Saint-Bruno : un boisé détruit
Le long de la route 116, à Saint-Bruno-de-Montarville, des travaux d’abattage ont été effectués dans un boisé, le mercredi 15 octobre. Plus de 400 arbres ont été abattus.
« La scène me fait penser au film Avatar. Sur la planète Pandora avec les machines. Le même bruit, la même lourdeur dans le son. Ça fait pitié… », exprime Mila Sramko, une citoyenne de Saint-Bruno-de-Montarville qui s’est confiée au journal Les Versants. Le boisé en question est situé le long de la route 116, à proximité de la bâtisse abandonnée de l’ancienne Cage aux sports de Saint-Bruno. Le terrain, zoné commercial, est aussi sous le règlement de contrôle intérimaire (RCI) de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).
Des animaux
Selon la résidente, qui demeure à Saint-Bruno depuis 1978, on retrouve parfois dans ce boisé diverses espèces animales, telles des grenouilles, des dindes sauvages, des oies. « Il y a un milieu humide. Nous entendons aussi des hiboux », dit-elle.
Au passage du journal, le 15 octobre en fin de matinée, deux chevreuils désertaient les lieux à la course et se dirigeaient vers la 116. Plus loin, les machines progressaient davantage à travers le boisé.
La Ville ordonne l’arrêt des travaux
« Je suis furieux de ce qui s’est passé! Nous avons une tolérance zéro pour ce qui s’apparenterait à de la mauvaise foi ou de l’incompétence », déclare le maire sortant de Saint-Bruno, Ludovic Grisé Farand.
En entrevue avec Les Versants, M. Grisé Farand indique que la Ville a délivré un permis au propriétaire du terrain afin de l’autoriser à réaliser une « coupe sanitaire » qui visait les arbres malades et morts seulement.
Or, à la suite d’interventions citoyennes, la Municipalité a constaté que le propriétaire du site avait été au-delà de ce qui lui était concédé. « Il aurait remanié le sol. Il aurait retiré des souches. Il aurait aussi possiblement comblé un milieu humide. Nous avons ordonné l’arrêt complet des travaux », dénonce le maire Grisé Farand, qui assure que Saint-Bruno prendra tous les recours à sa disposition afin d’imposer des « amendes salées » si les observations se révèlent exactes. La Ville exigera aussi que le site soit remis.
Le ministère de l’Environnement
Le journal a aussi appris que le 1er février et le 11 avril 2023, le ministère de l’Environnement a effectué des visites de terrain sur les lots 2 420 212 et 2 420 210 du cadastre du Québec.
« Ces visites ont été réalisées dans le cadre de l’analyse de demandes d’autorisation ministérielle déposées pour des interventions en milieux humides. Des autorisations ministérielles ont été émises le 22 septembre 2023 et le 11 octobre 2023 pour un projet de développement commercial et un projet de développement résidentiel », répond la porte-parole du Ministère de l’Environnement, Ghizlane Behdaoui.
Déjà en poursuite judiciaire
Selon les dires du premier magistrat, Saint-Bruno est déjà en poursuite judiciaire avec ce propriétaire. Ce dernier demande à la Ville de desservir le site alors que celle-ci refuse de le brancher. C’est la cour qui doit trancher. « C’est au bout d’une zone de connectivité avec le bas de la montagne. Ce sont des endroits que nous ne souhaitons pas du tout développer.
À Saint-Bruno, nous ne sommes pas mal pris au point de vouloir développer dans les boisés. Nous voulons les conserver », insiste M. Grisé Farand.
Selon des analyses commandées par la Ville, 79 % de ce boisé représentait des arbres malades ou morts. Ce que le maire qualifie de « boisé grandement affecté, mais qui demeure un milieu écologique intéressant ».
