Questions impertinentes à François Legault
Son parti (j’allais dire son pari) n’existe pas encore. Officiellement. Par contre, il nous a présenté une brochette de donateurs importants et lui et ses amis planent dans les sondages. François Legault nous a proposé, jusqu’ici, des énoncés plutôt généraux, des flashs, sur l’éducation, la santé, l’économie et la culture. Ce qui m’a le plus troublé, c’est que dans tout ce « fast food bien canné », il a prudemment et soigneusement évité d’aborder la vaste question de notre avenir énergétique, et donc de se compromettre sur la question environnementale.
Peut-on savoir ce qu’il a à nous proposer concernant l’exploitation des gaz de schiste? C’est pourtant une question qui a semblé sérieusement préoccuper une bonne majorité de la population, toutes générations confondues. Que propose-t-il en rapport avec la ronflante étude stratégique lancée par Jean Charest sur ce sujet? Quelques phrases sibyllines qui, finalement, n’engagent à rien. Entend-il proposer des changements à l’actuel régime de redevances (autrement appelé « braderie ») concernant l’exploitation des ressources naturelles et énergétiques? Tiens, ben oui, le pétrole dans le Saint-Laurent, ça n’existe plus tout à coup???
Il reste muet sur l’exploitation de l’amiante, sur la réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2? Que nous propose-t-il concernant la fiscalité environnementale (taxe carbone, régime bonus-malus, etc.)? Où cache-t-il son plan concernant les énergies alternatives? Qu’apporte-t-il de neuf au sujet du Plan Nord?
Ce n’est certes pas mieux en ce qui concerne l’environnement politique. Restent, en effet, sur la table le système de l’octroi des contrats, les collusions, la corruption, les caisses électorales occultes, les ristournes, les nominations, les dépassements de coûts à cause des extras. À part quelques très discrètes sorties pour la forme et quand ça chauffe trop, encore rien.
Legault, lui-même ex-homme d’affaires et ex-ministre senior, ne voit pas l’importance de se pencher sur les incessants passages des élus et des grands mandarins de l’État au privé et vice-versa (portes tournantes), avec ce que cela entraîne comme confusion entre le bien commun et les intérêts privés.
Et, en toute fin, que pense-t-il de la réforme de notre système de représentation électoral qui laisse non représentés des milliers de citoyens? Vous avez deviné la réponse. Encore rien sur la table, même le menu est resté aux cuisines. Probablement parce que ces sujets n’ont pas encore été emballés sous vide par une quelconque maison spécialisée dans la fabrication d’images.
Comment en est-on arrivé à accorder si légèrement notre confiance (selon les sondages) à un mouvement qui a si habilement évité d’ouvrir son jeu sur l’ensemble de ces dossiers controversés?
Richard Lépine,
Saint-Bruno-de-Montarville