Il faudra plus de mordant pour sauver nos milieux naturels

Les milliers d’écologistes et de naturalistes de la région métropolitaine et de la Montérégie ont dû soupirer de soulagement à l’annonce, le 21 octobre dernier, de « l’élaboration d’un diagnostic et l’identification des enjeux relatifs à la protection et à la mise en valeur des Montérégiennes ».

Confrontées à l’étalement urbain, les collines Montérégiennes deviennent chaque jour plus vulnérables à la destruction de leurs versants avec l’accord des municipalités et du gouvernement. Pourquoi? Parce qu’en 2011, on ne comprend toujours pas l’urgence de préserver nos milieux naturels! Chaque fois que l’un d’eux est menacé, il est irrémédiablement condamné à disparaître si les citoyens ne se mobilisent pas. Trop de municipalités détruisent leur patrimoine naturel en croyant enrichir leur collectivité pour récolter des taxes foncières, alors qu’elles ne font qu’enrichir les spéculateurs fonciers. Tout cela au détriment des milieux naturels et des services écologiques qu’ils nous rendent, purification de l’air et de l’eau, préservation de la biodiversité, protection des sols. Déjà, en mai 2008, près de 200 responsables des milieux scientifique, municipal, gouvernemental et associatif sonnaient l’alarme dans le cadre du colloque Les Montérégiennes – un avenir commun-.

Quand nos élus comprendront-ils enfin que la conservation des écosystèmes naturels est un facteur de richesse collective et de santé publique, dont la valeur dépasse largement les revenus fonciers qu’ils peuvent en tirer? Lorsque nous aurons rasé tous nos boisés, pollué notre eau et contaminé nos sols, l’argent nourrira-t-il nos enfants?

Nous estimons urgent que nos décideurs politiques de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), de Longueuil et de la Montérégie Est, qui commanditent cette étude avec le gouvernement provincial, décrètent un moratoire sur l’urbanisation de tous les milieux naturels et en particulier ceux qui sont situés à l’intérieur et à proximité des grandes villes. Il y a une urgence d’agir sur les sites situés sur les versants des monts Royal, Saint-Bruno, Saint-Hilaire, Yamaska, Saint-Grégoire et Rougemont, mais également sur tous les écosystèmes situés sur le parcours du corridor forestier montérégien, lequel traverse, rappelons-le, 17 municipalités, telles Carignan, Brossard et La Prairie. Nous pensons qu’il est impératif que pendant les mois que durera la collecte de données par l’équipe de Nature-Action Québec, nos élus municipaux fassent preuve de cohérence et se tiennent debout face au lobbying des promoteurs.

Aujourd’hui, nous sommes plusieurs regroupements citoyens de Longueuil et de la Montérégie à nous unir pour protéger nos enfants contre le smog, contre une eau bourrée d’éléments pathogènes et contre des sols contaminés.

Nous appelons donc tous les citoyens à s’engager activement avec leurs regroupements locaux de défense des milieux naturels et à redoubler de vigilance auprès de leurs instances politiques locales, pour que les assises publiques qui suivront le dépôt du rapport de Nature-Action Québec ne soient pas un vain exercice devant un territoire écologiquement saccagé par la poursuite des intérêts particuliers au détriment du bien commun.

Nous invitons tous les citoyens du Québec à signer la pétition en ligne afin d’exiger de nos élus la protection de nos milieux naturels : www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-2121/index.htm.

Caroline Rodrigue, présidente de l’APES

Catherine Mondor, porte-parole du Regroupement des citoyens pour la sauvegarde de la forêt des Hirondelles

Laure Waridel, écosociologue et cofondatrice d’Équiterre

Lorraine Moquin, coprésidente du comité de citoyens de l’île Goyer

Guy Turcotte, porte-parole de SOS Forêt Fernand-Seguin

Luc L’Écuyer, directeur général d’Héritage Saint-Bernard

Patrick Paré, biologiste et cofondateur du Comité de citoyens du Secteur Lareau-Bouthillier

Dr. Philippe Blais, organisme Vigile Verte

Tommy Montpetit, porte-parole des Partenaires du Parc écologique de l’Archipel de Montréal