Le dynamitage en milieu résidentiel, une lourde responsabilité pour la Ville de Saint-Bruno

C’est avec stupéfaction que nous avons appris que le dynamitage serait permis dans notre montagne au profit du projet résidentiel du sénateur libéral Paul J. Massicotte. 

Lors de la présentation du PIAA du projet La Futaie, nous avons eu confirmation que seul le promoteur serait responsable de la prise de décision concernant la nécessité de dynamiter.

Les problèmes reliés au dynamitage sont connus : bruits, danger de projectiles, atteintes à l’intégrité des maisons avoisinantes, et on ne peut garantir la sécurité des personnes habitant près des sites de dynamitage.

Un risque moins connu est celui de l’intoxication au monoxyde de carbone. En effet, plusieurs cas d’intoxication au monoxyde de carbone ont été rapportés dans les habitations jouxtant les sites de dynamitage. Au printemps 2011, à Laval, des familles complètes ont dû être évacuées d’urgence et hospitalisées à la suite d’une exposition significative au monoxyde de carbone. Certaines personnes ont même reçu des traitements en chambre hyperbare, démontrant ainsi la gravité de l’intoxication.

Dans un rapport de l’Institut de recherche en santé et sécurité du travail (IRSST) sur les risques du dynamitage en milieu résidentiel, il est souligné à gros traits que les intoxications au monoxyde de carbone sont beaucoup plus fréquentes qu’on l’a estimé à ce jour. Les cas connus ne seraient que la pointe de l’iceberg, et ce, malgré le fait que cette intoxication est une maladie à déclaration obligatoire.

Les chercheurs en santé ont démontré que les mesures utilisées par les entreprises de dynamitage se sont avérées inutiles dans la prévention de la dispersion du monoxyde de carbone.

Lorsque la Ville a permis la destruction de la forêt Birks (rue François-P.-Bruneau), elle avait pourtant interdit le dynamitage. Pourquoi le permettrait-elle dans la forêt des Hirondelles?

Bien sûr, il en coûterait beaucoup plus cher de creuser à la mèche, mais comment justifier d’exposer des familles entières aux séquelles de l’intoxication au monoxyde de carbone qui, rappelons-le, peuvent entraîner des séquelles neurologiques permanentes, voire la mort?

Nous avons présenté ces risques reliés au dynamitage lors de la dernière assemblée de la Ville et sommes stupéfaits de réaliser que le projet fut malgré tout adopté sans modification à cet égard. Nous estimons que la Ville a l’autorité et le devoir de protéger ses concitoyens et surtout, de ne pas laisser la sécurité de ces derniers entre les mains d’un promoteur qui risque d’avoir beaucoup plus de préoccupations pécuniaires que salutaires.

 

Dr Philippe Chouinard, MD, FRCPC

Médecin anesthésiologiste, Hôpital Charles-LeMoyne

Professeur enseignement clinique, Université de Sherbrooke

 

Cosignataire

Dr Laurent Vanier MD, Ph. D., CMFC (MU)

Médecin-conseil, Direction nationale des urgences

Professeur agrégé, Université de Sherbrooke

Urgentologue, Hôpital Charles-LeMoyne

Président sortant, Association des médecins d’urgence du Québec