Pénurie de main-d’oeuvre: le secteur manufacturier fortement touché

50Les entreprises manufacturières de la Montérégie manquent de travailleurs pour combler les postes offerts: les travailleurs peuvent désormais magasiner l’emploi qui leur convient le mieux.

Avec des assurances collectives, des emplois de plus en plus automatisés, des milieux de travail qui offrent parfois des installations spéciales telles que des piscines, des centres sportifs ou des arénas à même l’usine et des formations de perfectionnement données par l’entreprise, le milieu manufacturier semble être un endroit idéal pour travailler. Pourtant, la majorité des usines des quartiers industriels de la région manquent de bras. La cause? La pénurie de main-d’œuvre qui frappe la province. 

Véronique Proulx est la présidente-directrice générale de Manufacturiers et exportateurs du Québec. Elle indique qu’au début de la pandémie de COVID-19, les entreprises qu’elle représente craignaient pour leurs activités. Mais plutôt que de diminuer, la demande pour les produits manufacturiers a augmenté. 

Meilleures conditions

Les entreprises font donc des investissements pour améliorer leur capacité de production, mais sans travailleurs pour grandir, les sommes dépensées ne servent à rien. Mme Proulx considère donc que pour avoir davantage de personnel, la partie dont sont responsables les entreprises a été respectée. « Le salaire moyen dans les entreprises manufacturières est de 28$ l’heure et elles offrent souvent des possibilités d’avancement et de formation. »

La PDG croit que le gouvernement provincial investit de bonnes sommes d’argent pour aider les entreprises, mais que la balle est désormais dans le camp des municipalités, qui doivent mettre en place un cadre adéquat pour permettre aux employés du secteur manufacturier d’être attirés dans la région. « Ils doivent pouvoir se loger de façon abordable, en plus d’avoir accès à des infrastructures de transport adéquates pour que les déplacements vers les lieux de travail se fassent aisément et que l’accès aux services doit être possible. »

Personnel plus exigeant

À l’entreprise de gestion de personnel 10-04, dirigée par le Grandbasilois Daniel Leclerc, même si le réseau de contacts pour trouver des travailleurs est développé depuis plusieurs années, la période actuelle est très difficile. 

Les clients de 10-04 sont principalement des entreprises du secteur industriel,  dont plusieurs se trouvent à Saint-Bruno et ses environs.  « Nous sommes confrontés nous-mêmes à cette pénurie de main-d’œuvre. Les employés sont de plus en plus exigeants, très demandés et vont chercher des salaires plus avantageux ou une situation géographique meilleure avant de saisir une opportunité, ce qui n’était pas le cas aussi fréquemment avant la pandémie », dit Philippe Baram, directeur de l’un des bureaux de l’entreprise. 

« L’année dernière, le nombre d’immigrants était de seulement 25 000 contre 43 000 à 45 000 pour des années régulières »

-Daniel Côté

En plus d’avoir de la difficulté à recruter des employés pour combler les différentes offres d’emploi créées par les clients que dessert 10-04, M. Baram indique que « désormais, même des clients qui offrent d’excellents salaires ont de la difficulté à trouver du personnel et même si le salaire et les avantages sont bons, les travailleurs veulent souvent travailler à environ 30 minutes de transport de leur domicile, ce qui fait que la plupart des postes sont difficiles à combler. » Il indique que le manque de personnel est à un tel niveau que certaines agences de placement vont jusqu’à voler les employés d’autres agences. 

Le municipal répond

Pour le président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Gaspé, Daniel Côté, le palier municipal peut aider à cibler les besoins de main-d’œuvre. Il croit également que le rôle de l’UMQ est de mettre de la pression sur le gouvernement du Québec pour atteindre divers objectifs, tels que l’augmentation du nombre d’immigrants qui entrent à chaque année dans la province. « L’année dernière, le Québec a eu autant de travailleurs qui sont partis à retraite que les années précédentes, mais le nombre d’immigrants était de seulement 25 000 contre 43 000 à 45 000 pour des années régulières », dit M. Côté. 

Cette diminution drastique pour la période pandémique a aggravé la situation que vivaient les entreprises. Ainsi, pour le président de l’UMQ, il faut que le gouvernement provincial s’assure que les immigrants viennent en grand nombre dans la province, mais surtout qu’ils saisissent l’opportunité de venir s’y établir sur le long-terme. 

Comment le manque de main-d’œuvre vous affecte-t-il dans votre vie de tous les jours?