Le Boisé des Hirondelles : un choix sensé

J’ai été élevé sur une ferme dans la région des Appalaches. Cette région est très bucolique. Les fermes, dont les champs pour la plupart sont à flanc de montagne, sont entrecoupées de boisés contenant de nombreux feuillus tels qu’érables, hêtres, frênes, ormes, bouleaux… séparés par des ruisseaux ou rivières serpentant au pied des montagnes. Ce paysage devient très coloré  en automne avec ces champs d’un vert éclatant et le coloris des feuilles que l’on ne se lasse pas d’admirer lors de nos randonnées du dimanche.

Mais sur le plancher des vaches, la vie des fermiers était loin d’être aussi rose que les apparences le laissaient entrevoir. Les champs à flanc de montagne défrichés par les pionniers, en plus d’être en pente, contenaient une quantité appréciable de roches et lors de la transition, pour les labours, du cheval au tracteur, la patience de plusieurs fermiers a été mise à rude épreuve. Il fallait ramasser les grosses roches après les labours et les petites après les semences. En plus, dans certains champs, il n’était pas rare d’avoir une ou deux sources qu’il fallait drainer vers les ruisseaux les plus proches.

Lorsque je regarde les champs de la Montérégie, sans roches, fertiles, plats presque à perte de vue, qui s’égouttent bien (le paradis pour un fermier), être utilisés pour construire des routes, centres commerciaux avec de grands stationnements pour les autos, des édifices de tout acabit et pour terminer des « parcs » de maison, mon cœur saigne en voyant l’utilisation que l’on fait d’un sol si riche et si propre à tous sortes de cultures. Je trouve que c’est presque criminel!

Je me suis toujours dit qu’il devait y avoir moyen d’utiliser des endroits qui sont moins propices à l’agriculture, parce qu’ils sont rocheux ou en pente, ou dont le sol est peu fertile, et qu’ils ont été mis de côté par les défricheurs pour ces raisons. Si on examine le projet sur la rue des Hirondelles, c’est exactement cela! Naturellement, c’est triste de couper des arbres et de construire des maisons, mais le choix est plus facile à faire lorsque l’alternative est de s’installer sur des lots qui sont en réalité des fermes agricoles que l’on a démembrées.

On a déjà utilisé ces types de boisés dans le passé à Saint-Bruno-de-Montarville, si l’on regarde le flanc ouest du Mont-Saint-Bruno, tout le secteur compris entre le boulevard De Boucherville et la rue Montpellier, le secteur du Sommet Trinité de même qu’à Sainte-Julie pour le Domaine des Hauts-Bois.

Regardons la topographie de la Montérégie et le principe suivi par les pionniers pour défricher le sol de la région. Conservons les terres arables propres à la culture et choisissons les boisés. Il y a quand même un choix difficile à faire, mais au moins, nous savons sur quelle base les décisions sont prises. Comme le dit l’adage : « Entre deux maux, on choisit le moindre. »

Jean-Luc Turcotte, Saint-Bruno-de-Montarville.