«Chaque dollar dépensé doit être justifié»
L’aspirant maire et candidat indépendant Pierre Filion persiste et signe : en matière de gestion, les projets menés par Saint-Bruno doivent être rentables. Il dit vouloir réviser les méthodes de travail. Au cours de cette entrevue en compagnie de son porte-parole Marc Turgeon, il était question également d’intégrité et de transparence.
-Quel type de gestion allez-vous appliquer à Saint-Bruno?
Pierre Filion : Nous allons appliquer une gestion administrative avec une vision du long terme. Chaque projet aura une évaluation environnementale et de rentabilité. Nous allons respecter nos engagements. La Commission Charbonneau a changé des choses. Là, on demande à être efficace, efficient. Nous allons faire différemment des autres.
-Quelle différence faites-vous entre une gestion administrative semblable à celle de l’entreprise privée que vous préconisez et la gestion traditionnelle de gouvernement municipal?
PF : L’entreprise fonctionne pour la rentabilité. Nous, en plus de la rentabilité, nous allons tenir compte du choix des citoyens, de la protection de l’environnement et l’intérêt de Saint-Bruno.
Marc Turgeon : Nous avons affaire à deux types d’économie. Le privé et le public sont différents par les implications et le rendement qu’on peut obtenir sur nos ressources. L’entreprise cherche la rentabilité. Dans l’administration publique, il faut pousser plus loin les variables du contexte où elle a ses responsabilités. À ce moment-là, on doit inclure les variables des citoyens, de la protection de l’environnement, de la qualité de vie et j’en passe. Ce sont autant de variables qu’on peut ajouter dans ce que l’on appelle l’étude technico-économique avant de prendre une décision. Il y a une dimension dynamique qu’on doit prendre en compte.
-Parmi vos principaux objectifs, vous vous engagez à redonner à Saint-Bruno son titre de ville la mieux gérée. Comment allez-vous réaliser cet engagement, sachant que la moitié du budget de la Ville est contrôlée par Longueuil?
PF : Le budget est d’environ 60 millions de dollars. Nous allons faire une révision complète des méthodes des différents services de la Ville. Nous allons moderniser nos façons de gérer quotidiennement. Chaque dollar dépensé doit être justifié. Il faut vivre selon nos moyens. Si un projet n’est pas rentable, nous ne serons pas tenus de le faire.
Qu’entendez-vous par revoir les méthodes de travail?
PF : Chacun des services, on pense aux directions des loisirs, des finances, des travaux publics, doit être analysé, chaque projet.
Allez-vous couper dans les dépenses et le personnel ?
PF : Il faut qu’il y ait un contrôle des dépenses. Le nombre d’employés a presque doublé. Est-ce justifié? Je verrai une fois sur place.
MT : La question qui représente le plus gros défi est celle de la croissance et la capacité de payer. Nous avons de moins en moins le contrôle sur notre budget. Il va être de plus en plus difficile d’avoir le contrôle sur notre destinée. On en conclut ceci: pour administrer le futur de Saint-Bruno et avoir le pouvoir de négocier, la grande priorité est d’avoir des gens compétents très forts en administration, très forts en planification, en relation avec les instances comme l’agglomération, la Communauté métropolitaine de Longueuil et le gouvernement. La croissance va venir de toutes parts avec le temps. On pense à l’aéroport. Il y des éléments que nous ne contrôlons pas.
PF : On n’a qu’à penser à tous les problèmes de circulation qui nous entourent et qui ont un impact sur nous.
Quel est votre avis sur la municipalisation de l’aéroport de Saint-Hubert et la possibilité de voir éventuellement, à la lumière de l’étude SECOR, plus de trafic aérien et plus d’impacts sur Saint-Bruno?
PF : Les écoles d’aviation font augmenter le nombre d’avions dans le ciel, alors qu’avec un aéroport international, ça limite le trafic aérien selon des horaires bien définis. Oui, il y a une appréhension au sein de la population, mais en ayant une vocation internationale, le nombre de vols va sûrement diminuer et les écoles de pilotage seraient obligées d’aller ailleurs.
MT : Aéroports de Montréal (ADM) a déjà une licence jusqu’en 2072. Ça peut limiter une partie des vols internationaux. Par la force des choses, peut-être va-t-on axer davantage vers les vols régionaux. C’est un projet politique qui va avoir des incidences énormes. Il faut donc qu’on soit présents et ça nécessite des compétences lors des négociations.
-Si vous deviez énumérer par ordre d’importance les qualités d’un gestionnaire : leadership, audace, consensus, vision, laquelle devrait être en premier ?
PF : Pour moi, toutes ces qualités sont à force égales. Mais si je devais choisir, je mettrais en premier le leadership pour rassembler, vendre ses idées et convaincre. En second lieu, la vision; ensuite la recherche du consensus se fera automatiquement.
-Vous avez déjà été un conseiller. Jusqu’à quel point seriez-vous transparent dans un dossier qui soulève une grosse controverse au sein de la population?
PF : Je tiendrais compte des points de vue de chacun des élus. Je ferais en sorte qu’il n’y ait pas de controverse. J’agirais en amont.
MT : Dans notre programme,on parle d’établir un mécanisme qui va permettre de désamorcer les problèmes ou d’obtenir un consensus possible à différentes étapes. Ce n’est pas lors des séances qu’on va se tirer dessus. C’est graduel. C’est le fondement qu’on préconise.
Allez-vous vous doter d’un code d’éthique et qu’allez-vous mettre dedans?
PF : En tant que membre de l’Ordre des administrateurs agréés, j’avais un code de déontologie que j’ai toujours respecté. Oui, j’aurai un code d’éthique. Aussi, les procès verbaux des assemblées municipales feront écho aux interventions des citoyens. Je m’engage de plus à ce qu’il y ait deux séances de période de questions, une sur l’ordre du jour et une seconde sur différents autres sujets.
En tant que futur maire indépendant, allez-vous permettre que les réunions des comités pléniers soient publiques ?
PF : Ce qui est à huis clos doit le rester. Lorsque viendra le temps de la réunion de l’assemblée publique, l’élu qui est contre un tel projet pourra réagir. Mais tout ça reste théorique.
-Devrait-on limiter à 1, 2 ou 3, le mandat d’un maire?
PF : Mon objectif est de faire un seul mandat. Je verrai par la suite.