L’Alliance prône l’intégrité et les valeurs de Saint-Bruno
Gérer une ville au quotidien et se prononcer sur un dossier en particulier tout en gardant à l’esprit une vue d’ensemble sont des éléments cruciaux qui attendent le nouveau maire à partir du 3 novembre. Joël Boucher, chef de l’Alliance municipale, se dit prêt. Il explique dans cette longue entrevue le mode d’emploi qu’il entend utiliser pour diriger Saint-Bruno.
-Avez-vous en vue un type de gestion que vous voulez appliquer au cours de votre mandat?
Au préalable, il y a des conditions qui sont déjà en place : une équipe avec des compétences multiples et connexes aux champs d’intervention municipale. Une équipe équilibrée de quatre anciens élus qui maîtrisent leurs dossiers et quatre nouveaux. Très rassurant d’avoir Nadia Podtetenev, qui a 14 ans d’expérience comme bénévole au sein du Comité consultatif d’urbanisme (CCU). La seule candidate à Saint-Bruno qui possède ce bagage. Le CCU est le seul comité obligatoire dans toutes les municipalités. Stéphane Corbin sera responsable de la planification stratégique. Il fait ce travail à l’Agence spatiale canadienne. André Besner a été vice-président à la Banque de développement du Canada avec des compétences en finance. Louise Dion est une fonctionnaire du gouvernement provincial. Une équipe solide.
Un autre élément majeur : nous avons un comité de finance composé de citoyens. Je m’engage à aller plus loin en élargissant son mandat et son rôle pour aller chercher des personnes de Saint-Bruno qui ont des compétences majeures accumulées tout au long de leur carrière professionnelle. Leur expérience sera en lien étroit avec la gestion des finances publiques.
-Si vous êtes élu, allez-vous opter davantage pour une gestion administrative semblable à celle de l’entreprise privée?
Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous allons mettre en place une planification stratégique sur 20 ans en interpellant l’ensemble des citoyens et les acteurs importants sur les plans communautaire, économique, sportif et culturel. Dans 20 ans, on présume que le développement sera terminé. Le tout sera réalisé en respectant la capacité de payer des citoyens. Mon rôle est de chercher à répondre à l’ensemble des demandes comme un père de famille peut le faire. Ça va façonner notre gouvernance.
– Plus précisément, opteriez-vous pour une gestion administrative de l’entreprise privée en comparaison à celle d’un gouvernement municipal?
Non, ce sont les valeurs qui nous guident. La direction générale devra prendre en compte nos orientations. Jamais nous ne dépasserons l’inflation. C’est la consigne que nous lui donnerons.
-Si vous deviez énumérer par ordre d’importance les qualités d’un gestionnaire : leadership, audace, consensus, visionnaire, laquelle devrait être en premier?
Ce sont toutes des qualités nécessaires. Spontanément, la première, c’est l’intégrité, ensuite la transparence, et l’équilibre entre les décisions.
-Certains diront que l’intégrité, cela va de soi, non?
Non, cela ne va pas de soi comme on le voit dans l’actualité.
-Vous vous engagez à mettre fin à la présence policière lors des séances du conseil municipal. Était-ce une erreur de l’avoir permise avant?
Pas du tout! Elle était nécessaire, car j’ai vu des choses inacceptables, et ce, sur plusieurs mois. Le maire était toujours en réaction. Il n’a pas instauré cette dynamique conflictuelle. Il y avait un déclencheur. À la suite de la décision d’installer deux caméras qui faisaient bien leur travail, on a constaté que la police n’était plus requise. C’est possible que je me trompe, mais je ne le pense pas. Dès novembre, les caméras sont là pour rester. Elles vont jouer un rôle essentiel pour maintenir un climat harmonieux et s’assurer que les hommes et les femmes qui représentent l’institution sont respectés.
-Votre plateforme s’articule autour de trois thèmes : équilibre, intégrité et expérience. Comment concrètement allez-vous expliciter sur papier la notion d’intégrité? Allez-vous faire appel à un spécialiste en éthique pour vous munir d’un code en ce sens?
L’intégrité est dans la même famille que l’honnêteté. On pourrait demander à un élu d’aller chercher un doctorat en intégrité, ça ne garantit rien. La déclaration d’intégrité, c’est de dire à nos collègues, car je ne les connais pas tous : « Si vous avez des squelettes dans vos placards, c’est tant pis! » Il y a des formations que l’Union des municipalités du Québec offre. J’ose croire que les élus iront. Moi aussi.
-M. Murray s’est engagé à publier un agenda des rencontres qu’il aura en tant que futur maire. Allez-vous faire la même chose?
L’agenda va de soi. Si le promoteur cherche à rencontrer la Ville, il faut qu’il soit inscrit sur la liste des lobbyistes. Oui, pourquoi pas. Un agenda? Je ne sais pas, mais un outil pour que la population sache les noms des gens d’influence qui sont rencontrés par le conseil ou l’organisation municipale.
-Jusqu’à quel point seriez-vous transparent dans un dossier qui soulève une grosse controverse au sein de la population?
Prenons l’exemple du boisé Sabourin. À l’heure actuelle, c’est mené par le Conseil régional en Montérégie (CREM). L’objectif est de créer un consensus entre les principaux propriétaires, les gens qui se soucient d’environnement, les citoyens qui habitent à proximité, et un certain nombre de fonctionnaires. Une fois cet exercice terminé, il se dégage un consensus. C’est la voie à suivre. On le dit dans notre plateforme : tout nouveau développement sera présenté à la population avec ses caractéristiques. C’est un gage de succès. S’il y a une zone humide, on nomme une organisation neutre.
-M. Murray s’engage à permettre à la population d’assister aux réunions des différents comités, mais sans échanger avec les membres. Qu’en pensez-vous?
Contrairement à M. Murray, moi, je siège à plusieurs comités avec des citoyens. Chaque compte rendu devient public par la suite. Que les gens y assistent sans droit de parole, je ne vois pas de différence.
-Si jamais l’on se retrouve avec un conseil où il y a un ou des élus d’opposition, allez-vous leur permettre d’assister aux réunions préparatoires en vue de l’assemblée du conseil?
Nous en avons discuté entre nous. C’est d’ailleurs une orientation que nous allons prendre. Cette personne pourra siéger dans un caucus. On verra par la suite jusqu’à quel point cette personne va démontrer de l’ouverture.
-Diriez-vous que c’était une erreur de n’avoir pas accepté Michèle Archambault lors de vos caucus?
Ça ne pouvait pas être une erreur, car il faut comprendre que lorsqu’on est au pouvoir, on est solidairement et conjointement responsables des décisions qui sont prises. À Québec ou à Ottawa, l’opposition ne participe pas au conseil des ministres pour la simple et bonne raison que lorsqu’on est dans l’opposition, on veut continuer de critiquer le parti qui est au pouvoir. Tu ne peux pas avoir le beurre et l’argent du beurre.
-Quelle serait votre réaction si un de vos élus brisait publiquement votre ligne de parti?
Il faut comprendre qu’en démocratie, ce n’est pas un crime de lèse-majesté! Lorsqu’il y a des réunions préparatoires, les discussions se font en amont. Oui, si parfois on ne partage pas une décision, il faut vivr
e avec, sinon c’est l’anarchie. Qu’un collègue se prononce publiquement avec un inconfort, non, ce n’est pas un crime de lèse-majesté! Dépendamment du contexte, c’est important d’assurer une certaine cohésion.
-Devrait-on limiter à 1, 2 ou 3, le mandat d’un maire?
Je vais consulter ma conjointe! Il y a deux écoles de pensée. Il y a des gens qui sont en faveur de limiter les mandats comme aux États-Unis. Moi, j’ai un inconfort avec ça et je le comprends, car il y a plein de maires qui sont restés trop longtemps. Est-ce à dire qu’on se serait privé d’un Marcel Dulude qui était resté pendant 22 ans?
-Mais on est dans un autre contexte. Saint-Bruno était seule.
Parce qu’on invoque le contexte pour traiter du sujet? Il n’y a plus aucune municipalité qui est seule. Si elle n’est pas dans une agglomération, elle est dans une MRC et les pouvoirs qui sont régionalisés sont les mêmes partout au Québec. Ma position n’est pas encore arrêtée. Je vais être prudent. Je reviens à Marcel Dulude, même si le contexte est différent. Marcel Dulude aurait pu être l’homme de la situation en 2006. La population était visiblement satisfaite. D’imposer une règle pareille, c’est faire fi d’une règle fondamentale en démocratie : les citoyens. Lorsqu’ils prendront une décision dans 4 ans, dans 8 ans, dans 12 ans, c’est à eux que reviendra la décision de choisir.