Un héritage de 20 000 puits de gaz de schiste… est-ce rassurant?
Dernièrement, nous apprenions qu’il y a déjà 600 puits orphelins au Québec. Qu’est-ce qu’un puits orphelin? C’est un puits de gaz naturel qui a été foré, exploité, puis fermé et abandonné par une compagnie qui n’existe plus.
Nous apprenions également que le suivi du gouvernement sur les risques environnementaux que représentent ces puits laisse à désirer. Sachant que, selon le rapport du Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE), « plusieurs des cas de contamination d’aquifères ou de puits domestiques répertoriés résulteraient de puits abandonnés », il y a lieu de s’inquiéter des puits actuels et futurs de gaz de schiste.
Mais il y a plus encore. Au Québec, selon la Loi sur les mines, il n’est pas nécessaire qu’une gazière disparaisse pour que le puits soit abandonné. Selon la loi, une gazière (ex. : Molopo Energy, qui détient les droits d’exploitation de notre région), après avoir engrangé ses profits, pourra en toute légitimité demander l’abandon de son droit ou de son permis et être libérée de toute responsabilité si le gouvernement juge acceptables les travaux de fermeture. Le puits passe alors sous la responsabilité du gouvernement, donc, de nous tous. Dans l’état actuel des travaux de génie civil au Québec (routes, viaducs, etc.), pouvons-nous être vraiment rassurés sur la capacité du gouvernement à juger efficacement de la qualité et de la durabilité des travaux de colmatage et à faire le suivi des 20 000 puits projetés?
Finalement, toujours selon le rapport du BAPE, « la remise en état des sites d’exploitation, en lien avec un bail d’exploitation de pétrole et de gaz naturel, n’est mentionnée dans aucune disposition de la Loi sur les mines et dans le Règlement sur le pétrole, le gaz naturel et les réservoirs souterrains ». Au Québec, contrairement à l’Alberta et aux États-Unis, aucun recours n’est possible contre une société gazière ou pétrolière si un problème environnemental ou de sécurité survenait après la fermeture d’un puits.
Êtes-vous rassurés?
Moi, ce qui me rassure, c’est le nombre croissant de comités de prévention contre les gaz de schiste qui se forment dans la Vallée du Saint-Laurent et surtout l’appui massif que la population leur démontre en signant le formulaire de la campagne « Vous n’entrerez pas chez nous! ».
André Péloquin,
citoyen de Sainte-Julie.