Trouver du travail à 16 ans? Pas si facile qu’on le croit…
Vous souvenez-vous du jour où vous avez eu 16 ans? Cette journée-là, vous vous êtes sûrement dit que vous aviez toute la vie devant vous, qu’elle venait tout juste de commencer réellement.
Un texte de Lyanne Levasseur-Faucher, Collaboration spéciale
Pour ma part, j’attendais ce jour avec impatience, car 16 ans, c’est l’âge requis, selon les croyances populaires, pour pouvoir (enfin) conduire et travailler. Quelle déception ai-je éprouvée lorsque j’ai réalisé qu’il me faudrait encore attendre au moins une année complète pour obtenir mon permis probatoire! Mais encore plus déçue j’ai été lorsque j’ai commencé, en mars dernier, ma toute première recherche d’emploi.
J’ai tout d’abord écrit mon premier curriculum vitae, avec l’aide de mon entourage. Ne connaissant pas grand-chose dans le domaine professionnel, j’ai décidé d’assister à des ateliers d’information. Par exemple, à la bibliothèque municipale, j’ai participé à l’atelier du Carrefour jeunesse-emploi. Je me suis ensuite inscrite à leur projet en partenariat avec la Caisse populaire Desjardins, qui consiste à inviter des entreprises locales à engager de jeunes adolescents comme moi et à nous rencontrer au cours d’une soirée. Malheureusement, peu de commerces de Saint-Bruno se sont donné la peine d’y participer. J’ai également assisté à un atelier offert par le service d’ISEP (Information scolaire et professionnel) de mon école.
Durant les mois qui ont suivi, j’ai surveillé les annonces paraissant dans les journaux et je suis allée proposer ma candidature dans de nombreux endroits. Après avoir parcouru les rues de Saint-Bruno-de-Montarville de long en large et être allée porter mon CV à presque tous les endroits possibles, une vague de découragement m’a submergée. En effet, en ce qui concerne mon expérience, je ne pourrais dire que j’ai reçu un aussi bon accueil que je l’aurais espéré. Je vous le raconte sans prétention et en toute honnêteté : j’ai été questionnée, regardée de haut, presque chassée, et ce, à maintes reprises. Et cette froideur n’est pas seulement présente dans notre charmante municipalité… J’ai aussi voulu tenter ma chance aux Promenades St-Bruno, dans les boutiques, de même que dans les restaurants situés dans le Domaine des Hauts-Bois, à Sainte-Julie. Ma recherche d’emploi m’a permis de rencontrer bien des gens qui se sont montrés peu intéressés; lorsque j’ai postulé pour être plongeuse, ils m’ont regardée comme si je venais d’une autre planète, ils m’ont dit que je n’étais pas assez vieille (leurs exigences étant la 5e secondaire complétée, 18 ans, 25 ans, etc.), ils m’ont demandé si je possédais une auto, et j’en passe. Je suis restée abasourdie de voir qu’après avoir appris que j’avais 16 ans, les gens me demandent d’un ton condescendant si j’avais de l’expérience.
Peu importe les moyens utilisés, que ce soit en me présentant en personne à de multiples occasions, en envoyant des demandes en ligne ou par courriel, je me retrouve, au mois de juillet, sans emploi pour la période estivale. Cela m’attriste, d’autant plus que je ne suis pas la seule dans cette situation. J’ai plusieurs amis qui ont vécu des moments semblables. De plus, dès l’instant où l’on se fait engager par une entreprise quelconque, les attentes sont des plus exagérées. J’ignore pourquoi, mais dans ce monde qui ne m’est pas encore familier, on exige la performance à tout prix et après une formation de quelques heures, on nous compare aux employés qui exercent les mêmes tâches depuis deux ou trois ans. Si l’on n’atteint pas ces standards, on nous dit de revenir pour faire du bénévolat.
Plusieurs en ont marre de ce sujet, mais je crois pertinent de le mentionner ici : comment puis-je espérer payer mes études, avec la hausse des frais de scolarité qui nous menace, nous les étudiants, si personne ne veut m’engager, ne serait-ce que pour deux mois? Et la société n’a de cesse de nous accuser d’être paresseux, et nous nous faisons traiter de lâches parce que nous ne nous forçons pas pour gagner de l’argent comme les adultes.
Toutes les excuses sont bonnes pour préférer embaucher une personne possédant des aptitudes plus élevées que celles d’une jeune fille à la recherche d’une première expérience de travail. Mais si personne ne veut le faire, qui est-ce qui le fera?
(NDLR – Lyanne Levasseur-Faucher vient de terminer sa 4e secondaire à l’École d’éducation internationale de McMasterville. Cette jeune Montarvilloise se passionne pour l’écriture depuis quelque temps déjà. Vous aurez d’ailleurs l’occasion de lire des articles de sa plume au cours de l’été, puisqu’elle collaborera avec le journal Les Versants pour les prochaines semaines. Bienvenue dans l’équipe, Lyanne!)