prochains camps d’entraînement, je ne sais pas combien ils en inviteront, mais je sais que la CONCACAF (phase de sélection à la Coupe du monde) autorise les équipes à amener un maximum de deux gardiennes et la Coupe du monde, un maximum de trois par équipe.

Quel a été l’élément déclencheur au cours de votre parcours sportif, celui qui vous a motivée à persévérer dans ce sport?
J’ai fait mes débuts à l’été de mes 7 ans dans une équipe de soccer récréatif de ma ville (Sainte-Julie). Après ma saison avec l’équipe récréative en 2010, j’ai été invitée, au printemps de l’année suivante, à faire le camp de sélection afin de rejoindre l’équipe compétitive « les Rafales » de Sainte-Julie (maintenant AS Montis). C’est là que mon affection pour le soccer a débuté. Mes coaches de l’époque, ainsi que les joueurs et les joueuses plus âgés, m’ont beaucoup influencée. C’est à l’âge de 10 ans que j’ai fait mes débuts dans les buts et ce fut une révélation! C’est aussi à ce moment que je me suis mise à faire, hebdomadairement, les entraînements spéciaux pour gardiens avec le club des Rafales. Le soccer, et plus particulièrement être gardienne de but, m’a appris beaucoup de choses comme la résilience, le respect et l’esprit d’équipe, la discipline, le dépassement de soi. Le poste de gardien est considéré comme un poste solitaire et parfois ingrat, mais ce poste me demande de me réinventer chaque jour et de toujours donner plus que ce qui est demandé. Un gardien doit savoir quel rôle chaque joueuse a sur le terrain, même s’il n’interagit pas avec elles directement et régulièrement pendant un match. Le poste de gardien au soccer m’a aussi appris à être autonome et à toujours avoir des objectifs dans la vie, autant au soccer que dans la vie de tous les jours. C’est pourquoi j’ai choisi d’aller à Rice University, à Houston, une université renommée académiquement et particulièrement en architecture et en ingénierie, les deux sujets qui me passionnent.

Vous êtes dans une équipe américaine universitaire, est-ce indispensable aujourd’hui pour espérer être un jour dans l’équipe nationale canadienne?
Non, je ne crois pas qu’être dans une université américaine contribue plus aux chances d’un(e) joueur(se) de faire l’équipe nationale. Ce qui augmentera tes chances de te faire inviter à un camp, c’est avant tout si l’environnement dans lequel tu évolues est compétitif et de qualité. Pour ma part, j’ai fait partie du CNHP (le Centre national de haute performance du Québec, maintenant appelé PEF) avant de poursuivre mon parcours en NCAA, mais il y a aussi l’Europe et ses académies et bien d’autres options qui peuvent se présenter à un/une joueur(se). Ce qui est vraiment important, c’est de voir beaucoup de styles de jeu, de se faire challenger chaque jour et d’avoir de la visibilité pour que les coaches te remarquent.

Plus jeune, dans quels clubs de la région de Sainte-Julie avez-vous joué? Pourriez-vous me rappeler votre parcours jusqu’à aujourd’hui?
Comme je l’ai mentionné, j’ai commencé à jouer avec les Rafales de Sainte-Julie, qui font maintenant partie de l’association AS Montis, et puis, par la suite, à l’âge de 12 ans, j’ai fait le saut au Club de soccer Longueuil et je n’ai pas changé depuis. J’espère, cet été, pouvoir faire partie de l’effectif du club qui évolue en PLSQ (la première ligue de soccer féminine au Québec, une ligue semi-pro). Pendant mes études au secondaire, j’ai également fait partie du sport-études à De Mortagne, à Boucherville, jusqu’à ce que j’intègre le CNHP (PEF), soit l’environnement sport-études pour les joueuses considérées espoirs et élites du Québec. C’est vraiment à ce moment-là que j’ai commencé à, disons, récolter le fruit de mes efforts et après ma première année dans le programme, j’ai été appelée à représenter le Canada à la CONCACAF des moins de 15 ans et, par la suite, j’ai continué à être appelée à participer à des camps pour les moins de 17 ans jusqu’à 2019, avant que la COVID-19 n’arrive au Canada. J’ai également représenté ma région aux Jeux du Québec de 2016 et j’ai été sélectionnée sur les équipes du Québec de 2016 à 2019.

Quand connaîtrez-vous les résultats?
D’ici les premières semaines de février, car la prochaine compétition de l’équipe U20 est la CONCACAF (ce sont les qualifications pour la Coupe du monde U20), qui se déroulera vers la mi-février. La Coupe du monde se déroulera en août prochain.

Si vous êtes sélectionnée, quelle sera la prochaine compétition avec les U20?
L’étape suivante, c’est faire les JO avec l’équipe nationale et intégrer l’équipe sénior à la coupe du monde?
C’est en effet deux rêves pour moi que de faire partie de l’équipe sénior pour aller aux Jeux olympiques et à la Coupe du monde, mais je sais que j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. Rendu à ce niveau, l’étau se resserre, alors je suis consciente de la qualité des joueuses qui atteignent les plus hauts effectifs. Il y a tellement de talent au Canada, alors cela est difficile de se démarquer et d’atteindre ce niveau-là et d’y demeurer. Dans ma tête, être invitée pour un camp avec l’équipe sénior, c’est encore loin, mais cela reste un objectif et plus les années avancent, plus je vois approcher ce rêve. Alors, c’est sûr que je reste optimiste et que je continuerai à me perfectionner jour et nuit pour arriver là.