À Saint-Bruno, les dinosaures n'ont pas tous disparu

M. le Maire,

Pour faire suite à votre intervention dans les journaux locaux, je tiens à vous rappeler que l’entrée et la sortie du futur poste à essence ont déjà été asphaltées et qu’un passage sur le terre-plein central du boulevard De Boucherville a été ouvert juste en face de cette sortie afin de permettre aux automobilistes de reprendre le boulevard en direction de la 116. Ces infrastructures ont été mises en place avant même qu’un projet ne soit officiellement déposé à la Ville. Quant à moi, il est évident que le projet a commencé officieusement depuis beaucoup plus longtemps que vous ne le laissez entendre. En outre, sur un plan d’aménagement de 2005 (le plan est disponible sur la page d’accueil du http://www.droitcitoyen.ca/), on voit clairement que le terre-plein central n’a pas d’ouverture, ce qui indique que la Ville, sous votre responsabilité, a fait modifier le plan original afin d’accommoder le promoteur du terrain commercial. Mais qui a payé pour ces accommodements? Est-ce que les coûts du réaménagement du terre-plein central ont été supportés par les résidants du Domaine du Ruisseau ou est-ce le promoteur qui a payé de ses propres poches?

De plus et à moins d’une grossière erreur de ma part, lorsque le promoteur a acheté ce terrain, il n’y avait pratiquement aucun résidant dans le Domaine du Ruisseau pour s’opposer à ce projet. Depuis, il y a des familles qui ont emménagé, des familles qui ont payé pour le développement de ce secteur afin qu’il prenne vie, des familles qui versent aussi plusieurs centaines de milliers de dollars en taxes à la Ville de Saint-Bruno. Maintenant, vous êtes en train de leur dire qu’il n’y a aucune bonne raison de changer ce qui a été décidé il y a si longtemps qu’il y avait sûrement encore des dinosaures à Saint-Bruno. Êtes-vous en train de nous affirmer que nous n’avons rien à dire parce que vous avez démocratiquement décidé avec le promoteur que c’était ce dont nous avions besoin? Pour moi, le bon sens et le savoir-vivre auraient été de faire une consultation démocratique auprès des résidants afin de connaître leurs besoins réels et non de leur imposer les ambitions de certaines personnes. De plus, M. le Maire, il est fort à parier que les familles du Domaine du Ruisseau au sud de la 116, comme partout ailleurs, ne nourriront pas et ne soigneront pas leurs enfants avec un litre d’essence. Le plus ridicule, c’est que nous devons prendre notre auto pour aller à la pharmacie, mais par contre, nous pourrons aller chercher de l’essence à pied et malgré tout ça, vous n’avez pas vu de motifs sérieux pour modifier cette entente!

Ensuite, vous prétendez que la Ville a fait des demandes très sévères auprès du promoteur. Cependant, les automobilistes vont pouvoir sortir du poste à essence et couper la circulation du boulevard afin d’emprunter le passage du terre-plein central pour remonter en direction de la 116. Quand je vois cette aberration, j’ai un doute sur le sérieux des demandes prétendues sévères.

Quand vous parlez d’accommoder des milliers de Montarvillois, vous oubliez aussi de parler des milliers de Grandbasilois et des développements futurs de Saint-Basile-le-Grand au sud de la 116. C’est curieux comme le personnel de la ville de Saint-Bruno a tendance à omettre Saint-Basile-le-Grand dans l’équation, qui pourtant représente la majorité du trafic sur le boulevard. Je regarde le boulevard du Millénaire, proche de la 116, et j’y vois un copier/coller sur le boulevard De Boucherville avec un autre poste à essence Ultramar; les Grandbasilois vont se sentir comme à la maison. En passant, il est aussi fort à parier que le promoteur du terrain commercial n’aurait jamais construit un poste à essence si le boulevard De Boucherville ne débouchait pas sur Saint-Basile. Évidemment, il n’y a rien de dirigé contre les résidants de Saint-Basile-le-Grand; dans leur situation, je serais bien content aussi. Cependant, avant d’acheter la maison, j’aurais aimé être mis au courant quand je suis allé à la Ville pour en savoir plus sur le secteur.

Quant à votre volonté de mêler la Santé publique au dossier afin de déterminer les risques sur la santé de vivre proche d’un poste à essence, cela revient à demander à une compagnie de tabac s’il est dangereux de fumer. 

M. le Maire, en tant que bon politicien, je suis certain que vous allez trouver tout un tas de bonnes raisons pour remettre en question tout ce que je viens de dire. Et en l’occurrence dans la prochaine publication du journal, j’y lirai sans doute des commentaires désobligeants de personnes qui n’ont aucune idée de ce qui se passe au sud de la 116, mais qui se croient quand même obligées d’en parler.

Pour terminer, personnellement, je suis pour le projet, en fait j’aime le concept, sauf la partie qui concerne le poste à essence. Nous sommes en 2011, les scientifiques et de plus en plus de citoyens se tournent unanimement vers l’idée qu’il faut réduire massivement les GES avant qu’il ne soit trop tard, mais à Saint-Bruno-de-Montarville, un nouveau poste à essence naîtra. Finalement, à Saint-Bruno-de-Montarville, les dinosaures n’ont pas tous disparu.

Dominic Richard,

Saint-Bruno-de-Montarville