Le défi d’une vie politique
La vie municipale était un long fleuve tranquille à Sainte-Julie. Une mairesse élue par acclamation depuis quatre mandats, pas d’opposition et des citoyens qui semblent heureux dans leur ville, en d’autres mots : le rêve pour tout premier magistrat. Pour beaucoup, la question d’un cinquième mandat, d’un sixième ou peut-être même de la fabrication d’un trône à leur effigie ne se poserait même pas.
À l’heure où les réseaux sociaux font la vie dure aux élus en éliminant un à un les représentants du peuple au cuir trop peu épais, trouver le fief de la tranquillité pour un maire ou une mairesse pourrait être la définition du paradis.
Et pourtant, Mme Roy quitte l’Hôtel de Ville de Sainte-Julie!
Depuis 1996, alors qu’elle est élue conseillère municipale, elle n’a cessé de gravir les échelons au fil de 25 ans de vie municipale. En 2005, elle deviendra la première mairesse de Sainte-Julie. Elle occupera le poste de préfète de la MRCde Marguerite-D’Youville et de présidente de l’Union des municipalités du Québec (UMQ).
Après un quart de siècle en politique municipale, Mme Roy « a fait le tour du jardin », a-t-elle indiqué lors de l’annonce de son retrait de la vie politique municipale. On peut croire qu’en plus d’avoir fait le tour du jardin, elle a aussi eu le temps d’en refaire tout le paysagement, ou encore d’aller discuter avec d’autres jardiniers ayant des terrains de jeu plus étendus.
Mais parfois, rien de mieux que de prendre un peu de recul pour trouver l’inspiration. Se retirer ainsi de la vie politique municipale au sommet de sa gloire, en laissant la place à d’autres, reste un geste rare et à souligner.
Mais après 25 ans de politique, peut-on s’arrêter là tout en étant en forme pour mener de nouveaux combats? Poser la question, ce n’est pas forcément y répondre, car on oublie souvent la vie privée qu’ont nos élus. Ces hommes et ces femmes ne sont pas différents des citoyens qu’ils administrent même si l’on a souvent tendance à l’oublier.
Mme Roy a annoncé vouloir prendre du temps pour profiter de son tout récent statut de jeune grand-mère. Lors de son annonce pour dire qu’elle ne briguerait pas un nouveau mandat de mairesse, elle a remercié ses enfants, son mari. La famille est un élément à prendre en considération, qui que nous soyons.
Mais quand même, après un parcours de 25 ans en politique avec une belle popularité, cela ne tenterait pas notre mairesse de regarder du côté de Québec ou d’Ottawa?
Une aventure fédérale, c’est peut-être trop de trajet pour une mairesse qui a assuré à ses citoyens qu’elle resterait toujours proche d’eux. Les sirènes de la politique provinciale, par contre, pourraient faire beaucoup plus de bruit. La machine à rumeurs est d’ailleurs déjà en marche et elle envoie Mme Roy dans l’équipe de François Legault, à la CAQ, pour les élections provinciales d’octobre 2022. Mais il paraît, selon Mme Roy, que ce ne sont que des rumeurs, même si elle ne rejette pas du revers de la main les suppositions.
Mais imaginons…
Octobre 2022, cela lui laisserait un an pour souffler un peu et se confectionner un tailleur sur mesure pour l’Assemblée nationale. De plus, il n’est pas incongru de penser que Mme Roy serait une bonne prise pour n’importe quel parti politique à Québec. Une tellement bonne recrue que l’on pourrait lui promettre un poste de ministre dans un parti qui a toutes ses chances de former le gouvernement aux prochaines élections provinciales dans un an.
Mais ce ne sont que des suppositions…