Utiliser des fonds publics pour préserver le Boisé des Hirondelles? Très bonne question!
Dans l’édition du 31 août dernier du journal Les Versants, un citoyen questionne la pertinence d’utiliser les fonds publics pour préserver le Boisé des Hirondelles : c’est une très bonne question. Surtout s’ils proviennent de la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville, car il serait difficilement défendable pour elle, sur le plan politique, d’investir les millions de dollars requis pour l’achat et la mise en valeur de ce boisé.
Dans les circonstances, il y a cependant d’autres questions à se poser. Entre autres :
Le développement résidentiel projeté est-il susceptible d’avoir un impact négatif sur la biodiversité des boisés du Mont-Saint-Bruno? Contrairement à ce qu’on prétend dans certains milieux, la réponse est oui. En effet, tout biologiste qui se respecte insistera sur l’importance de conserver des zones tampons autour du parc provincial adjacent, car plus le territoire est vaste et sans morcellement des boisés, plus grandes sont les chances de protéger les habitats forestiers et la biodiversité de ses écosystèmes (faune et flore). Le projet envisagé entraînera nécessairement le morcellement du boisé, sans compter l’impact sur la flore du sous-bois et la faune qui l’habite, qui pourront difficilement cohabiter avec un développement domiciliaire.
Est-ce qu’il existe une alternative au projet présentement sur la table, qui est susceptible d’avoir moins d’impact sur le milieu naturel? La réponse est sans doute oui. Cette alternative consiste à densifier en construisant, par exemple, un nombre de condos équivalent au nombre de maisons unifamiliales envisagé. La superficie de terrain requise sera moindre, ce qui réduira d’autant la perte et le morcellement d’habitats forestiers. Un don écologique de la superficie non construite contribuera à rentabiliser le projet domiciliaire.
La Ville de Saint-Bruno-de-Montarville sera-t-elle poursuivie si elle modifie le zonage du Boisé des Hirondelles? Si tout le boisé est rezoné « parc », il ne faudrait pas être surpris que la Ville soit effectivement poursuivie. Cependant, si le promoteur va de l’avant avec un projet de condos, si l’espace occupé par ce projet est zoné « Habitation multifamiliale » et si le reste du boisé est zoné « parc », il ne devrait pas y avoir de problème.
Est-ce qu’il y a des avantages à une alternative au projet présentement sur la table, qui est susceptible d’avoir moins d’impact sur le milieu naturel? Il y a un certain nombre d’avantages à en arriver à une solution de compromis. Entre autres choses, il en ressortira une solution de gagnant-gagnant
1. où un don écologique par le promoteur et la mise de l’avant par ce dernier d’un projet susceptible d’avoir moins d’impact sur l’environnement seront sans doute très appréciés par la population.
2. où l’administration municipale aura démontré sa volonté de préserver, dans la mesure du possible, un milieu naturel exceptionnel, tout en favorisant un projet conforme à sa politique de densification de l’utilisation de l’espace urbain.
3. où les tenants de la conservation auront réussi à réduire le plus possible l’impact négatif qu’est susceptible d’avoir le développement domiciliaire projeté sur les écosystèmes de la montagne.
4. où les Montavillois (es) verront sans doute d’un bon œil un compromis qui permettra de sauvegarder une partie de leur patrimoine naturel (comme ce fut le cas pour le parc Tailhandier) sans qu’ils aient à subir une augmentation de taxes.
Il est donc urgent que le climat de confrontation qui existe présentement fasse place à un dialogue permettant de trouver une solution de compromis où chacun des partis intéressés y trouvera son compte. Il est déplorable que l’administration municipale n’ait pas jugé bon d’impliquer les citoyens et organismes intéressés dans l’élaboration de ce projet comme avaient l’habitude de le faire les administrations qui l’ont précédée, pour des projets similaires. Il faut espérer qu’il n’est pas trop tard pour effectuer le changement de cap qui s’impose.
Jean-Guy Gaudette,
Saint-Bruno-de-Montarville.